
Le 11 novembre souligne le jour du Souvenir. Aussi connu comme le jour de l’Armistice, il s’agit d’une journée de commémoration annuelle observée en Europe et dans les pays du Commonwealth en mémoire des sacrifices de la Première Guerre mondiale ainsi que d’autres guerres. Elle rend hommage à la signature de l’Armistice de 1918, qui a mis fin à la Première Guerre mondiale.
Comme la plupart d’entre vous, je n’ai pas connu cette guerre qui a sévi de 1914 à 1918, ni la seconde de 1939 à 1945. Je n’étais même pas au monde! Ce que je savais du jour du Souvenir et des coquelicots que l’on arbore était jusqu’à récemment théorique. Or, l’an passé, je suis allé en Normandie. C’était avant la pandémie. Avant que les frontières ne ferment. À l’époque où l’on pouvait encore aller n’importe où, n’importe quand. Il suffisait de rêver. J’ai sillonné en vélo cette région de la France.
De nombreuses lettres
C’est beau, la Normandie, très beau même. Tout en collines et en verdure, avec la mer toute proche. Mais il pleut souvent et il pleut beaucoup. C’est le Nord. En tout cas, moi j’y ai goûté! Ceux qui font de la bicyclette savent que la pluie et le vélo ne font pas bon ménage : les pieds mouillés, les doigts gelés et les lunettes embuées. Pire lorsqu’on fait du vélo-camping! Le Gore-Tex qui fuit, la tente qui coule et le duvet tamponné. Et surtout, le découragement à fleur de peau.
Une journée, alors que nous parcourions la campagne normande, que nous allions de plage en plage — ces endroits aux noms évocateurs : Sword, Juno, Gold, Omaha et Utah (les plages couvrent des centaines de kilomètres ; c’est immense!) — et que les photos des jeunes soldats morts ou disparus lors du débarquement, accrochées aux lampadaires, défilaient sur notre trajet, une amie, Liliane, m’a dit : « Mon père y était ».

Artiste : Arlene Whitmore
Et voilà qu’elle me raconte comment ce jeune homme — il n’avait même pas 20 ans —, idéaliste et rêveur, s’était enrôlé pour défendre sa patrie ; comment il était parti avec son meilleur ami, Roger ; comment il s’était marié peu avant le départ et comment il avait survécu miraculeusement aux premières heures du débarquement et aux premiers jours de l’invasion. Son père écrivait à sa femme restée à Québec aussi souvent qu’il le pouvait, en sachant très bien que ses lettres étaient scrutées par les autorités et censurées au besoin. De nombreuses lettres.
Roger, lui, était célibataire. Il vivait seul la peur, la solitude, le gouffre. Un jour, le père de mon amie lui proposa d’écrire à la sœur de son épouse. Il se mit donc à écrire à une femme qu’il n’avait jamais vue, ni connue, ni rencontrée. Des lettres tout aussi nombreuses.
De nombreux coquelicots
Et vous savez quoi? Les deux copains survécurent et revinrent de la guerre, sains et saufs. Roger rencontra alors cette femme qui était devenue sa confidente et sa complice. Ils se marièrent et eurent des enfants. Les cousins de Liliane.
En Normandie, au printemps, il y a des centaines de milliers de coquelicots qui poussent partout dans les champs normands. À perte de vue. Autant de coquelicots là-bas que de pissenlits chez nous. En voyant ces champs couverts de toutes ces petites fleurs rouges, j’ai compris la signification de la boutonnière que nous portons le jour du Souvenir. Ces innombrables fleurs gardent le souvenir de tous ceux qui ont péri pendant les conflits. Là et ailleurs.
À la mémoire de la 11e heure, du 11e jour, du 11e mois.
À la mémoire de Roger et de tous les autres qui n’ont pas eu autant de chance.
Footnotes
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
- Copyright© the College of Family Physicians of Canada