Maintenant que les nouveaux cas de la COVID-19 diminuent partout au pays et que les entreprises sont à différentes étapes de la réouverture, les médecins de famille envisagent aussi les prochaines étapes. En commençant à dispenser plus de soins en personne, nous pouvons apprendre de l’expérience de chacun pour que cette transition se fasse en toute sécurité.
En juin, j’ai présenté un webinaire sur la reprise de la pratique avec deux autres médecins de famille, les Dres Katherine Stringer et Nadia Alam1. J’aimerais partager les points saillants de cette présentation et des réflexions sur mon propre travail clinique.
Selon un sondage mené en mai auprès des membres du CMFC, 76 % des répondants avaient réduit leurs heures de travail en raison de la COVID-19. En moyenne, leur charge de travail avait diminué de 45 % 2. Étant donné les difficultés financières que cela entraîne et les inquiétudes concernant les soins aux patients, les médecins de famille doivent recevoir les renseignements et le soutien nécessaires pour rouvrir leur cabinet.
Pour se préparer à reprendre les services en personne, il est particulièrement important d’avoir un plan détaillé :
Établissez un protocole pour trier les patients qui peuvent être vus virtuellement ou qui doivent être vus en personne.
Assurez-vous que la disposition de votre clinique permet au personnel et aux patients de garder une distance physique sécuritaire, par exemple en échelonnant les rendez-vous.
Communiquez régulièrement avec le personnel et les patients au sujet des politiques de la clinique.
Planifiez un nettoyage adéquat et maintenez l’approvisionnement en équipement de protection individuelle.
Préparez-vous à reculer si nécessaire et à réfléchir à toutes ces questions, car la situation peut encore changer. Faites donc preuve de prudence et de mesure, procédez graduellement et prévoyez des plans de contingence.
Il est très important d’ajuster le plan au besoin, puisque nous sommes tous en processus d’apprentissage. Dre Tara Kiran, médecin de famille à Toronto (Ont.), a suggéré une grille utile qui indique les facteurs à prendre en compte dans la décision de tenir une consultation en personne ou virtuellement et les données à recueillir pour guider ces décisions avec une approche axée sur l’amélioration continue de la qualité.
Compte tenu de la grandeur de notre pays, nos régions sont à différentes phases de la pandémie. Nous pouvons donc apprendre de l’expérience de nos collègues et appliquer les méthodes qui fonctionnent et qui conviennent à notre propre situation. Comme plusieurs provinces suivent les directives d’une autorité réglementaire ou d’une agence de la santé publique, ce sont les sources auxquelles il faut d’abord se référer. Doctors of BC a produit d’excellentes recommandations pour les médecins communautaires pour rétablir les soins en personne4. Mes coprésentatrices ont également mentionné un formidable guide mis au point par la Table de lutte contre la pandémie en soins primaires de Santé Ontario (Ouest), région du Sud-Ouest5.
La réouverture exige notamment de prioriser certains aspects des soins pour lesquels des consultations en personne seraient bénéfiques. Dre Kimberly Wintemute et Dre Guylène Thériault, coresponsables des soins primaires de Choisir avec soin Canada, ont écrit un excellent billet de blogue sur les services cliniques qui peuvent être redémarrés à différentes phases de la pandémie6.
Nous devons nous demander s’il y a des patients qui ne se sont pas fait soigner durant la pandémie et dont il faut s’inquiéter, par exemple les diabétiques qui ne maîtrisent pas bien leur glycémie, les patients qui ont ignoré des symptômes cardiaques, les parents qui n’ont pas fait vacciner leurs enfants et les personnes atteintes de troubles de santé mentale ou de toxicomanies.
Beaucoup de patients aux symptômes indéfinis, tels qu’une enflure ou une douleur récurrente au repos, pourraient avoir évité de prendre rendez-vous. Demandez aux membres de votre équipe de contacter des groupes ciblés (comme les patients de plus de 65 ans à risque de certaines maladies) et trouvez de nouvelles façons de déployer votre équipe. Dans mon unité d’enseignement de groupe, nous avons attribué cette tâche à des résidents.
La pandémie a causé énormément d’épuisement mental et physique chez les patients, souvent aggravé par des responsabilités personnelles et familiales supplémentaires. Les professionnels de la santé ont eux aussi été affectés par ce changement. Nous avons l’habitude de proposer des stratégies à nos patients, mais suivons-nous nos propres conseils ? Prenez bien le temps de faire de l’exercice, de partager des repas en famille et de dormir. Je vous suggère aussi d’essayer une nouvelle activité en ligne (des concerts virtuels, par exemple), de rester en contact avec vos amis, d’apprendre des techniques de pleine conscience pour réduire le stress et de tenir un journal de gratitude. L’encadré 1 contient une liste de ressources en santé mentale.
Ressources utiles en santé mentale
Voici une liste de ressources pour vous ou à partager :
J’espère que vous resterez en bonne santé physique et mentale lors de la prochaine phase, où nous essayerons de nouvelles façons de travailler et de reprendre la pratique en cabinet.
Remerciements
Je remercie Carol Hilton de son aide pour la rédaction de cet article.
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