
L’environnement occupe une place prépondérante dans nos sociétés. Quotidiennement, on parle des maux affligeant notre planète : les émissions en dioxyde de carbone, les gaz à effet de serre, l’augmentation de la température, la fonte des calottes glaciaires et du pergélisol, la disparition des glaciers, l’augmentation du niveau des mers, la contamination des eaux, les marées de plastique, la destruction des écosystèmes, l’abattage des forêts, le remplissage des marais, les ravages des pesticides, la décimation des abeilles, la disparition de milliers d’espèces animales et végétales. À ces fléaux s’ajoutent les catastrophes naturelles d’une ampleur invraisemblable qui font la manchette : les inondations printanières qui engloutissent les plaines et les zones habitées. Les vagues de chaleur estivales qui s’abattent sur nos régions, rendant les villes suffocantes et emportant bon nombre de personnes vulnérables. Les incendies qui détruisent des forêts entières brûlant quartiers et villes qui s’y trouvent. Les ouragans, tornades, typhons d’une puissance incroyable ravageant tout sur leur passage.
Des préoccupations environnementales se manifestent
Comment peut-on imaginer que certains puissent encore être climato-sceptiques? Sont-ils tout simplement climato-ignorants, du genre ignorance crasse? Ou climato-apathiques, du genre « je m’en foutisse », tant que ça ne les touche pas, ça n’existe pas. À moins qu’ils ne soient plutôt climato-nihilistes, étant uniquement préoccupés par le développement économique : au diable l’environnement, pourvu que l’économie tourne et que l’argent abonde, même s’il faut pour cela rendre notre monde invivable d’ici une cinquantaine d’années. À cet égard, la lecture du Rapport spécial du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat sur le réchauffement planétaire de 1,5 °C à l’intention des décideurs mérite certainement qu’on s’y attarde1.
Heureusement, de plus en plus d’individus se préoccupent des questions environnementales. On note l’émergence dans plusieurs pays de groupes et d’organisations sociopolitiques, voués exclusivement ou principalement à la défense de l’environnement. Cette préoccupation se manifeste aussi dans la population. Durant la semaine du 20 au 27 septembre 2019, on a estimé que 6 à 7,6 millions de personnes à travers le monde ont participé aux manifestations en faveur de l’environnement. Au Canada, en marge du phénomène Greta Thunberg, des marches ont eu lieu dans quelque 85 villes. Approximativement 2 millions de personnes ont participé à ces mouvements, dont quelque 350 000 à 500 000 personnes à Montréal2,3.
Que peut-on faire?
Face à ce phénomène, les médecins de famille ont-ils un rôle à jouer? Il peut sembler bizarre de se poser cette question, en sachant qu’en 2009, le Lancet annonçait que les changements climatiques étaient la plus grande menace qui pesait sur la survie de l’humanité4.
Je constate que plusieurs médecins de famille sont préoccupés par ces questions et agissent en conséquence, par exemple, certains se rendent au travail en vélo, même l’hiver, d’autres s’intéressent aux transports en commun ou troquent leur véhicule énergivore pour une voiture électrique. La récupération fait maintenant partie du quotidien. Certains collègues ont même diminué leur consommation de viande rouge, certains devenant végétariens ou végétaliens. D’autres soutiennent les actions d’organismes environnementaux comme Greenpeace et font circuler et signer leurs pétitions. Toutefois, la plupart de ces initiatives sont le propre de personnes conscientisées et engagées, et non pas l’apanage de la médecine de famille5,6.
Alors, que peuvent faire les médecins de famille pour sauver la planète? Certes, nous pouvons adhérer à l’Association canadienne des médecins pour l’environnement7, devenir des modèles de rôle à la défense de l’environnement, mais force est de reconnaître que cela n’est pas très spécifique à la médecine de famille. Parmi les exemples de ce que nous faisons au Médecin de famille canadien figure l’exploration de solutions de rechange sans plastique à l’emballage biodégradable dans lequel la revue est postée.
Je lance un appel à tous : que pouvons-nous faire, en tant que communauté de la médecine familiale dans son ensemble, pour nous engager davantage dans la lutte contre les changements climatiques et préserver notre planète?
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