
Recommandation 2 en soins palliatifs
Éviter de retarder les discussions sur la planification préalable des soins (PPS).
Racontez une rencontre clinique où vous avez été appelée à choisir avec soin
J’ai récemment accepté dans ma pratique l’épouse de l’un de mes patients. Ils sont tous 2 dans leur quatre-vingtaine et très autonomes, et ils craignent l’infection au coronavirus 2019 (COVID-19). Durant notre rencontre d’accueil, alors que j’actualisais son profil dans son dossier médical électronique (DME), j’ai abordé le sujet de la PPS. Même si elle a toujours été en très bonne santé, elle était très réceptive à l’idée d’en discuter, en raison de l’incertitude entourant la pandémie de la COVID-19.
Durant la rencontre, comment avez-vous soulevé la nécessité de choisir avec soin?
Proactivité et occasion : J’ai saisi l’occasion de la rencontre d’accueil pour amorcer la conversation. Quoi qu’il en soit, durant la pandémie de COVID-19, nous avons été proactifs dans l’utilisation des DME pour produire des listes de patients potentiellement vulnérables. Nos infirmières téléphonent à ces patients pour vérifier leur bien-être et utilisent cette occasion pour aborder la PPS. Si un patient est prêt à en discuter plus en profondeur, l’infirmière lui offre alors des renseignements et lui donne un rendez-vous virtuel pour des discussions plus approfondies.
Utilisation du DME : Nous avons produit un gabarit pour documenter nos discussions sur la PPS et, du point de vue de l’amélioration de la qualité, cette démarche nous a permis de faire le suivi des personnes avec qui nous avons eu ces conversations. De plus, nos DME signalent le dossier des patients de plus de 80 ans, ou de ceux de plus de 60 ans qui souffrent de maladie pulmonaire obstructive chronique, d’insuffisance cardiaque ou de diabète; ce signal rappelle au médecin d’envisager une discussion sur la PPS.
Éducation : Lorsque j’ai abordé la discussion sur la PPS avec la patiente, elle m’a indiqué qu’elle avait un testament. Je constate que les patients confondent souvent la PPS avec d’autres éléments de la planification de la fin de vie, et j’essaie de clarifier la différence. Les patients ont aussi tendance à bien comprendre les concepts de base, comme la réanimation cardiopulmonaire, mais je leur explique ensuite que la PPS comporte bien plus d’aspects. Par souci de simplicité, je leur parle du « maintien des fonctions vitales » et de « tout ce qui ne l’est pas », puis j’explique les distinctions.
Aussi, à ne pas oublier, j’encourage les patients à désigner un mandataire et je leur demande de parler à la personne qu’ils ont nommée de ce qu’ils souhaitent pour la suite des choses. Si un patient est jeune et en santé, j’ai tendance à concentrer la discussion sur l’éventualité d’un événement inattendu ou traumatique.
Quels éléments clés de la communication ont contribué à la réussite?
Compréhension du contexte de votre patiente : Il est essentiel de connaître le contexte de vos patients. Ainsi, si un de leurs êtres chers est récemment décédé, cela pourrait être le bon moment pour amorcer ces discussions, en tenant compte de l’étape où ils en sont dans leur deuil. Pareillement, si un patient vient de recevoir son congé de l’hôpital, il pourrait être approprié de reprendre cette discussion. Les inquiétudes des patients entourant la pandémie de COVID-19 ont aussi aidé à entamer cette conversation.
Recours aux multimédias : Dans notre clinique, nous avons commencé à utiliser des webinaires à l’intention de nos patients pour leur offrir de l’information sur des sujets comme la PPS. Dans celui sur la PPS, nos médecins font un jeu de rôles simulant une conversation sur la PPS et discutent de détails qu’il pourrait être difficile d’aborder dans une seule visite. Il importe de nous rappeler que nos médecins et nos pratiques sont des sources fiables de renseignements pour nos patients. En plus de notre site Web, nous avons du matériel imprimé pour nos patients qui n’ont pas aisément accès à Internet.
Conversation au fil du temps : La planification préalable des soins n’est pas une démarche effectuée en une seule visite et, si je sens que les patients ont besoin de plus de temps pour digérer l’information discutée, je leur remets notre matériel éducatif et je leur donne un rendez-vous de suivi. De plus, il s’agit d’une conversation qui doit être réitérée. S’il se produit des changements importants dans leur état de santé, il importe de savoir si les souhaits des patients ont changé. Il est essentiel d’amorcer cette conversation et d’assurer un dialogue continu dans l’éventualité de changements considérables dans la vie ou l’état de santé de nos patients.
Notes
Choisir avec soin Canada est une campagne visant à aider les cliniciens et les patients à engager un dialogue au sujet des examens, des traitements et des interventions inutiles, et à prendre des décisions judicieuses et efficaces pour assurer des soins de grande qualité. Jusqu’à présent, on compte 13 recommandations portant sur la médecine familiale, mais de nombreuses recommandations concernant d’autres spécialités s’appliquent à la médecine familiale. Dans chaque article de la série Choisir avec soin Canada publié dans Le Médecin de famille canadien, un médecin de famille est interviewé pour connaître les outils et les stratégies qu’il ou elle a utilisés pour mettre en œuvre une des recommandations et amorcer une prise de décisions partagée avec ses patients. Cette entrevue a été réalisée et rédigée par le Dr Aaron Jattan, Département de médecine familiale, Université du Manitoba, pour le compte de Choisir avec soin Canada. Si vous êtes un professionnel ou un stagiaire en soins primaires et que vous avez un récit relatif à Choisir avec soin que vous pourriez éventuellement partager avec nous dans cette série, veuillez communiquer avec nous à aaron.jattan{at}umanitoba.ca.
Footnotes
La Dre Reynolds est médecin de famille à Calgary (Alberta) et directrice médicale de la Pratique familiale Crowfoot Village.
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The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the May 2021 issue on page 345.
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