Résumé
Question À la suite de l’approbation d’un vaccin contre la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) pour les enfants de 5 à 11 ans et compte tenu de préoccupations de parents au cours de la dernière année face à des cas rapportés de myocardite et de péricardite chez des adolescents, ma clinique devrait-elle continuer à encourager tous les enfants et les jeunes adultes à recevoir le vaccin à ARN messager contre la COVID-19?
Réponse Depuis avril 2021, des rapports ont documenté des cas de myocardite et de péricardite chez des adolescents et des jeunes adultes ayant reçu un vaccin à ARN messager contre la COVID-19, et plusieurs centaines de signalements semblables ont été documentés au Canada. Les schémas cliniques étaient majoritairement bénins, avec quelques rares hospitalisations, et les cas touchaient habituellement des adolescents masculins de 16 ans et plus dans les quelques jours suivant la deuxième dose du vaccin. Après la vaccination, les enfants et les adolescents qui présentent des symptômes comme des douleurs thoraciques, de la dyspnée ou des palpitations devraient être évalués en procédant à un examen physique et à un électrocardiogramme, et en mesurant les taux de troponines cardiaques. Si les résultats sont anormaux, il y a lieu d’envisager un échocardiogramme ou une imagerie cardiaque par résonance magnétique. La myocardite et la péricardite subséquentes à la vaccination sont bien moins courantes et beaucoup moins graves que les complications cardiaques d’une infection à la COVID-19, et les vaccins devraient continuer à être recommandés auprès de toutes les personnes admissibles.
La mise au point de vaccins contre le syndrome respiratoire aigu sévère dû au coronavirus 2 (SARS-CoV-2) s’est révélée un des faits scientifiques marquants durant la pandémie de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), en atténuant la propagation de la maladie virale et en sauvant des vies sur toute la planète. Le premier vaccin contre la COVID-19 a été autorisé par Santé Canada le 9 décembre 20201. Santé Canada a autorisé les vaccins contre la COVID-19 à la fois de Pfizer-BioNTech et de Moderna pour les adolescents de 12 à 17 ans, avec la même posologie à 2 doses recommandée pour les adultes2, et le 19 novembre 2021, Santé Canada approuvait le vaccin contre la COVID-19 de Pfizer-BioNTech pour les enfants de 5 à 11 ans, à raison du tiers de la dose pour les adultes3.
Dès avril 2021, des rapports ont fait leur apparition concernant des cas fortuits de myocardite et de péricardite chez des adolescents et des jeunes adultes qui avaient reçu un vaccin à ARN messager (ARNm) contre la COVID-19 (tant celui de Pfizer-BioNTech que celui de Moderna). La présentation clinique a été observée surtout chez des adolescents masculins de 16 ans et plus, plusieurs jours après la vaccination à ARNm contre la COVID-19, le plus souvent après la deuxième dose4.
On ne connaît pas vraiment l’incidence de la myocardite après un vaccin à ARNm, surtout que les symptômes de certains adolescents sont si légers que ceux-ci ne cherchent pas à se faire soigner. Des rapports préliminaires en provenance d’Israël décrivaient 5 cas apparents chez des hommes dont l’âge moyen était de 23 ans s’étant présentés après la deuxième dose et 1 cas, après la première5. La myocardite a été diagnostiquée sans qu’une infection à la COVID-19 ne soit présente. L’évolution clinique était sans gravité chez les 6 patients, et le phénomène a été décrit comme une réaction indésirable à la suite de l’immunisation5. Dans une série de cas, 23 patients masculins en bonne santé de l’armée américaine se sont présentés avec une apparition aiguë de douleurs thoraciques marquées dans les 4 jours suivant un vaccin à ARNm contre la COVID-19; chez 20 d’entre eux, il s’agissait de la deuxième dose. Les taux de troponines cardiaques étaient élevés, et les patients se sont rétablis après de brefs soins de soutien6.
À mesure qu’on acquérait de l’expérience avec les vaccins contre la COVID-19, les Centers for Disease Control and Prevention ont compilé des données dans le système de rapports d’événements indésirables liés aux vaccins et, dès la mi-juin 2021, on comptait déjà 687 épisodes de myocardite chez des personnes de moins de 30 ans après 2 doses d’un vaccin à ARNm7. Étant donné que près de 300 millions de doses du vaccin avaient été administrées aux États-Unis à ce moment-là, le risque de myocardite était minime.
En se fondant sur les rapports de plusieurs pays, à la fin de juin 2021, Santé Canada a actualisé les monographies des vaccins contre la COVID-19 tant de Moderna que de Pfizer-BioNTech pour y ajouter des renseignements sur les risques de myocardite et de péricardite à la suite de la vaccination8. En septembre 2021, après l’administration de plus de 56 millions de doses, l’Agence de la santé publique du Canada et Santé Canada ont signalé des cas de myocardite ou de péricardite9. Les vaccins en cause étaient principalement ceux de Pfizer-BioNTech et de Moderna9, mais certains rapports impliquaient aussi le vaccin d’AstraZeneca8.
En raison de l’intérêt public grandissant et des préoccupations entourant une possible augmentation de l’hésitation vaccinale, au début d’octobre 2021, le Conseil des médecins hygiénistes en chef a publié une déclaration conjointe à propos de ces rares instances de myocardite et de péricardite se produisant après une immunisation avec des vaccins à ARNm contre la COVID-19, dont la conclusion était que le risque de développer ces affections était plus élevé à la suite d’une infection à la COVID-199.
Hautement à l’affût des événements indésirables dus aux vaccins, la Food and Drug Administration des États-Unis a demandé que les études sur les vaccins pour les 5 à 11 ans se penchent spécifiquement sur ces complications potentielles. Dans la plus grande étude de phases 2 et 3 effectuée jusqu’à présent, où les enfants recevaient un vaccin de Pfizer-BioNTech ou un placebo, aucun cas de myocardite, de péricardite, d’hypersensibilité ou d’anaphylaxie n’a été rapporté. Par ailleurs, seulement 1517 enfants avaient reçu le vaccin10.
Prise en charge
Dans la plupart des cas, les adolescents et les jeunes gens souffrant de myocardite avaient des symptômes légers lorsqu’ils ont consulté un médecin. Le processus est à médiation immunitaire, causant une inflammation du muscle cardiaque en réaction à une infection ou à un autre facteur déclencheur. Les symptômes incluaient des douleurs thoraciques, de la dyspnée ou des palpitations.
Dans un système de santé de grande envergure (2,5 millions de personnes vaccinées de 16 ans et plus) en Israël, la plupart des cas de myocardite étaient de sévérité légère à modérée11.
Pour assurer la prise en charge en temps opportun des enfants présentant ces symptômes, surtout dans les quelques jours après avoir reçu un vaccin contre la COVID-19, l’évaluation doit comporter un examen physique complet, un électrocardiogramme et le dosage des taux plasmatiques de troponines cardiaques. Si des anomalies sont présentes à l’une ou l’autre de ces évaluations, il y a lieu d’envisager un échocardiogramme ou une imagerie cardiaque par résonance magnétique.
Si un diagnostic de myocardite est posé, une consultation en cardiologie s’impose, et la restriction des exercices jusqu’au rétablissement du cœur est probablement la meilleure marche à suivre.
Risques posés par la COVID-19 et par les vaccins contre la COVID-19
Étant donné que les lésions myocardiques sont relativement courantes chez les patients atteints de la COVID-1912,13, qu’elles se produisent dans 7 à 23 % des cas, et qu’elles sont associées à des taux plus élevés de morbidité et de mortalité13, les taux de myocardite légère signalée après un vaccin sont extrêmement faibles comparativement. Dans une récente étude populationnelle effectuée en Israël, le risque relatif d’une myocardite était de 3,24 (IC à 95 % de 1,55 à 12,44) après un vaccin et de 18,28 (IC à 95 % de 3,95 à 25,12) après une infection au SRAS-CoV2, avec des différences dans le risque de 2,7 événements par 100 000 personnes (IC à 95 % de 1,0 à 4,6) et de 11,0 événements par 100 000 personnes (IC à 95 % de 5,6 à 15,8) respectivement14. Les vaccins contre la COVID-19 étant maintenant offerts aux 5 ans et plus, le recours continu aux vaccins à ARNm contre la COVID-19 préviendra la morbidité et la mortalité dues à la COVID-19, un bienfait qui surpasse de loin le nombre et la sévérité des cas de myocardite liée aux vaccins15.
L’équilibre bienfaits/risques est maintenu entre la prévention de la maladie symptomatique, les hospitalisations ou les décès dus à la COVID-19 et les risques cardiaques des vaccins contre la COVID-19, et la vaccination des enfants est une étape importante pour les protéger et protéger leurs communautés.
Notes
La Mise à jour sur la santé des enfants est produite par le programme de recherche en thérapeutique d’urgence pédiatrique (PRETx à http://www.pretx.org) du BC Children’s Hospital à Vancouver (Colombie-Britannique). Dr Goldman en est directeur. Le programme PRETx a pour mission de favoriser la santé des enfants en effectuant de la recherche fondée sur les données probantes en thérapeutique dans le domaine de la médecine d’urgence pédiatrique.
Avez-vous des questions sur les effets des médicaments, des produits chimiques, du rayonnement ou des infections chez les enfants? Nous vous invitons à les poser au programme PRETx par télécopieur, au 604 875-2414; nous y répondrons dans de futures Mises à jour sur la santé des enfants. Les Mises à jour sur la santé des enfants publiées sont accessibles dans le site Web du Médecin de famille canadien (https://www.cfp.ca).
Footnotes
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
Cet article donne droit à des crédits d’autoapprentissage certifiés Mainpro+. Pour obtenir des crédits, allez à www.cfp.ca et cliquez sur le lien vers Mainpro+.
This article is also in English on page 17.
- Copyright © 2022 the College of Family Physicians of Canada