
Si nous n’agissons pas maintenant, quand le feronsnous? C’est l’appel urgent qu’a lancé la Dre Nicole Stockley lors du Symposium de l’Atlantique sur le Centre de médecine de famille, en avril 2022, à l’Î.-P.-É. La Dre Stockley, directrice de l’engagement externe du Collège des médecins de famille de Terre-Neuve-et-Labrador, a décrit le parcours pénible des médecins de famille de la province et de leurs patients au cours des dernières années, marqué par l’inquiétude entourant le manque d’accès aux soins et la pénurie croissante de médecins de famille. Elle a également décrit la mobilisation régionale des médecins de famille pour améliorer les conditions de pratique. En Colombie-Britannique, une grande pénurie de médecins de famille, des fermetures de cliniques sans rendez-vous en zone urbaine et l’échec des nouveaux centres de soins d’urgence d’assurer la continuité des soins suscitent la révolte chez les médecins et les patients n’ayant pas accès aux soins, ou pas en temps voulu. Doctors of BC et le Collège des médecins de famille de la Colombie-Britannique militent activement sur ces fronts (https://bccfp.bc.ca/myfamilydoctorcares/).
Le gouvernement du Québec a baissé le ton à l’égard des médecins de famille et a accepté de soutenir leurs efforts pour accueillir de nouveaux patients orphelins. Lorsque cette chronique sera publiée, l’Ontario aura eu ses élections. Pendant la campagne électorale, le Collège des médecins de famille de l’Ontario et la division de la pratique générale et de la médecine familiale de l’Ontario Medical Association ont lancé de concert une campagne Life Without a Doctor (https://lifewithoutadoctor.ca/) pour sensibiliser les candidats et le public à la valeur des médecins de famille. Elle met de l’avant trois solutions : chaque Ontarien mérite d’avoir accès à un médecin de famille dans une équipe de soins ; les médecins de famille devraient recevoir du soutien pour consacrer plus de temps aux soins directs ; et le renforcement du recrutement et du maintien en poste est essentiel à l’accès aux soins en temps opportun en Ontario.
Les résultats au premier tour du Service canadien de jumelage des résidents (CaRMS) continuent d’indiquer que les diplômés en médecine choisissent de moins en moins une carrière en médecine de famille1. Nous partageons vos inquiétudes à ce sujet et plaidons pour de meilleures conditions de travail. Avec l’Association médicale canadienne et l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, nous nous efforçons d’accroître le dialogue important sur les difficultés en médecine de famille et de proposer des solutions aux politiciens et aux décideurs.
Nous leur proposons par exemple d’envisager, dans l’immédiat, des mesures incitatives de maintien en poste pour les travailleurs de la santé près de la retraite ou récemment retraités, afin d’améliorer l’accès aux soins dans les régions où c’est nécessaire. Il faut absolument obtenir un financement ciblé pour soulager les travailleurs de la santé du fardeau administratif qui contribue à l’épuisement professionnel et les empêche de consacrer plus de temps aux soins cliniques. Le Canada recèle d’excellents modèles de soins fondés sur le travail en équipe bénéfiques pour les patients et les fournisseurs de soins. Nous préconisons qu’un fonds d’intégration des soins primaires soit dédié au déploiement de ces modèles pour assurer l’accès universel à un médecin de famille et à une équipe de soins primaires au Canada.
À moyen terme, nous recommandons l’expansion des soins virtuels afin que toute la population canadienne y ait accès. Le CMFC continue de réclamer la couverture publique et le soutien de ces soins dans le contexte d’une relation existante avec un fournisseur principal, habituellement un médecin de famille. Nous recommandons aussi d’augmenter les effectifs en investissant dans de nouvelles infrastructures pédagogiques et en mettant en œuvre un plan d’action pour permettre aux médecins et aux infirmières et infirmiers formés à l’étranger de travailler au Canada. Dans les 18 prochains mois, notre plaidoyer sera axé sur une stratégie visant à promouvoir la santé mentale des travailleurs en santé.
Enfin, il est urgent, selon nous, d’améliorer la collecte de données provinciales, territoriales et fédérale sur la main-d’œuvre afin de mieux planifier selon les besoins. Le CMFC plaide fermement pour la collecte de données sur les champs d’exercices qui font état du cheminement professionnel. Nous réclamons encore un permis d’exercice national pour éliminer les obstacles à la mobilité interprovinciale et faciliter la suppléance, surtout en régions rurales et éloignées.
La médecine de famille est à un point tournant. Nous avons fait de notre mieux malgré la négligence et le sous-financement chroniques. Il est temps que les gouvernements investissent dans les soins primaires. Le statu quo n’est pas une option. Joignez-vous à nous dans nos efforts pour lutter contre la pénurie de médecins de famille. Pour en savoir plus sur les activités du CMFC en la matière et sur la façon d’y contribuer, visitez le https://www.cfpc.ca/fr/Penurie-de-medecins-de-famille-au-Canada.
Footnotes
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