Question clinique
La perte pondérale résultant d’un régime réduit-elle la douleur arthrosique du genou chez les adultes en surpoids ou obèses?
Résultats
Les données d’observation donnent à croire que l’obésité serait un facteur de risque d’arthrose; toutefois, les études ayant rapporté la perte pondérale résultant d’un régime seulement (p. ex. perte pondérale de 8 %) montrent un soulagement limité, probablement non significatif sur le plan clinique, de la douleur arthrosique (environ 5 points sur une échelle de la douleur de 100 points) par rapport aux témoins.
Données probantes
Dans une revue systématique et méta-analyse de la plus grande qualité1 (4 études avec répartition aléatoire et contrôlées, 676 patients, indice de masse corporelle [IMC] = 35), la perte pondérale moyenne était de 8 % (8,5 kg) dans le groupe de perte pondérale résultant d’un régime contre 3 % (2,7 kg) dans le groupe témoin. Il y a eu une amélioration statistique sur l’échelle de la douleur dans le groupe de perte pondérale résultant d’un régime. L’ampleur de l’effet était de 0,33, ce qui est équivalent à une amélioration d’environ 5 points sur une échelle de 100 points2. Les scores de la douleur se sont améliorés de 2 à 9 points sur une échelle de 100 points. Toutefois, une variation de 9 à 10 points est nécessaire pour pouvoir être détectée en clinique3.
Dans une autre revue systématique et méta-analyse sur la perte pondérale résultant d’un régime contre témoin, l’IMC moyen était de 344. La variation des scores de la douleur dans le groupe de perte pondérale résultant d’un régime n’était pas statistiquement différente de celle du groupe témoin (5 études avec répartition aléatoire et contrôlées, 616 patients). Toutefois, la perte pondérale résultant d’un régime ajoutée à l’exercice a entraîné une amélioration statistique sur l’échelle de la douleur c. témoins (3 études avec répartition aléatoire et contrôlées, 264 patients, ampleur de l’effet = 0,37). Les scores de la douleur se sont améliorés de 2 à 11 points sur une échelle de 100 points.
Limites : Des études pertinentes ont été exclues.
Contexte
Une méta-analyse de 22 études de cohorte a révélé que les patients dont l’IMC était > 30 avaient deux fois plus tendance à souffrir de gonarthrose (RC : 2,66)5.
Une étude avec répartition aléatoire et contrôlée (IMC moyen = 35) a rapporté qu’un régime strict avec des exercices avait prévenu la douleur au genou à un an (analyse secondaire)6. Les lignes directrices recommandent des programmes d’éducation et d’exercice avec ou sans gestion alimentaire du poids contre la gonarthrose, et citent l’insuffisance des données probantes pour ce qui est de la prise en charge alimentaire seulement7. Dans une méta-analyse de patients souffrant d’arthrose, l’exercice a permis à 47 % des patients d’obtenir un soulagement pertinent de la douleur c. 21 % des témoins8.
Aucune étude avec répartition aléatoire et contrôlée n’a examiné les formes plus substantielles de perte pondérale (c.-à-d. chirurgie bariatrique) et de douleur au genou. Les données d’observation laissent croire que la perte pondérale par chirurgie de 15 à 35 % entraînait un bienfait sur la douleur au genou chez 75 % des patients9.
Si les patients souhaitent perdre du poids, ils doivent choisir un régime qu’ils seront en mesure de suivre et qui leur convient10.
Mise en application
La perte pondérale résultant d’un régime est bénéfique pour le traitement d’autres affections, comme le diabète (la rémission survient chez 57 % des patients qui perdent 10 à 15 kg, et chez jusqu’à 86 % des patients qui perdent > 15 kg)11 et l’hypertension (la tension artérielle est réduite, mais les effets sur la mortalité et la morbidité ne sont pas élucidés)12. Pour obtenir un soulagement cliniquement significatif de la douleur arthrosique, l’exercice, les infiltrations de corticostéroïdes et les anti-inflammatoires non stéroïdiens topiques sont des interventions non chirurgicales8. Les cliniciens doivent insister sur la prévention primaire de l’obésité. Tout régime visant à perdre du poids doit contenir de l’exercice à faible impact.
Notes
Les articles d’Outils pour la pratique dans le MFC sont une adaptation d’articles révisés par des pairs qui se trouvent à http://www.toolsforpractice.ca et résument les données médicales probantes susceptibles de modifier la pratique des soins primaires. Coordonnés par le Dr G. Michael Allan et la Dre Adrienne J. Lindblad, les articles sont élaborés par l’équipe du groupe PEER (Patients, Expérience, Évidence, Recherche) et soutenus par le Collège des médecins de famille du Canada et ses sections de l’Alberta, de l’Ontario et de la Saskatchewan. Vos commentaires sont les bienvenus à toolsforpractice{at}cfpc.ca.
Footnotes
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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