Question clinique
Quelle est l’incidence des inhibiteurs du cotransporteur sodium-glucose de type 2 (iSGLT2) sur les résultats des patients atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC)?
Résultats
Pour chaque groupe de 100 patients atteints d’IRC sous iSGLT2 pendant 5 ans, environ 3 ou 4 patients de moins que ceux sous un placebo développeront une insuffisance rénale terminale, et 3 ou 4 patients de moins mourront de quelque cause que ce soit. La sotagliflozine n’est pas meilleure qu’un placebo pour ce qui est de ces paramètres d’évaluation.
Données probantes
Les résultats ont été statistiquement significatifs sauf indication contraire.
Deux revues systématiques d’ERC pertinents incluaient des patients atteints d’IRC1,2.
- Dans une revue portant sur 52 827 patients présentant des risques de maladies cardiovasculaires et d’IRC, parmi ceux atteints d’IRC à 5 ans1 :
— Insuffisance rénale terminale : 8,9 % c. 12 % (placebo), nombre de sujets à traiter (NST)=33.
— Décès d’origine cardiovasculaire : 11 % c. 14 % (placebo), NST=27.
— Mortalité globale : 19 % c. 22 % (placebo), NST=31.
- Dans l’autre revue (8 ERC) portant sur 26 106 patients atteints d’IRC préexistante, à 2,5 ans2 :
— Maladies cardiovasculaires : 10 % c. 11 % (placebo), NST=91.
— Paramètre d’évaluation composé rénal (réduction estimée de 40 à 60 % du débit de filtration glomérulaire, insuffisance rénale terminale ou décès d’origine rénale) : 4,8 % c. 6,9 % (placebo), NST=48.
- Limites : inclusion d’ERC qui ne portaient pas spécifiquement sur des patients atteints d’IRC.
Dans 3 ERC financés par l’industrie (avec des patients atteints d’IRC)3-5, le débit de filtration glomérulaire estimé moyen se situait entre 40 et 55 mL/min/1,73 m2 environ, le rapport albumine/créatinine se situait entre 75 et 105 mg/mmol environ, et entre 67 et 100 % des patients étaient diabétiques.
- Dans un essai portant sur 4 401 patients prenant 100 mg de canagliflozine chaque jour3, à 2,6 ans :
— Insuffisance rénale terminale : 5,3 % c. 7,5 % (placebo), NST=45.
— Décès d’origine cardiovasculaire : 5,0 % c. 6,4 % (placebo), NST=71.
— Mortalité toutes causes confondues : 7,6 % c. 9,1 % (placebo), NST=67.
- Dans un autre essai, portant sur 4 304 patients prenant 10 mg de dapagliflozine4, à 2,4 ans :
— Insuffisance rénale terminale : 5,1 % c. 7,5 % (placebo), NST=42.
— Décès d’origine cardiovasculaire : 3,0 % c. 3,7 % (placebo), aucune différence statistique.
— Mortalité toutes causes confondues : 4,7 % c. 6,8 % (placebo), NST=48.
- Dans un troisième essai, portant sur 10 584 patients prenant de 200 à 400 mg de sotagliflozine chaque jour5, à 1,3 an :
— Aucune différence en ce qui a trait au paramètre d’évaluation composé rénal, aux décès d’origine cardiovasculaire et à la mortalité toutes causes confondues.
Contexte
La metformine et les iSGLT2 constituent des traitements de première intention recommandés pour les personnes atteintes de diabète de type 2 et d’IRC6.
Mise en application
En moyenne, les iSGLT2 abaissent la tension artérielle systolique d’environ 4 mm Hg chez les personnes atteintes d’IRC qui prennent des bloqueurs du système rénine-angiotensine-aldostérone7. Une réduction d’environ 0,3 % du taux d’hémoglobine A1c est constatée chez des patients qui ont amorcé un traitement par iSGLT2 (et qui prenaient déjà, pour la plupart, de la metformine, de l’insuline ou des sulfonylurées), tandis qu’une diminution de jusqu’à 0,6 ou 1,0 % est constatée chez des patients diabétiques sous un traitement antihyperglycémiant de fond moins intensif7,8. Pour ajouter un iSGLT2, il faudra peut-être réduire au minimum la posologie des antihypertenseurs qui ne bloquent pas le système rénine-angiotensine-aldostérone ou des antihyperglycémiants6.
Notes
Les articles d’Outils pour la pratique dans le MFC sont une adaptation d’articles révisés par des pairs qui se trouvent à http://www.toolsforpractice.ca et résument les données médicales probantes susceptibles de modifier la pratique des soins primaires. Coordonnés par le Dr G. Michael Allan et la Dre Adrienne J. Lindblad, les articles sont élaborés par l’équipe du groupe PEER (Patients, Expérience, Évidence, Recherche) et soutenus par le Collège des médecins de famille du Canada et ses sections de l’Alberta, de l’Ontario et de la Saskatchewan. Vos commentaires sont les bienvenus à toolsforpractice{at}cfpc.ca.
Footnotes
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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