
Par un matin splendide de mai, je me suis rendu à Parry Sound, en Ontario, en compagnie d’une petite délégation chargée de représenter le Collège et l’École de médecine du Nord de l’Ontario (ÉMNO). Notre but était de décerner la Certification en médecine familiale à Dr Aaron Higgins, à titre posthume, lors d’une cérémonie organisée pour sa famille, ses amis et ses collègues.
Dr Higgins a reçu un diagnostic de cancer alors qu’il était résident à l’Université du Manitoba, à Winnipeg. Avec courage et persévérance, il a poursuivi son programme malgré l’opération et les traitements qui ont suivi. Il a enfin choisi de terminer sa résidence dans le programme de l’ÉMNO, à Parry Sound, afin d’être plus près de sa famille et des soins médicaux continus dont il avait besoin. Il est décédé vers la fin de sa résidence, juste avant les examens finaux.
La requête de l’ÉMNO — que le Conseil du Collège envisage d’accorder la certification posthume — est sans précédent pour notre organisation. Les membres du personnel du Collège se sont renseignés sur les pratiques qui ont cours dans d’autres établissements, y compris au Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Avec ces renseignements ainsi que les données attestant le succès de Dr Higgins dans son programme, le Conseil a approuvé à l’unanimité que la Certification lui soit accordée.
La cérémonie s’est déroulée dans la magnifique salle du conseil du Centre de santé de l’Ouest de Parry Sound. Le calendrier des interventions chirurgicales de l’hôpital avait été ajusté pour permettre au personnel médical d’y assister. Plusieurs collègues de Dr Higgins se sont relayés pour décrire ses accomplissements et son parcours personnel, y compris Dre Cathy Cervin, doyenne associée à la formation médicale de l’ÉMNO. En tant que président, mon rôle était de présenter officiellement la Certification à la femme d’Aaron, Jennifer. Ce faisant, j’ai tenu à rappeler au groupe qu’il ne s’agissait ni d’une désignation honoraire ni d’un geste de reconnaissance motivé par la compassion, mais bien d’une véritable certification. Dr Higgins a mérité cette importante désignation au même titre que tous ses collègues diplômés et que tous les titulaires de la certification de notre Collège.
Ce fut un moment très émouvant. Nous étions affligés de la perte de ce jeune médecin, ce mari, ce fils et ce père, qui nous a quittés trop tôt. Et pourtant, cette tristesse était enveloppée du sentiment de joie et fierté qui règne dans toute collation des grades.
Pour ma part, mes pensées me ramènent souvent à cet évènement, et je songe alors à ce que cela signifie, devenir médecin de famille. La résidence a pour but de préparer les diplômés à commencer l’exercice de la médecine dans toute communauté au Canada. La médecine familiale est une discipline vaste ; notre pratique est inévitablement façonnée par les besoins de la communauté et des patients que nous servons.
Les premières années sont une étape cruciale pour l’évolution de la pratique. Après la partie plus formelle de la cérémonie organisée pour Dr Higgins, j’ai eu l’occasion de parler à quelques-uns des médecins présents. Il y avait parmi eux une nouvelle diplômée du programme de médecine familiale de l’Université de Montréal, au Québec, recrutée pour travailler auprès des patients hospitalisés. Peu après son arrivée, en raison de départs à la retraite et en congé de maternité, le service d’urgence s’est retrouvé aux prises avec une pénurie de médecins. Ses nouveaux collègues ont sollicité son aide. Au début, elle éprouvait quelques réserves : elle a souligné qu’elle n’avait pas entrepris un programme de troisième année en médecine d’urgence. Mais, encouragée par ses collègues expérimentés, qui lui ont promis de l’épauler, elle a accepté de venir en renfort. Elle m’a raconté, avec une fierté réservée, comment les choses avaient finalement bien tourné. La raison, selon elle : « Les médecins de cet hôpital, ils sont là pour me soutenir. »
J’ai rencontré les parents d’Aaron. Son père, Dr Tom Higgins, a été médecin de famille à Parry Sound pendant 37 ans. Il est difficile d’imaginer l’immensité du deuil qu’il vit, mais ce jour-là, on pouvait sentir à quel point il était fier que son fils l’ait rejoint au rang des titulaires de la Certification en médecine famille.
Parmi les incroyables privilèges de la présidence, j’ai la chance de rencontrer des médecins de famille de toutes les collectivités de notre pays. Les membres de notre Collège sont conscients, au plus profond d’eux-mêmes, de la confiance que nous porte la population canadienne et de l’estime qu’inspire notre engagement à maintenir des normes élevées pour la certification grâce à l’apprentissage permanent. De plus, ils ont à cœur notre mission de répondre aux besoins en santé de nos patients et de nos communautés.
Dr Pravinsagar Mehta, Médecin de famille de l’année en 2016, a vraiment su trouver les mots justes pour décrire l’importance de la certification : « Le Collège est reconnu sur les scènes nationale et internationale. Peu importe où je vais dans le monde, je peux dire “Je suis certifié du Collège des médecins de famille du Canada” [...]. Si vous dites que vous faites partie du Collège des médecins de famille du Canada, nul besoin d’en dire plus. »1
Footnotes
This article is also in English on page 573.
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Référence
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