
Recommandation 4 pour la médecine familiale
Recommandation 9 pour les infirmières praticiennes
Recommandation 2 pour la pathologie
Recommandation 6 pour l’obstétrique et la gynécologie
Ne pas soumettre les femmes de moins de 21 ans ou de plus de 69 ans aux examens de dépistage par tests de Papanicolaou.
Quels outils ou stratégies de prise de décisions partagée sont utilisés dans votre pratique concernant cette recommandation?
Dans une clinique de médecine familiale achalandée, il peut être difficile de faire le suivi de tous les tests de dépistage à faire subir. Parce que je travaille comme remplaçante, je n’ai pas de contrôle sur les outils de pratique individuels qui servent à amorcer la discussion entourant le dépistage du cancer du col. Certaines cliniques utilisent un outil de rappel dans le dossier médical électronique pour indiquer les divers examens de dépistage arrivés à échéance, et d’autres ont un simple rappel sur le dessus du dossier des patientes. Certaines cliniques produisent un rapport qui mentionne les tests de dépistage requis chez les patientes de la journée, et d’autres ont une affiche qui rappelle aux patientes de prendre rendez-vous pour leur test de Pap. J’ai pris l’habitude de soulever la question du dépistage du cancer du col presque chaque fois que je vois une patiente admissible. Je suis particulièrement incitée à mentionner ce sujet durant les visites motivées par un problème gynécologique ou de santé sexuelle, s’il y a assez de temps, lorsque la patiente a des questions sur le maintien de sa santé ou si elle a consulté plusieurs fois pour des problèmes complexes de santé qui pourraient avoir fait oublier, à elle et à son médecin, les dépistages systématiques. Je soulève aussi cette question avec les patientes qui consultent rarement.
Il ne faut souvent que quelques minutes pour étudier la nécessité du dépistage du cancer du col et le moment favorable. La réponse de la patiente à la question « Quand avez-vous eu votre dernier test de Pap? » révèle d’importantes informations. Certaines patientes vous diront qu’elles le subissent à intervalles réguliers, et pourquoi elles le font; qu’elles ont tardé à le subir; qu’elles n’en ont plus besoin; ou qu’elles évitent de le subir. Ces réponses à la question sont un tremplin pour explorer leur compréhension des recommandations, leurs valeurs, leurs préférences et leurs expériences (positives ou négatives) du dépistage du cancer du col.
Les ressources qui concordent le mieux avec les conversations que j’ai avec les patientes sont les lignes directrices sur le dépistage du cancer du col en Nouvelle-Écosse1, de même que les lignes directrices et les outils à l’intention des patientes du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs2.
Quelles difficultés ou satisfactions la prise de décisions partagée concernant cette question apporte-t-elle?
La principale difficulté est d’aider les patientes à « désapprendre » les conseils qu’on leur a donnés. En travaillant comme remplaçante, je vois différents styles de pratique, et je navigue souvent dans une prise de décisions partagée avec des patientes que je ne connais pas. Certains cliniciens ont dit à leurs patientes qu’elles avaient besoin d’un test de Pap tous les ans, même si elles n’avaient pas d’antécédents d’anomalies, si elles n’avaient pas de col (hystérectomie pour causes bénignes), ou si elles n’appartenaient plus à la tranche d’âge indiquée. De nombreuses femmes se sentent responsabilisées si elles subissent un test de Pap chaque année. Il est satisfaisant d’explorer la philosophie des patientes et leurs valeurs entourant leur santé. De nombreuses personnes ont l’impression d’être validées lorsque leurs raisons pour éviter un examen sont reconnues, et elles se sentent soutenues lorsqu’une décision conjointe est prise sur la façon de procéder. Je crois que les patientes acceptent bien les lignes directrices sur le dépistage du cancer du col lorsqu’elles comprennent la justification pour la tranche d’âge et l’intervalle entre les tests. Souvent, les patientes sont soulagées de convenir qu’elles n’ont plus besoin d’un test de Pap annuel ou d’aucun test de Pap!
Pourquoi la prise de décisions partagée concernant cette recommandation de Choisir avec soin ou cette question clinique en particulier est-elle essentielle pour vous?
Partager ses connaissances sur les risques et les bienfaits du dépistage, tout en tenant compte des préférences et des valeurs des patientes, établit une alliance thérapeutique, responsabilise les patientes et accroît l’observance. La prise de décisions partagée concernant les soins préventifs donne l’occasion de se concentrer sur le bien-être plutôt que sur la maladie. Le dépistage du cancer du col requiert un examen intime susceptible de causer de la détresse, en particulier chez les personnes transgenres, les femmes post-ménopausées et celles qui ont subi des traumatismes. La découverte d’un terrain d’entente et le partage de la décision concernant le dépistage renforcent la confiance, ce qui est essentiel pour exercer de la bonne médecine, et aider les patientes à se sentir éduquées, valorisées et responsabilisées.
Notes
Choisir avec soin Canada est une campagne visant à aider les cliniciens et les patients à entamer des conversations à propos des examens, des traitements et des interventions inutiles, de même qu’à faire des choix judicieux et efficaces pour assurer des soins de grande qualité. Jusqu’à présent, 13 recommandations concernent la médecine familiale, mais de nombreuses recommandations touchant d’autres spécialités sont aussi pertinentes à la médecine familiale. Dans chacune des parutions de la série sur Choisir avec soin Canada dans Le Médecin de famille canadien, un médecin de famille est interviewé sur les outils et les stratégies qu’il ou elle a utilisés pour mettre en œuvre l’une des recommandations et amorcer la prise de décisions partagée avec les patients. Ces entrevues sont préparées par la Dre Kimberly Wintemute, codirigeante des soins primaires, et Hayley Thompson, coordonnatrice de projet pour Choisir avec soin Canada.
Footnotes
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The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the May 2019 issue on page 339.
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