Antiracisme : écouter, apprendre et passer à l’action

Francine Lemire; Nancy Fowler; Darlene Kitty

doi:10.46747/cfp.6709711

Chers collègues,

Depuis le décès tragique de Joyce Echaquan et de George Floyd, la pandémie a accentué la réalité, les injustices et la discrimination que subissent les groupes racisés. La direction et le personnel du CMFC reconnaissent le privilège social lié à la prédominance des Blancs ou des colons et les conséquences de la colonisation, des pensionnats et de l’esclavage sur les Autochtones et les Noirs. Cela se traduit par un racisme et une oppression systémiques, le plus souvent fondés sur la race, la religion, le statut d’immigrant, le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, et la capacité physique ou mentale. Le racisme systémique et interpersonnel et les autres formes de discrimination doivent être traités à tous les niveaux. À cette fin, le CMFC a modifié son plan stratégique :

veiller à intégrer la santé autochtone et la sécurité culturelle dans les normes de formation des résidents et promouvoir le document d’accompagnement CanMEDS–Médecine familiale (CanMEDS-MF) sur la santé autochtone¹;
élaborer un plan d’action pour mobiliser les dirigeants de groupes racisés afin de combattre le racisme systémique là où le CMFC détient une responsabilité et une influence. Notre organisation est déterminée à lutter contre l’oppression, prône la diversité, le plaidoyer et l’antiracisme.

Nous réitérons le rôle du CMFC en tant qu’entité axée sur les membres, organi sation normative et employeur; c’est là où nous opérerons des changements. Les principes préliminaires suivants guideront notre travail :

donner la priorité à ceux qui ont des perspectives, des connaissances et des expériences culturelles, tout en respectant le temps, l’intensité et le coût de leur implication;
aborder ce travail avec humilité, écoute et une volonté d’apprendre en tant qu’organisation;
comprendre l’importance des contextes historiques et de la décolonisation dans le cadre d’une stratégie anti-oppressive;
respecter le fait que l’identité, les privilèges et la discrimination sont multidimensionnels, et que toute personne ou groupe peut vivre des expériences ou des effets semblables, différents ou combinés liés au genre, à la race et à la religion, etc.

Le CMFC travaille avec ses partenaires et souhaite collaborer avec eux pour élaborer des normes d’agrément qui abordent le racisme dans le contexte d’apprentissage et le processus d’agrément, dont la formation des évaluateurs. Le travail est déjà en cours avec la création du groupe de travail en matière d’agrément sur le racisme à l’encontre des Noirs. Nous assurons également le suivi des mesures proposées par le document d’accompagnement CanMEDS–MF, notamment en créant des documents de soutien, des outils et des activités. Ajoutons que le CMFC est un partenaire du Consortium national pour la formation médicale en santé autochtone (CNFMSA), une initiative importante menée par des Autochtones qui étoffera le cursus en santé autochtone, afin de soutenir les apprenants et les enseignants autochtones, et de promouvoir la sécurité culturelle et l’antiracisme dans les facultés de médecine (cnfmsa.ca/vision). Bien que le travail de notre Comité sur la santé autochtone (CSA) s’inscrive dans cette vision, nous sommes à la recherche d’un clinicien éducateur en santé autochtone pour faire avancer les efforts du CNFMSA, soutenir le déploiement du document d’accompagnement CanMEDS-MF et aider à élaborer un plan et des ressources pour atteindre les objectifs de notre plan stratégique sur la formation en santé autochtone.

Nous analyserons aussi comment l’examen du CMFC peut mieux évaluer les compétences quant à la prestation de soins culturellement sécuritaires, qui tiennent compte des traumatismes, et tâcherons d’éliminer tout obstacle systémique et toute discrimination dans l’admissibilité aux examens et leur administration. Nous devons aussi créer un espace sûr qui favorise l’écoute et le dialogue, qui respecte les connaissances et le vécu des médecins, des apprenants et du personnel issus des groupes marginalisés. Nous devons offrir des choix d’apprentissage pour les dirigeants, les membres et le personnel du CMFC pour apporter les changements de perspective et de comportement qui s’imposent, et promouvoir une culture qui favorise le concept de l’allié. Nous continu erons de collaborer avec d’autres organisations médicales pour transformer la formation et les soins de santé de sorte à contrer le racisme systémique et favoriser un climat d’humilité et de sécurité culturelle.

Nous remercions le CSA de tout son travail. À la lumière des récentes découvertes des tombes anonymes d’enfants autochtones près d’anciens pensionnats, nous encourageons les membres du CMFC à participer à des activités de développement professionnel portant sur l’histoire, la santé et les enjeux sociaux des Autochtones. Le 30 septembre est la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation: une occasion de rendre hommage aux survivants des pensionnats, à leur famille et communauté. Avec toute la population canadienne, réfléchissons ensemble et réitérons notre engagement envers la réconciliation en écoutant, en apprenant et en passant à l’action.