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Tables
- Tableau 1.
Approches générales de la gestion pharmacologique après la chirurgie bariatrique en fonction des changements anticipés : Selon les changements anticipés en matière de médicaments et d’absorption après 3 interventions précises : 2 types d’interventions restrictives (anneau gastrique et gastrectomie longitudinale) et 1 type d’intervention restrictive et de malabsorption (dérivation gastrique de Roux-en-Y).
PARAMÈTRE RECOMMANDATION Mauvaise absorption soupçonnée des médicaments Passer des médicaments solides aux médicaments liquides, à des comprimés pouvant être dissous ou écrasés, ou à des capsules pouvant être ouvertes et leur contenu, saupoudré sur des aliments4,5
Envisager une présentation non orale (p. ex. sublinguale, intranasale, rectale, sous-cutanée, transdermique)4
Passer des formulations à libération prolongée aux formulations à libération immédiate4
Passer à des médicaments qui subissent un métabolisme de premier passage moins important
Envisager d’ajuster le schéma pharmacologique après une intervention de malabsorption lorsque l’échec thérapeutique est susceptible d’entraîner des résultats délétères
Médicaments qui augmentent le risque d’irritation, d’ulcération gastrointestinale supérieure et de ralentissement de la guérison Réduire au minimum l’emploi d’anti-inflammatoires non stéroïdiens5,6, de bisphosphonates par voie orale5 et de corticostéroïdes6
Syndrome de chasse Éviter les préparations liquides qui contiennent des sucres non absorbables (p. ex. mannitol, sorbitol)6
- Tableau 2.
Stratégies de gestion pharmacologique dans le contexte de certaines maladies après une chirurgie bariatrique : Selon les changements anticipés en matière de médicaments et d’absorption après 3 interventions précises : 2 types d’interventions restrictives (anneau gastrique et gastrectomie longitudinale) et 1 type d’intervention restrictive et de malabsorption (dérivation gastrique de Roux-en-Y).
MALADIE OU CLASSE DE MÉDICAMENTS COMMENTAIRES Diabète Le professionnel de la santé doit effectuer une surveillance et un suivi fréquents durant la période postopératoire pour veiller à l’efficacité continue et voir à apporter les changements aux antihyperglycémiants en temps voulu7
Bien que le fardeau pharmacologique soit susceptible de s’alléger immédiatement après la chirurgie, la surveillance prolongée est recommandée puisque le diabète est une maladie évolutive qui peut s’aggraver avec le temps chez certains patients7
Recommandations spécifiques aux médicaments contre le diabète de type 2
Insuline*Les besoins en insuline pourraient être instables et l’on s’attend à ce qu’ils décroissent pendant au moins 12 mois après la chirurgie ou jusqu’à ce que le poids se stabilise, les réductions les plus substantielles se produisant dans les premiers mois7,8
Si la dose d’insuline basale est < 30 unités/jour avant la chirurgie, il faut l’arrêter après la chirurgie7–9
Si la dose d’insuline basale est ≥ 30 unités/jour avant la chirurgie, il faut la réduire de 50 à 80 % après la chirurgie7–10
Une insuline à action rapide peut être utilisée pour prendre en charge la glycémie élevée7–9
Options non insuliniquesChez les patients sous 1 antidiabétique oral avant la chirurgie, celui-ci peut être arrêté après la chirurgie8,9
Si le patient prend > 1 antidiabétique oral et…
-que le taux d’HbA1c est < 9 %, la metformine est la monothérapie de choix7,10
- que le taux d’HbA1c est ≥ 9 %, un deuxième antidiabétique oral peut être ajouté à la metformine, de préférence un antidiabétique qui réduit le risque CV 7,11†
Éviter les antidiabétiques oraux qui augmentent le risque d’hypoglycémie7,8,11‡
Anticoagulation La warfarine est préférable aux ACOD chez les patients qui requièrent un traitement anticoagulant continu après la chirurgie bariatrique12
- Si un ACOD est envisagé après la chirurgie bariatrique, il faut confirmer la disponibilité d’une surveillance en laboratoire pour veiller à ce que les concentrations sériques se situent dans l’intervalle thérapeutique voulu12
Recommandations spécifiques aux médicaments
WarfarineLes doses de warfarine doivent habituellement être réduites immédiatement après la chirurgie (environ 3–4 semaines), puis augmentées plus tard après la chirurgie12–14
Pour réduire le risque hémorragique, réduire la dose de warfarine après la chirurgie et l’ajuster en fonction du RIN, comme on le ferait au début d’un traitement par la warfarine
Apixaban, rivaroxabanDes données limitées laissent croire qu’il n’est pas nécessaire d’ajuster la dose de rivaroxaban et d’apixaban après la chirurgie bariatrique15,16
La surveillance en laboratoire des médicaments est recommandée pour veiller à ce que les concentrations sériques se situent dans l’intervalle thérapeutique prévu12
Dabigatran, édoxabanAucun article publié ne définit les changements pharmacocinétiques du dabigatran et de l’édoxaban après la chirurgie bariatrique12
Traitement antiplaquettaire Le traitement antiplaquettaire augmenterait le risque de saignement gastro-intestinal5,6
-Les médicaments antiplaquettaires en prévention primaire des événements CV doivent être réévalués
- Il est approprié de poursuivre un traitement antiplaquettaire chez les patients qui présentent un risque d’événement CV à l’avenir, mais à la dose indiquée la plus faible
Dyslipidémie La lipidémie pourrait s’abaisser avec la perte pondérale; envisager de la surveiller tous les 3 mois jusqu’à ce que le poids se stabilise et mettre fin au traitement, le cas échéant17–19
Chez les patients sous traitement contre la dyslipidémie en prévention secondaire des événements CV, la dose pourrait être déterminée par les événements précédents plutôt que par les valeurs postopératoires de laboratoire
Hypertension Le besoin pour des antihypertenseurs diminue habituellement après la chirurgie. Cette diminution est parfois amorcée immédiatement après la chirurgie et se poursuit pendant jusqu’à 2 ans20–22
-Les patients doivent voir leur omnipraticien fréquemment
-Les patients doivent surveiller leur tension artérielle tous les jours jusqu’à ce qu’elle se stabilise
— Les résultats doivent être pris en note et évalués par un professionnel de la santé afin d’étayer les changements de médicaments
—Il faut répéter aux patients la bonne technique de surveillance de la tension artérielle
Envisager de mettre fin au traitement par un diurétique ou de le modifier si le patient se déshydrate8
Chez les patients diabétiques, il serait préférable de poursuivre l’IECA ou l’ARA en raison de leurs effets rénoprotecteurs8
Dépression et anxiété La surveillance étroite de récidive des symptômes psychiatriques est recommandée après la chirurgie23
- Les patients doivent connaître les signes et les symptômes d’aggravation de la maladie psychiatrique, et doivent savoir avec qui communiquer si une aggravation se produit
En cas de rechute, ajuster les médicaments psychiatriques aussitôt que possible en raison du délai de réponse associé à l’ajustement du schéma posologique
La littérature donne à croire que les concentrations d’ISRS pourraient chuter initialement, puis remonter après quelques mois; les ajustements posologiques apportés immédiatement après la chirurgie pourraient être temporaires23,24
Il pourrait être nécessaire de passer à une présentation plus facilement absorbée (p. ex. liquides, comprimés écrasés, préparations à libération immédiate, comprimés à dissolution orale)
Recommandations spécifiques à certains médicaments pour des médicaments dont une version à libération immédiate n’est pas commercialisée au Canada
VenlafaxineLa littérature laisse penser que la dérivation gastrique de Roux-en-Y n’altère pas substantiellement l’absorption de la venlafaxine à libération prolongée ou de son métabolite actif25
DuloxétineLa dérivation gastrique de Roux-en-Y pourrait réduire l’exposition à la duloxétine et cela pourrait persister pendant au moins 12 mois après la chirurgie26
- Si le traitement semble être inefficace après la chirurgie, il pourrait être nécessaire d’augmenter la dose ou d’administrer un autre traitement
DesvenlafaxineSi le traitement semble être inefficace après la chirurgie, il pourrait être nécessaire d’augmenter la dose ou d’administrer un autre traitement
BupropionSi le traitement semble être inefficace après la chirurgie, envisager ceci :
-Continuer le traitement ou passer au bupropion retard
—La préparation retard est plus facile à écraser que la préparation à libération prolongée
- Écraser les comprimés et les administrer avec de l’eau; cela produit un effet comparable à celui des comprimés à libération immédiate commercialisés ailleurs qu’au Canada
- Fractionner la dose quotidienne totale en 3 à 4 prises quotidiennes. Une dose ne doit pas dépasser 150 mg, et la dose quotidienne totale ne doit pas dépasser 450 mg27
Migraine La fréquence des migraines ou des céphalées pourrait s’abaisser après la chirurgie 28,29
Le délai moyen avant la réduction de la dose était d’environ 5,6 mois après la chirurgie (intervalle de 1 à 36 mois)28
Si les migraines sont apparues après l’obésité, la probabilité qu’elles disparaissent après la chirurgie est plus grande28
Épilepsie ou convulsions Les convulsions doivent être bien maîtrisées par des médicaments avant la chirurgie
Avant l’intervention de malabsorption, envisager de passer de façon empirique à une présentation liquide, à des comprimés pouvant être écrasés ou à des capsules pouvant être ouvertes
Il est recommandé de surveiller les médicaments immédiatement après la chirurgie afin d’assurer les concentrations thérapeutiques adéquates du médicament, le cas échéant
Asthme Les patients asthmatiques pourraient nécessiter moins de médicaments après la chirurgie 30,31
- Si les patients rapportent utiliser moins souvent leur médicament de secours, envisager de réduire la dose du traitement d’entretien ou d’y mettre fin
Psoriasis Les patients atteints de psoriasis pourraient nécessiter moins de médicament après la chirurgie 32,33
- Si les patients rapportent que leur psoriasis est moins sévère, envisager de réduire la dose ou de mettre fin au traitement
Douleur Éviter les AINS après la chirurgie bariatrique en raison du risque accru de lésion gastrique (p. ex. ulcères peptiques)4,6
Chez les patients sous médicaments à libération prolongée ou opioïdes à forte dose qui subissent une chirurgie de malabsorption, envisager de passer à une présentation à libération immédiate ou à d’autres voies d’administration avant la chirurgie
L’acétaminophène liquide contient du sorbitol, qui augmente le risque de syndrome de chasse6
Greffe Si le patient prend des immunosuppresseurs, envisager de stabiliser les concentrations sériques à l’aide d’une présentation liquide avant la chirurgie
Des concentrations élevées de tacrolimus et de mycophénolate ont été observées après la gastrectomie longitudinale34
Lorsque cela est indiqué, surveiller les concentrations sériques après la chirurgie et ajuster la dose en conséquence
Prévention des ulcères et RGO Les comprimés à dissolution rapide ou les capsules pouvant être ouvertes et leur contenu, saupoudré sur les aliments, sont mieux absorbés et plus efficaces après la chirurgie bariatrique
- Les patients souffrant d’ulcération postopératoire ont guéri significativement plus rapidement (p < 0,001) sous des capsules d’un inhibiteur de la pompe à protons qu’ils ont ouvertes et dont ils ont saupoudré le contenu sur des aliments que les patients sous capsules ou comprimés entiers35
- Le prescripteur doit inscrire la mention « pas de substitution » lorsqu’il prescrit des comprimés à dissolution orale ou des capsules à ouvrir
VIH La gastrectomie longitudinale ne semble pas avoir un effet défavorable sur la numération de CD4 et la charge virale, et elle semble être sans danger chez les personnes vivant avec le VIH36,37
Une réduction substantielle de l’absorption de raltégravir et d’atazanavir a été observée après la gastrectomie longitudinale36–38
- Suggérer de remplacer le raltégravir et l’atazanavir par un autre traitement contre le VIH avant la chirurgie bariatrique36
- S’il est impossible de remplacer le raltégravir et l’atazanavir, il faut surveiller la pharmacocinétique après la chirurgie et ajuster la dose du médicament en conséquence36
Contraception Rocha et coll.39 et Curtis et coll.40 indiquent que chez les femmes ayant subi une…
- intervention de malabsorption, les contraceptifs oraux ne sont pas recommandés en raison d’un risque théorique d’absorption réduite entraînant une baisse de l’efficacité contraceptive39
-intervention restrictive, toutes les méthodes de contraception sont acceptables39,40
La prudence est recommandée dans tous les cas. S’assurer que la patiente comprend les risques liés à la contraception orale et qu’elle devrait employer une deuxième méthode de contraception (p. ex. condom masculin ou féminin, diaphragme)
Recommandations spécifiques aux médicaments
Après les interventions restrictives seulementContraceptif oral combiné
Pilule contenant un progestatif seulement
Après les deux types d’intervention, mais peut-être moins efficace chez les femmes de ≥ 90 kg (≥ 198 lb)41Timbre d’éthinylestradiol et de norelgestromine
Après les deux types d’intervention, mais l’efficacité chez les femmes obèses n’a pas fait l’objet de beaucoup d’études42Anneau vaginal d’éthinylestradiol et d’étonogestrel
Après les interventions de malabsorption et restrictivesInjection sous-cutanée ou intramusculaire de médroxyprogestérone
Stérilet de lévonorgestrel
Stérilet en cuivre
ACOD—anticoagulant oral direct, AINS—anti-inflammatoire non stéroïdien, ARA—antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II, CV—cardiovasculaire, HbA1c—hémoglobine A1c, IECA—inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, ISRS—inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine, RGO—reflux gastro-œsophagien, RIN—rapport international normalisé.
↵* Les recommandations relatives à l’insuline s’appuient sur les données publiées actuelles pour le traitement du diabète de type 2 après la chirurgie bariatrique. La littérature actuelle ne donnait aucune recommandation relative au diabète de type 1, bien qu’on ait observé des exigences réduites d’insuline après la chirurgie.
↵† L’empagliflozine, la canagliflozine, le liraglutide et le sémaglutide sont des exemples de médicaments qui réduisent le risque CV11.
↵‡ Le gliclazide, le glimépiride, le glyburide et le répaglinide sont des exemples de médicaments qui augmentent le risque d’hypoglycémie11.
- Tableau 3.
Changements pharmacocinétiques anticipés après la chirurgie bariatrique : Selon les changements anticipés en matière de médicaments et d’absorption après 3 interventions précises : 2 types d’intervention restrictive (anneau gastrique et gastrectomie longitudinale) et 1 type d’intervention restrictive et de malabsorption (dérivation gastrique de Roux-en-Y).
PARAMÈTRE PHARMACOCINÉTIQUE CHANGEMENTS POTENTIELS DES PARAMÈTRES PHARMACOCINÉTIQUES CONSÉQUENCES THÉRAPEUTIQUES POTENTIELLES POUR LES MÉDICAMENTS PAR VOIE ORALE CHIRURGIE RESTRICTIVE CHIRURGIE DE MALABSORPTION Motilité gastrique Pourrait être altérée6,43 La désintégration et la dissolution des médicaments par voie orale seraient réduites6 Volume gastrique Réduit, réduisant ainsi la quantité de liquide dans l’estomac tenant lieu de solvant6 pH gastrique Devient plus alcalin après la chirurgie bariatrique6,43 La solubilité des médicaments alcalins serait réduite alors que la solubilité des médicaments acides serait accrue6,43 Aire de surface La gastrectomie longitudinale réduit l’aire de surface de l’estomac6 La dérivation gastrique de Roux-en-Y réduit le contact avec l’aire de surface de l’estomac et de l’intestin6 La dissolution et l’absorption6 des médicaments par voie orale seraient réduites Sécrétion de bile s.o. Les médicaments sont moins en contact avec la sécrétion de bile6,43 La dissolution des médicaments très lipophiles serait réduite6,43 Transporteurs de protéines (p. ex. glycoprotéine P) s.o. Contourne certains transporteurs de protéines qui sont grandement exprimés dans l’intestin grêle proximal6,43 Pourrait augmenter ou diminuer l’absorption puisque l’on sait que les transporteurs d’influx et les pompes d’efflux sont exprimés dans l’intestin grêle proximal6,43 Métabolisme de premier passage s.o. La concentration des isoenzymes CYP3A4 est élevée dans l’intestin grêle proximal6 Le métabolisme de premier passage des substrats du CYP3A4 serait réduit immédiatement après les interventions de malabsorption; il pourrait être nécessaire de réduire la dose6,44,45 L’activité des isoenzymes du cytochrome P450 du foie serait activée après la perte pondérale44,45 Le métabolisme de premier passage de tous les substrats des isoenzymes du cytochrome P450 (y compris les substrats du CYP3A4) serait plus important avec la perte pondérale; il pourrait être nécessaire d’augmenter la dose s.o.—sans objet.