
Depuis l’annonce de ma nomination au poste de directeur général et chef de la direction du CMFC en mai 2022, il ne se passe pas un jour sans que j’éprouve une immense fierté à exercer cette fonction. Travailler à vos côtés pour faire progresser la médecine de famille—que ce soit avec nos membres, notre Conseil d’administration, la direction du CMFC ou nos partenaires—est pour moi un privilège inestimable. Les entretiens que j’ai eus tout au long de l’été me rappellent combien le Canada est chanceux de posséder une tradition de médecine générale si bien ancrée, qui constitue le socle de notre système de santé.
Toutefois, j’ai bien compris que mon arrivée au CMFC survient dans un climat de crise grandissante. Une kyrielle de facteurs, dont une rémunération qui n’a pas augmenté depuis des décennies, une population vieillissante dont les besoins de santé sont plus complexes et un manque de soutien pour assurer le bien-être des médecins, ont rendu la pratique de la médecine de famille plus laborieuse et moins valorisante. La fatigue et la frustration engendrées par cette situation n’ont fait que croître au cours des deux années éprouvantes de la pandémie.
Si la vigilance éternelle est le prix de la liberté, il en va de même pour la médecine de famille au Canada. Il n’y a pas lieu de nous reposer sur nos lauriers. Nous devons plutôt nous engager continuellement à agir et à protéger ensemble le rôle inestimable des soins primaires dans le secteur de la santé au Canada.
Ayant reçu une double formation et étant issu du domaine de la santé publique, je sais que les médecins de famille éprouvent les mêmes difficultés à être reconnus à leur juste valeur pour le travail extraordinaire qu’ils accomplissent. Il est devenu bien trop facile de considérer le dévouement des médecins de famille comme allant de soi, d’autant plus, car ces derniers font souvent face à l’adversité en se retroussant les manches et en continuant d’accomplir les exploits quotidiens qui permettent aux patients de vivre plus longtemps en meilleure santé et d’accéder aux soins quand ils en ont besoin.
À mon sens, ce statu quo est intenable. Faire plus avec moins ne peut demeurer l’approche générale du système de soins primaires tenue par les médecins de famille. Au lendemain de la pandémie, il importe plus que jamais que le Canada réaffirme son engagement envers la médecine de famille et prenne des mesures pour préserver et renforcer le rôle essentiel que joue un système de soins primaires solide afin de soutenir les soins de santé dans notre pays.
À cet égard, nous savons ce qui doit changer et ce qui améliorera la vie des médecins comme des patients, qui comptent tant sur nos soins. Le moment est venu de prendre des mesures audacieuses pour investir dans la médecine de famille afin de garantir un meilleur lendemain pour la spécialité, en soutenant et en restructurant les cabinets, en offrant une rémunération équitable et le soutien nécessaire, et en harmonisant davantage la prestation de soins primaires dans les systèmes de soins externes et de soins aigus.
La meilleure façon de veiller à ce que la spécialité continue d’attirer l’élite de la nouvelle génération est de faire des investissements réfléchis pour assurer son avenir. Cela permettra également à nos patients de continuer de bénéficier des bienfaits exceptionnels d’une relation médecin-patient établie au sein d’un cabinet qui offre des soins primaires complets, globaux et multidisciplinaires.
À bien des égards, nous avons dépassé le stade de cerner le problème; il est temps de nous atteler à la réforme. Pour ce faire, les décideurs et le public devront adopter résolument une vision claire de l’avenir souhaité pour la médecine de famille et s’engager à financer des plans d’action aux échéanciers et objectifs définis et tangibles.
Voilà qui est, certes, plus facile à dire qu’à faire. Alors que nous récupérons encore des impacts de la pandémie, nos communautés sont plus divisées que jamais. Nous sommes nombreux à être épuisés, à éprouver du ressentiment et à se sentir généralement vidés face au déclin marqué de la bonne volonté que nous constatons dans notre travail quotidien.
De telles épreuves peuvent nous décourager, mais elles nous donnent aussi la possibilité d’unir nos forces pour réaliser que nous ne sommes pas seuls et que nous sommes au service d’une noble cause.
Les actions à accomplir et le chemin que nous devons parcourir ne feront pas l’unanimité. Ce à quoi je puis m’engager, c’est à travailler avec notre Conseil pour mobiliser toutes les ressources du CMFC en étant à l’écoute de vos besoins et de vos idées, et en incitant les décideurs à prendre des mesures concrètes pour bâtir le système de médecine de famille de demain.
Je suis convaincu que nous pouvons tous être d’accord sur un point : le meilleur moment pour faire progresser et optimiser le domaine de la médecine de famille est sans doute derrière nous, mais le deuxième moment le plus propice est « dès maintenant ».
C’est dans cette optique que je compte faire part de mes réflexions sur nos progrès dans la chronique « Le chemin devant nous » à paraître dans Le Médecin de famille canadien. Je serais ravi de recevoir votre avis tout au long de ce périple que nous entreprenons ensemble. N’hésitez pas à communiquer avec moi à l’adresse executive{at}cfpc.ca.
Footnotes
This article is also in English on page 786.
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