Dre Shirley Schipper a été nommée 66e présidente du Collège des médecins de famille du Canada (CMFC) le 1er novembre 2019 au Forum en médecine familiale à Vancouver, en Colombie-Britannique.
Lorsque j’étais enfant, à Edmonton, en Alberta, mon intérêt pour la science a germé en partie grâce à mon père. Je me souviens de l’observer pratiquer son métier de vétérinaire spécialisé pour les gros animaux. Un jour, quand j’avais environ 6 ans, il m’a fait anesthésier un lapin de compagnie dans notre cour arrière avant de procéder à la castration. J’ai aussi été fascinée de voir les entrailles de chevaux et de vaches lors de visites au laboratoire de pathologie animale.
Pendant mes études prédoctorales, j’ai envisagé diverses carrières en soins de santé. Ma tante Anna (une infirmière et un modèle important pour moi) m’a encouragée à aller en médecine. Mon père souffrait d’une maladie cardiaque et je l’ai vu cheminer dans notre système de santé avec une maladie chronique et invalidante. Je voulais faire de la recherche en cardiologie et aider d’une quelconque façon.
Pendant mes études en médecine à l’Université de l’Alberta, j’ai d’abord pensé devenir chirurgienne — jusqu’à ce que je fasse mes stages en médecine de famille en milieu rural. J’ai constaté la complexité, les relations et le vaste champ de pratique de notre spécialité. Certains de mes meilleurs et plus heureux professeurs étaient médecins de famille.
J’ai commencé à m’impliquer dans l’éducation en médecine de famille quand j’étais résidente à l’Université de l’Alberta. Mes collègues et moi étions convaincus que les représentants de l’industrie pharmaceutique et des soins de santé avaient trop d’influence sur ce qui était enseigné; notre programme a revendiqué un meilleur contrôle sur le cursus. Une invitation à me joindre à une équipe d’agrément dirigée par la Dre Allyn Walsh a contribué à mon intérêt croissant pour l’éducation et la médecine universitaire.
Après avoir terminé ma résidence en 2001, Dr Rick Spooner (président du CMFC en 1994–1995) m’a invitée à me joindre à une clinique d’enseignement à Edmonton. L’enseignement est devenu l’une de mes activités préférées. Je suis entrée au Département de médecine de famille de l’Université de l’Alberta d’abord comme directrice de site, puis comme directrice des études postdoctorales. Je suis maintenant vice-doyenne de l’éducation à la Faculté de médecine et de dentisterie. Je m’intéresse notamment à l’encadrement du corps professoral, à l’élaboration de programmes d’études et de programmes de développement professionnel, ainsi qu’à l’éducation et à l’évaluation axées sur les compétences.
Trouver un équilibre entre mon travail clinique et l’éducation a grandement contribué à mon bien-être en tant que médecin. Il est bien connu que le fait de travailler dans des contextes cliniques variés ou d’avoir des champs de pratique différents, favorise le bien-être des cliniciens. Lorsque vous travaillez avec des étudiants enthousiastes qui sont emballés à l’idée de devenir médecins, cela vous rappelle pourquoi vous avez aussi fait ce choix. Je considère l’enseignement et le leadership comme faisant partie de mon champ de pratique.
Dans ma vie personnelle, mon conjoint, Tim Nerdahl, et moi avons deux filles, Casey (13 ans) et Claire (12 ans), et toute une ménagerie d’animaux domestiques. Je suis reconnaissante des nombreuses occasions que mon travail avec le CMFC m’a procurées. J’ai siégé à plusieurs comités du Collège dans les domaines de l’éducation, de la certification et de l’agrément. J’ai beaucoup aimé occuper le poste d’administratrice générale au Conseil d’administration du CMFC de 2016 à 2017 et de présidente désignée de 2018 à 2019. En tant que présidente du CMFC, j’espère faire progresser les discussions sur des questions comme le bien-être des médecins et le déséquilibre entre le nombre de femmes en médecine de famille et le nombre relativement peu élevé de femmes qui occupent des postes de direction dans le secteur au Canada.
Je m’inquiète aussi du fait que de nombreux médecins de famille estiment que notre profession est dévalorisée, en partie à cause de l’engagement croissant d’autres professions de la santé envers le public et parce que certains politiciens croient que d’autres prestataires peuvent accomplir une grande partie, ou la totalité, de notre travail. Je travaille étroitement avec des infirmières et des infirmières praticiennes de l’Alberta et je les apprécie beaucoup; cependant, dans quelques provinces, certains professionnels de la santé ont créé des cliniques indépendantes et prétendent offrir des soins de meilleure qualité et plus accessibles que les médecins de famille.
C’est certainement menaçant pour les médecins de famille qui offrent d’excellents soins et qui croient que nous avons quelque chose de spécial à offrir à nos patients — des soins complets, globaux et continus dans le contexte d’une médecine fondée sur les relations. Je pense que les patients sont du même avis.
J’ai hâte de discuter avec mes collègues de partout au Canada cette année de l’état actuel de la médecine de famille et de son avenir.
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