
J’ai toujours été fier d’être ce que Barack Obama, ancien président des États-Unis, a un jour appelé un « papa de filles ». Même s’il est difficile de concilier mon poste de chef de la direction du Collège et mon rôle de père (mon emploi du temps est parfois très serré : je descends d’un avion pour me rendre directement à un récital de piano, ou bien je réserve volontairement le dernier vol de Toronto (Ontario) à Vancouver (C.-B.), pour pouvoir assister à un entraînement de soccer), je veux lutter contre le stéréotype selon lequel les femmes devraient sacrifier leur temps et leur énergie pour le bien de leurs enfants et être présent aussi souvent que possible pour mes merveilleuses filles.
Avec ma conjointe, notre objectif en tant que parents est d’élever des filles fortes et sûres d’elles qui seront en mesure de se défendre contre le racisme et qui seront convaincues qu’elles sont capables de tout et que les occasions sont illimitées.
Ces valeurs et ces croyances profondes sont aussi partie intégrante de mon style et de mon approche en matière de leadership. Tout au long de ma carrière en santé publique, où les effectifs sont principalement dirigés et pilotés par des femmes, je me suis fait un devoir d’amplifier et de renforcer les voix des femmes et d’être un soutien et un confident lorsque la misogynie pointe son vilain nez.
Je suis également reconnaissant d’avoir eu la possibilité de travailler avec d’excellentes dirigeantes, d’avoir appris auprès d’elles et d’avoir bénéficié de leur encadrement. Elles m’ont aidé à développer ma propre carrière et à dessiner ma trajectoire; la Dre Eileen de Villa m’a particulièrement soutenu et m’a donné une chance lorsqu’elle m’a recruté au sein de la région de Peel, en 2016.
Toutefois, je suis conscient qu’il reste beaucoup à faire pour atteindre l’équité entre les genres en médecine. Toutes les études ont clairement montré1-4 qu’il existe un écart salarial entre les femmes et les hommes pour le même travail de médecin de famille, ce qui a de graves incidences en matière de services, de bien-être et de valeur. Plus récemment, un rapport du Fonds du Commonwealth a estimé que les femmes médecins en soins primaires sont les médecins les moins bien payés5.
Nous savons également que les congés de maternité et parental pour les médecins en exercice continuent d’être terriblement insuffisants, et que le harcèlement et les préjugés restent très courants6. L’hypothèse a souvent été émise que les femmes médecins de famille, du fait qu’il s’agit d’une spécialité majoritairement féminine tout comme les soins infirmiers, reçoivent moins d’attention, de soutien et de rémunération parce que leurs voix ne sont pas aussi présentes ou représentées aux tables de prise des décisions7.
Des solutions existent et peuvent être déployées pour améliorer l’équité et l’autonomisation. Les Dres Michelle Cohen et Tara Kiran ont déterminé que la mise en œuvre d’une formation sur la lutte contre l’oppression, la remise en question du cursus caché en formation médicale et l’établissement de processus de recrutement et de référence équitables et transparents, entre autres suggestions liées à la rémunération et à l’établissement de rapports, permettraient de combler l’écart salarial entre les genres6. La croissance et le travail de l’organisation sans but lucratif Canadian Women in Medicine, qui existe depuis maintenant 5 ans, a offert une tribune et un lieu au leadership réfléchi et à l’action collective sur ces questions8.
Le CMFC continue à faire sa part pour défendre les intérêts des femmes : l’équipe de direction est composée de femmes brillantes et talentueuses et l’ensemble du Collège s’engage à lutter contre les disparités entre les genres dans le domaine de la médecine.
Montrer l’exemple est également essentiel et le conseil des Dres Cohen et Kiran, qui affirment que « les hommes qui occupent des rôles de leadership ne doivent pas se contenter d’encadrer les femmes, mais aussi parrainer activement leurs carrières », vient renforcer l’approche que je me suis engagé à adopter dans ma carrière jusqu’à aujourd’hui. Nous pouvons tous contribuer à élever le discours et la conversation en offrant un espace sécuritaire, en dénonçant la misogynie et en écoutant les voix des femmes, en particulier là où la société n’est pas à la hauteur.
En continuant de poursuivre ces idéaux, je suis certain que nous serons les témoins de progrès vers un avenir meilleur et plus équitable, qui verra mes filles et l’ensemble des femmes diriger et affirmer leur force intrinsèque.
Footnotes
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