Les Dres Gallagher et Hatcher font abstraction des milliers de décès évitables de Canadiens chaque année en les qualifiant de « décès reliés aux opioïdes illicites »1,2, ce qui dénigre les victimes de la crise des opioïdes et fait dévier le blâme. Des gens meurent après avoir utilisé des opioïdes prescrits par leurs médecins. Il n’y a pas d’explication plausible de la hausse massive des décès reliés aux opioïdes depuis les années 1990, exception faite de l’augmentation soutenue de la prescription d’opioïdes3,4. La diffusion de désinformation à propos des opioïdes, comme la prétention que les médecins pourraient « éliminer les toxicomanes » avec les nouveaux produits opioïdes, était l’activité illicite avouée à l’origine de ces décès5–9.
Purdue Pharma a payé le Dr Brian Goldman pour diffuser des renseignements à propos des opioïdes avant qu’il décide d’arrêter de le faire et d’avertir les autres de l’inévitabilité d’un « biais corporatif »10,11. Le saupoudrage rédigé par les Dres Gallagher et Hatcher encourage la prescription de produits à fortes doses, comme les capsules d’oxycodone à 80 mg et d’hydromorphone à 30 mg, qui sont vendues par la compagnie qui les rémunère.
Les Dres Hatcher et Gallagher affirment à tort que les recommandations des lignes directrices au sujet des doses d’opioïdes inférieures à 50 et 90 mg d’équivalent de morphine par jour « se fondent sur la présentation d’une affiche (plutôt que sur un ouvrage publié) »1. Les lignes directrices citent plus de 20 études publiées à l’appui de ces recommandations12–34. Les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis recommandent les mêmes posologies35–37. Les données accessibles sur les bienfaits et les risques ne préconisent pas la prescription de produits qui fournissent 240 ou 300 mg d’équivalent de morphine par jour, comme ceux vendus par Purdue Pharma.
Les Dres Hatcher et Gallagher omettent aussi de reconnaître que la réduction des prescriptions, comme elle a été recommandée dans les lignes directrices, peut sauver des vies et réduire les souffrances. Elles n’envisagent aucun bienfait émanant des lignes directrices, mais l’imagination galope lorsqu’on fabule que des préjudices se produiront, comme la privation d’opioïdes pour « plus de la moitié de la population »1 et les demandes d’euthanasie à cause des recommandations des lignes directrices1.
Au lieu de concocter de bizarres applications inappropriées des lignes directrices par les cliniciens et les responsables de la réglementation, mes collègues auraient dû considérer ce que veut la société pour freiner les prescriptions abusives d’opioïdes. La stratégie fédérale de lutte contre les opioïdes précède l’élaboration des lignes directrices : « Le nombre croissant de surdoses et de décès causés par les opioïdes… est une urgence en santé publique »38.
Lorsque la crise des opioïdes sera terminée, nous nous demanderons pourquoi il a fallu tant de temps pour réduire les prescriptions d’opioïdes. Pour l’instant, 2 médecins qui reçoivent une rémunération d’une entreprise qui a dupé les médecins au sujet des opioïdes peuvent éminemment critiquer des lignes directrices qui ne recommandent que de modestes réductions dans les prescriptions pour la douleur chronique non cancéreuse.
Footnotes
Intérêts concurrents
Le Dr Persaud était membre ayant droit de vote au sein du panel chargé des Recommandations canadiennes 2017 sur l’utilisation des opioïdes pour le traitement de la douleur chronique non cancéreuse. Il effectue des recherches financées par les Instituts de recherche en santé du Canada, Santé Canada, l’Unité de soutien de la SRAP de l’Ontario et le gouvernement de l’Ontario. Il est aussi rédacteur associé du CMAJ. Il a antérieurement été financé par une bourse de recherche Graham Farquharson sur la transposition des connaissances de Physician Services Incorporated.
The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the February 2018 issue on page e59.
Ces réfutations sont les réponses des auteurs des débats dans le numéro de février (Can Fam Physician 2018;64:101–4 [ang], 105–9 [fr]).
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