
Chers collègues,
Le Collège de médecine générale du Canada a vu le jour en 1954, à une époque où la menace planait sur la pratique générale. Les normes en matière de soins et la perte de prestige auprès des étudiants en médecine et du public suscitaient l’inquiétude, au moment où les autres spécialités gagnaient de l’ampleur. Le Collège, d’abord affilié à la section de pratique générale de l’Association médicale canadienne (fondée en 1948), avait été calqué sur le Collège Royal (fondé en 1929). Au début des années 60, malgré de vifs débats, le Conseil d’administration du CMFC a souscrit au « principe de une formation avancée en médecine générale qui mènerait à une qualification supérieure à celle [exigée auparavant] des membres ordinaires du Collège1 ». En 1966, les deux premiers programmes de résidence en médecine familiale ont été créés. Le premier examen de Certification en médecine familiale a eu lieu en 1969, et en 1971, la première visite d’agrément. En 1974, toutes les facultés de médecine avaient un programme de résidence en médecine familiale, et « en 1992, la résidence [...] était considérée comme la meilleure voie d’accès à la pratique de médecine familiale1. »
J’ai choisi le voie de la résidence alors qu’il existait encore différentes façons d’accéder à la pratique générale ou à la médecine familiale, la plus commune étant l’internat rotatoire. Avec l’arrivée de la certification, on sentait une réelle volonté d’atteindre un certain niveau d’excellence, même si ce n’était pas encore obligatoire. C’est un sentiment que partageaient les 13 médecins de famille qui ont été les premiers à passer l’Examen de certification. De nos jours, la Fédération des ordres des médecins du Canada considère la Certification du CMFC comme la norme canadienne en médecine de famille. Dans la plupart des provinces et territoires, les médecins de famille doivent posséder la certification pour obtenir un permis d’exercice complet et sans restriction.
Lorsqu’on parle de certification, on pense surtout à l’examen, mais ce n’est qu’un des facteurs. La majorité des candidats sont issus de la résidence en médecine de famille. Pour qu’un candidat soit admis à l’examen, son directeur de programme doit confirmer par écrit qu’il a satisfait à tous les critères pédagogiques du programme de résidence. Avec la mise en oeuvre du Cursus Triple C — le premier cursus de formation axé sur le développement des compétences au Canada—, nous avons un processus plus rigoureux pour concevoir des programmes et évaluer les résidents en milieu de travail.
L’Examen de certification emploie divers outils qui ont évolué au même rythme que les meilleures pratiques et les connaissances en psychométrie. Le format actuel comprend deux volets : les simulations cliniques écrites abrégées (SAMP) et les entrevues médicales simulées (EMS). Après l’intégration en 1982 des SAMP à l’Examen de compétence spéciale en médecine d’urgence, elles ont très vite été adaptées à l’examen en médecine familiale. À l’aide d’une approche basée sur des éléments clés, les SAMP mettent à l’épreuve la capacité du candidat à se rappeler ses connaissances factuelles, à résoudre des problèmes et à utiliser son sens critique2,3. L’évaluation psychométrique et le suivi ont permis d’attester leur validité et leur fiabilité. Les EMS sont le seul instrument de l’examen de 1969 qui subsiste4. S’appuyant sur la méthode clinique centrée sur le patient, cet instrument d’évaluation reconnu comme étant valide et fiable4 teste les habiletés de communication du médecin au patient. En 2016, une évaluation externe de l’examen a réitéré leur valeur et a jugé que ses paramètres psychométriques étaient satisfaisants.
En 2018, 1677 candidats ont passé l’Examen. Sur les 43 937 candidats depuis 1969, 36 499 l’ont réussi : un taux de succès de 83 %. Sur 34 535 candidats admissibles par la voie de la résidence, 30 614 (89 %) ont réussi l’examen, contre 5885 candidats admissibles par la voie de la pratique sur 9402 (63 %).
L’examen en médecine d’urgence a été offert pour la première fois en 1982, avec 83 candidats la première année (79 admissibles par la voie de la pratique ; quatre par la voie de la résidence). L’année dernière, nous avons accueilli 237 candidats (114 par la voie de la pratique ; 123 par la voie de la résidence). Depuis le premier examen, 3934 candidats sur 4902 (80 %) l’ont réussi (92 % admissibles par la voie de la résidence ; 65 % par la voie de la pratique).
En collaboration avec nos collègues du Collège royal et les départements de médecine de famille, nous nous efforçons d’évaluer les compétences et d’inculquer l’excellence. Pour les candidats en 2019, la désignation signifie qu’ils ont eu une formation ou une expérience de la pratique conforme à la mission, à la vision et aux valeurs du CMFC ; que leur évaluation est jugée acceptable par le CMFC ; qu’ils ont atteint le niveau de compétence requis selon les critères du CMFC ; et qu’ils sont prêts à maintenir activement leur certification.
En ce 50e anniversaire de la certification, nous avons toutes les raisons d’être fiers de ce que nous avons accompli. À l’avenir, nous espérons renforcer l’évaluation afin d’améliorer le pouvoir décisionnel concernant la certification, en particulier pour les candidats à la limite de l’échec. Nous comptons aussi collaborer avec d’autres instances normatives pour atteindre l’excellence en matière d’évaluation et continuer de valider, grâce à un processus de certification rigoureux, les compétences dont vous faites si bien profiter les petites et grandes communautés.
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