
Lorsque la médecine familiale est forte et efficace, le système de santé l’est aussi. Notre Projet sur les finalités d’apprentissage nous permettra d’aller plus loin dans le renforcement de notre discipline. Après avoir délaissé le modèle du médecin généraliste du milieu du 20e siècle — un médecin seul qui offre tous les soins à « ses » patients —, nous avons dû réinventer la médecine familiale. Je me considère chanceuse d’avoir pu participer à ce cheminement.
Dans les années 90, les leaders en médecine familiale ont réfléchi à la manière dont les médecins de famille pourraient travailler ensemble pour assurer la durabilité, la globalité et une meilleure qualité de vie au travail1. Plus récemment, le CMFC a dirigé la mise au point du Centre de médecine de famille grâce aux efforts réunis de chefs de file de la médecine familiale de tout le pays2. Aujourd’hui, le modèle du Centre de médecine de famille a été adopté sous de nombreuses formes au Canada comme structure de pratique pour répondre aux besoins des communautés et des patients, en fournissant en équipe des soins complets et globaux, axés sur le patient et sa famille.
Parmi les étapes importantes, citons la reconnaissance par les ordres des médecins de la Certification du CMFC comme une condition préalable à l’obtention du permis d’exercice (la Certification du CMFC ou du Collège royal, un diplôme de médecine et la réussite des deux examens d’aptitude du Conseil médical du Canada sont nécessaires pour obtenir un permis d’exercice sans restriction partout au Canada) ainsi que la déclaration de la médecine familiale comme spécialité sur la base des 4 critères définis par Dr Ian McWhinney pour caractériser une discipline universitaire (champ d’action unique, ensemble défini de connaissances, domaine de recherche actif et formation intellectuellement rigoureuse3). De plus, le CMFC a travaillé avec des universités et des étudiants en médecine de partout au Canada pour créer des groupes d’intérêt en médecine familiale4.
L’enseignement médical a évolué en même temps que la pratique. La formation basée sur les compétences est apparue comme un changement de paradigme, exigeant des éducateurs de « commencer en pensant à l’objectif » et de faire en sorte que la formation prépare mieux aux exigences de la pratique. C’est ainsi qu’a été créé le Cursus Triple C axé sur le développement des compétences, soutenu par les objectifs d’évaluation et le cadre CanMEDS–Médecine familiale.
En 2018, nous avons élaboré le Profil professionnel en médecine de famille5 afin de réaffirmer nos valeurs professionnelles, nos contributions et notre engagement envers le système de santé. Dans ce profil, le Centre de médecine de famille décrit la manière dont nous organisons nos pratiques, et nous clarifions la portée de la médecine familiale globale. Cela était nécessaire pour orienter les normes nationales (formation, certification, développement professionnel continu), ainsi que pour promouvoir la discipline.
Faisant fond sur ce succès, le Projet sur les finalités d’apprentissage rassemble les tâches qui définissent la médecine familiale et répond à une préoccupation soulevée par l’évaluation Triple C : les variations dans la façon dont les programmes de résidence abordent la « globalité ». Le nouveau Profil de formation en résidence, qui accompagnera le Profil professionnel en médecine de famille, définira le champ d’application de la formation et les attentes en matière de préparation des diplômés.
Le Profil de formation en résidence a été créé en consultation avec des médecins enseignants, des apprenants et des partenaires externes, et au moyen d’activités de recherche sur le terrain, y compris des ateliers de rédaction pendant lesquels plus de 300 médecins de famille ont décrit leur travail quotidien dans des « exposés narratifs sur la pratique ». Le résultat est inspirant, accessible, logique et concis, et comporte des chapitres pour chaque dimension de la pratique (soins primaires complets ; soins de maternité et de périnatalité, soins d’urgence ; soins hospitaliers ; défense des intérêts ; leadership ; bourses d’études), décrivant l’étendue de ce qu’un médecin de famille devrait être capable de faire à son entrée en pratique. Chaque chapitre commence par un exposé narratif sur la pratique qui met en évidence les activités professionnelles de base. Ces exposés me rappellent pourquoi je suis fière d’être médecin de famille. Ils expriment bien l’ampleur et la portée de notre travail et son importance pour les patients et les communautés.
Le Projet sur les finalités d’apprentissage nous invite, en tant que discipline socialement responsable, à continuer à nous concentrer sur les besoins des patients et des communautés. De nombreuses régions gagneraient à ce que l’on mise davantage sur les soins des médecins de famille, qui peuvent être adaptés aux besoins de la communauté. Par ailleurs, une médecine familiale forte relie et soutient les nombreuses spécialités complexes, les prestataires, les agences et les ressources de santé publique pour fournir aux patients des soins plus près de leur domicile. Les médecins de famille ont à cœur leurs patients et les connaissent suffisamment pour interpréter leurs besoins, coordonner leurs soins et les aider à choisir la meilleure façon d’améliorer leur santé.
Nous devons investir davantage dans l’éducation et les modèles de pratique. Nous ferons bientôt la promotion de ces ressources afin que les nouveaux diplômés soient compétents et confiants dans un éventail prévisible d’activités professionnelles de base. Les ordres des médecins et les gouvernements comprendront mieux la valeur de la médecine familiale, et les étudiants en médecine comprendront clairement l’étendue et la qualité de la formation qu’ils choisissent. La médecine familiale sera plus forte.
Remerciements
Je tiens à remercier Dres Nancy Fowler et Ivy Oandasan pour leur contribution.
Footnotes
Références à la page 69.
This article is also in English on page 69.
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