
Les médecins de famille et les organismes de soins de santé surveillent les tendances en santé mentale depuis le début de la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). Parmi celles-ci, on peut citer le fait que certains patients tardent à consulter un médecin pour des besoins existants ou ont de la difficulté à le faire de façon virtuelle. On retrouve aussi de nouveaux problèmes de santé provoqués par des sentiments accrus d’isolement, d’anxiété et de peur. Dans un sondage canadien publié cet été, 84 % des personnes interrogées ont indiqué que leur santé mentale s’était détériorée pendant la pandémie1.
Devant de telles données inquiétantes, des témoignages sur les efforts en cours pour améliorer les soins de santé mentale dans notre pays peuvent être une source d’inspiration et d’espoir. Je suis ravie d’annoncer que le CMFC publiera cet automne un nouveau numéro de la série Innovation en soins primaires, élaboré en collaboration avec l’Association des psychiatres du Canada et la Société canadienne de psychologie2. Il met l’accent sur les efforts uniques déployés au Canada qui démontrent comment la collaboration interprofessionnelle peut améliorer l’accès aux soins de santé mentale et la santé des patients.
Nous savons que lorsque les patients cherchent des soins en santé mentale, les médecins de famille sont souvent leur premier point de contact avec le système de soins de santé3. Cependant, de nombreux médecins de famille ont indiqué qu’ils n’ont pas la confiance et l’expertise nécessaires pour traiter et prendre en charge les patients souffrant de problèmes de santé mentale4. Une approche interdisciplinaire des soins, grâce à l’effort combiné des médecins de famille, des psychiatres, des psychologues et d’autres professionnels de la santé, est depuis longtemps considérée comme un moyen de fournir des services mieux coordonnés et d’obtenir de meilleurs résultats en santé mentale5. Malheureusement, il y a des obstacles dans la mise en œuvre de ces stratégies.
Dans le nouveau rapport Innovation dans les soins primaires, nous mettons en évidence sept études de cas provenant de diverses régions du pays dont nous pouvons tirer des leçons. En voici quelques exemples2 :
Une pratique interdisciplinaire en Nouvelle-Écosse a créé un modèle de soins qui intègre un conseiller en santé mentale au sein de l’équipe afin d’améliorer la rapidité d’orientation des patients vers les soins.
Les communautés autochtones cries du nord du Manitoba ont bénéficié d’un programme de services d’orientation psychiatrique qui visait à remédier à la mauvaise coordination des soins liée au roulement fréquent du personnel médical. L’évaluation, le traitement et le suivi en santé mentale ont été améliorés grâce à la coordination du personnel infirmier des dispensaires locaux, des cliniciens qui se rendent sur place à intervalles réguliers et des psychiatres qui fournissent des services de télémédecine.
En Colombie-Britannique, l’initiative Foundry6 a adopté une approche fondée sur des données probantes et des soins échelonnés pour répondre aux besoins non satisfaits des jeunes en matière de services de santé mentale. Le niveau élevé de satisfaction des patients et les résultats positifs ont conduit à l’expansion du concept, et de nombreuses communautés de la province ont demandé l’ouverture de nouveaux centres Foundry.
Le rapport reconnaît que les études de cas ont été recueillies avant le début de la pandémie, ce qui signifie que les facteurs liés à la COVID-19, tels que les services virtuels, n’ont pas été abordés de manière spécifique. La pandémie a probablement engendré des innovations dont nous pouvons espérer tirer des enseignements à l’avenir.
En attendant, je vous invite à lire cette nouvelle ressource. Elle pourrait vous donner des idées sur la façon d’améliorer les soins offerts par votre équipe, susciter des réflexions sur la manière de créer des liens avec d’autres prestataires de soins de santé de votre réseau et vous remonter le moral alors que nous traversons ces temps de pandémie incertains.
Remerciements
Je tiens à remercier Carol Hilton pour son aide dans la rédaction de cet article.
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