Chers collègues,
C’est lors du congrès annuel du CMFC à St John’s, T.-N.L., au début des années 1990, que j’ai compris l’importance de la recherche en médecine de famille (MF). Dr Michael Klein, l’un des 20 grands pionniers de la recherche en MF (https://issuu.com/cfpc-fmf/docs/les_20_grands_pionniers), avait alors fait part de résultats obtenus par son équipe qui remettaient en question le recours systématique à l’épisiotomie lors d’accouchements normaux1. Une grande partie de ma pratique était à l’époque consacrée aux soins obstétricaux et ces conclusions avaient eu un effet immédiat sur les soins que je dispensais aux nouvelles mères.
Les membres fondateurs du Collège savaient à quel point la recherche était importante pour rendre compte du contenu propre à la MF2. Au début, plusieurs médecins généralistes ont publié des études de cas et des études observationnelles basées sur les données de leurs pratiques. Un comité national sur la recherche a été formé en 1955 afin de soutenir et encourager la participation des médecins de famille et de créer et maintenir un programme pour la recherche en MF. Les jalons importants incluent la création d’ateliers éducatifs, du National Recording Service pour déterminer la prévalence et les tendances dans la propagation des maladies virales, ainsi que des prix et subventions.
La Section des chercheurs (SdC) a été instaurée en 1995 en raison du grand nombre de médecins de famille intéressés par la recherche et actifs dans le domaine. Nous avons ensuite franchi une autre étape clé avec le Sondage national auprès des médecins de famille, prédécesseur du Sondage national des médecins, une collaboration entre le CMFC, le Collège royal, l’Association médicale canadienne (AMC) et l’Institut canadien d’information sur la santé. Ce travail reposait sur notre besoin unanime de comprendre le champ d’activité et les habitudes de pratique des médecins pour éclairer la planification des ressources humaines en santé. L’évolution vers des soins interdisciplinaires améliorés pour les patients souffrant de comorbidités et de maladies chroniques souligne l’importance de ces premières études. Plus récemment, le CMFC a contribué à la création du Réseau canadien de surveillance sentinelle en soins primaires, lequel a mis sur pied des réseaux de recherche basée sur la pratique (RRBP). Bon nombre de ces RRBP sont affiliés à des départements universitaires de MF et recueillent des données sur un éventail de maladies chroniques prises en charge au quotidien dans la collectivité.
Le Plan directeur 2018–2023 de la Section des chercheurs décrit quatre secteurs stratégiques prioritaires : adhésion, renforcement des capacités, plaidoyer, partenariats3. Chacun de nous peut contribuer de différentes façons à la recherche en MF et en soins primaires, par exemple en répondant aux questions découlant de la pratique clinique, en évaluant de manière critique la littérature, en élaborant des directives cliniques, en réalisant des études de cas et en fournissant des données par l’entremise des RRBP4. Bien qu’il soit crucial d’améliorer la santé et la qualité de vie, la recherche en soins primaires demeure sous-financée et en manque de ressources3. Le CMFC, par l’intermédiaire de la direction de la SdC et en collaboration avec d’autres intervenants (Société de la médecine rurale du Canada, Association canadienne de soins et services à domicile, Association des infirmières et infirmiers du Canada) plaide activement en faveur d’un financement ciblé pour renforcer les capacités de recherche en soins primaires. Nous sommes ravis d’avoir été inclus dans la consultation stratégique menée par les Instituts de recherche en santé du Canada et l’Institut des services et des politiques de la santé (ISPS), et remercions l’ISPS pour ses conseils lorsque le nouveau Programme de subventions pour contrer les impacts de la pandémie de COVID-19 (SCI-COVID) — financé par la Fondation pour l’avancement de la médecine familiale et la Fondation de l’Association médicale canadienne — a évalué plus de 100 demandes de financement pour soutenir l’innovation dans les soins communautaires en regard de la COVID-19.
Le Plan directeur de la SdC aborde aussi l’amélioration de la pratique, l’utilisation des données et l’amélioration continue de la qualité (ACQ). Bien que distinctes, l’ACQ et la recherche améliorent toutes deux les soins aux patients et sont mieux à même d’être réalisées par des équipes interprofessionnelles. L’inclusion dans la recherche et les initiatives d’amélioration de la pratique de personnes ayant vécu l’expérience des soins est un développement important et attendu depuis longtemps. En collaborant avec les départements universitaires de MF et les sections provinciales du CMFC, nous espérons diffuser les outils d’ACQ, mieux préparer les résidents en MF et épauler les médecins de famille dans l’amélioration de la pratique. Nos ateliers Les Essentiels de l’amélioration de la pratique (parties 1 et 2) présentent les techniques et applications de base en ACQ, et donnent droit à 16 crédits Mainpro+MD dans la catégorie Évaluation5.
Même si l’on accorde beaucoup d’attention à la gestion de la COVID-19 dans les hôpitaux, la maladie est en réalité largement prise en charge dans la collectivité. Il est indispensable d’investir dans la recherche en soins primaires pour atteindre le quadruple objectif : meilleure santé de la population, satisfaction du patient, réduction des coûts et satisfaction professionnelle des fournisseurs de soins de santé. Merci aux membres qui, par leurs activités d’amélioration de la pratique, de recherche clinique et de recherche sur les politiques, nous aident à étoffer notre base de données probantes, à renforcer la recherche en MF et en soins primaires et, finalement, à améliorer les soins
Remerciements
Je remercie Steve Slade de son aide pour la rédaction de cet article.
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