
Je [doute] que la situation au pays serait pire pour nous, médecins de famille, si le CMFC n’existait pas. J’aimerais bien qu’on me donne un exemple concret de ce que le CMFC a accompli. »
Ces propos, tenus par un membre en début de carrière, m’ont donné à réfléchir. Bien que j’aie suivi une voie différente, j’ai toujours été un fervent partisan du Collège. Même lorsque ma carrière de médecin de famille a changé de cap vers la santé publique, j’ai continué à payer tous mes droits d’adhésion, à m’impliquer en tant qu’examinateur, à demander des subventions à la Fondation pour l’avancement de la médecine familiale, à publier dans Le Médecin de famille canadien et à participer au Forum en médecine familiale à chaque occasion.
J’ai décidé d’étudier le passé pour comprendre comment nous en sommes arrivés là. J’ai plongé dans l’historique du Collège rédigé par David Woods1, qui relate les problèmes auxquels le CMFC s’est attaqué et les solutions qu’il a proposées au cours des 25 premières années après sa création en 1954, à l’époque où il siégeait dans un sous-sol de la rue St-George, au centre-ville de Toronto.
On se préoccupait alors du fait que les étudiants en médecine étaient de plus en plus poussés à choisir d’autres spécialités et de la nécessité de mobiliser des ressources pour maintenir les compétences au fil du temps. L’absence d’unité de la formation et des normes rendait plus complexe la tâche de définir la pratique de la médecine de famille, ce qui, conjugué au manque de données et de recherches, nuisait à la lutte des médecins de famille pour améliorer leurs conditions de travail.
Certains de ces problèmes peuvent sembler bien familiers. Or, le livre de Woods décrit clairement les efforts essentiels de ses prédécesseurs pour trouver des solutions à ces questions et faire avancer notre cause. À présent, les médecins de famille ont la chance de pouvoir compter sur une organisation nationale qui se consacre exclusivement à défendre leurs intérêts. Aujourd’hui, le Collège corrige ce qui constituait autrefois un préjudice grave pour le domaine.
L’une des premières priorités du Collège a été de définir la discipline de la médecine de famille afin de déterminer le soutien, les ressources et les politiques nécessaires. La première définition mettait l’accent sur les normes de formation et de certification, qui ont été appliquées en partenariat avec les facultés de médecine et les universités pour établir les titres de compétence et créer des départements de médecine de famille et des programmes de résidence. Cette définition soulignait aussi les liens critiques entre le travail des médecins de famille dans la communauté et dans les hôpitaux locaux.
La production et la diffusion des connaissances ont ensuite suivi, non seulement par le maintien de la certification et des exigences de développement professionnel continu, mais aussi par la réalisation de recherches en médecine de famille par des médecins de famille, présentées dans une revue spécialisée et lors de réunions scientifiques dédiées au domaine. Un programme de prix et bourses a par ailleurs permis de reconnaître la contribution vitale de pairs et de rehausser ainsi le prestige de la médecine de famille.
Puis, s’ajoutant aux normes, au savoir et à la reconnaissance, les efforts de plaidoyer ont aidé à faire valoir devant la société que les soins primaires dirigés par les médecins de famille constituent le socle sur lequel repose le système de santé au pays. Au milieu des années 70, des données probantes générées par le Collège ont permis de mettre de l’avant de nouveaux modèles de rémunération qui récompenseraient la prestation de soins complets, globaux et continus1.
Ce sont là des exemples manifestes et concrets de principes de la pratique, établis et promus par le Collège, qui profitent aujourd’hui à la spécialité de la médecine de famille. Alors que le Collège continue d’évoluer en même temps que la pratique, notre effort collectif se poursuit.
Le premier président du CMFC, le Dr Murray R. Stalker, a souligné dans son discours inaugural que le Collège serait un jour au même niveau que ses pendants de la médecine spécialisée : « Les grands avantages qu’offre le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada ne furent pas récoltés dès la première année. Nous envisageons un programme de longue haleine [et] avons foi dans la noblesse et la vocation de l’omnipraticien, qui profiteront à la médecine au Canada et au peuple canadien1. »
Le Dr W. Victor Johnston, premier directeur général et chef de la direction du Collège, l’a expliqué de façon concise : « S’organiser pour s’améliorer et se protéger n’est pas seulement souhaitable, mais impératif1. »
Pour moi, une chose est claire comme de l’eau de roche : le Collège n’est aussi fort que par notre action collective. S’il n’existait pas aujourd’hui, la nécessité de s’unir de toute urgence pour le créer se ferait sentir. Bien que nos défis d’aujourd’hui diffèrent de ceux de 1954, la solution, comme au début, est de conjuguer notre énergie et nos efforts collectifs sous la bannière du Collège pour faire progresser la médecine de famille aujourd’hui et demain.
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