Question clinique
Les antagonistes de l’oréxine sont-ils sûrs et efficaces pour traiter l’insomnie primaire?
Résultats
Les antagonistes de l’oréxine aident les personnes à s’endormir environ 9 minutes plus rapidement et augmentent la durée totale du sommeil d’environ 19 minutes par rapport au placebo, sur une période de 1 à 3 mois. Environ 8 % de ceux qui prennent des antagonistes de l’oréxine ressentiront de la somnolence le lendemain par rapport à 2 % chez ceux qui prennent un placebo.
Données probantes
Nous avons recensé 17 revues systématiques d’ERC1-7; nous présentons principalement les revues les plus récentes et les plus complètes. Les différences étaient statistiquement significatives, à moins d’indications contraires.
Par rapport au placebo
- Dans une revue systématique1 (13 ERC, 7875 patients, âge moyen d’environ 55 ans) des paramètres inscrits dans un journal du sommeil, les antagonistes de l’oréxine ont changé ce qui suit après une période allant de 1 à 3 mois :
— Le sommeil débutait (65 minutes lors de la mesure de référence) environ 9 minutes plus rapidement avec les antagonistes de l’oréxine (47 minutes avant l’endormissement) qu’avec le placebo (56 minutes).
— La durée totale du sommeil a augmenté d’environ 19 minutes.
— Le temps d’éveil après l’endormissement était d’environ 9 minutes de moins.
— La qualité du sommeil s’est améliorée d’environ 5 % (p. ex. 0,2 point d’amélioration sur une échelle de 4 points, ce qui n’est probablement pas cliniquement significatif)8.
— Aucune différence clinique n’a été observée entre le nombre de réveils ou la sensation d’être reposé au réveil.
- D’autres revues ont signalé des observations semblables2-6.
— Le taux de réponse au traitement de l’insomnie6 était de 55 % contre 42 % (placebo), et le nombre de sujets à traiter=8.
- Un ERC accompagné d’un suivi à 12 mois faisait valoir des résultats semblables9.
- Les effets indésirables
— Il n’y avait pas de différence dans le taux des patients qui ont cessé le traitement en raison d’effets indésirables2,3,7,10.
— Parmi les effets indésirables les plus courants figuraient la somnolence (8,3 c. 2,2 % [placebo], nombre nécessaire pour nuire [NNN]=16) ainsi que la fatigue, la sécheresse buccale et des rêves anormaux (2 à 3 % environ chacun c. 1 % avec le placebo).
— Les taux de somnolence diurne excessive étaient de 0,6 % contre 0,3 % (placebo) et le NNN=290; les taux de paralysie du sommeil10 se situaient à 0,6 % contre 0 % (placebo) et le NNN=155.
— Les effets sur le risque de chutes sont imprécis (4 petites études observationnelles dans des hôpitaux) et varient d’une association à la hausse ou à la baisse11-14.
— Une étude observationnelle fait valoir un risque de fractures semblable entre le suvorexant et les médicaments de type z15.
Par rapport à un comparateur actif
- Un ERC comparant 5 mg ou 10 mg de lemborexant par rapport au zolpidem à libération prolongée16 a constaté ce qui suit :
— Le début du sommeil était de 5 à 7 minutes plus tôt avec le lemborexant (proportionnellement à la dose).
— Le temps d’éveil après l’endormissement variait d’indifférencié à environ 15 minutes meilleur avec le zolpidem.
— Aucune différence n’a été observée dans la durée du sommeil.
— Le taux de cessation en raison d’effets indésirables était de 0,9 % contre 2,7 % avec le zolpidem.
- Limitations : déclaration incomplète des résultats, utilisation d’ajouts et financement des ERC par l’industrie.
Contexte
L’efficacité était semblable chez les personnes de plus de 65 ans17.
Des études laissent croire en de minimes symptômes de sevrage, mais les données probantes sont limitées2,14,16,18.
- Le potentiel d’usage abusif n’a pas été formellement évalué dans les ERC sur l’insomnie.
La thérapie non pharmacologique par restriction du sommeil est efficace19.
Le lemborexant (disponible au Canada) coûte environ 50 $ pour 30 comprimés20.
Mise en application
L’insomnie touche environ 30 % de la population des patients en soins primaires21. Sa prise en charge exige de remédier aux facteurs contributifs. Dans une cohorte en soins primaires21, l’insomnie primaire représentait 12 % des cas d’insomnie, mais les autres facteurs concomitants comprenaient la dépression et l’anxiété (50 %), des problèmes de santé généraux (43 %), le syndrome des jambes sans repos (22 %), l’apnée du sommeil (9 %) et des problèmes de consommation d’alcool ou d’autres substances (12 %). Les lignes directrices recommandent de traiter l’insomnie par la thérapie cognitivo-comportementale, et signalent que l’hygiène du sommeil et les croyances dysfonctionnelles à propos du sommeil doivent être prises en compte dans le traitement22. Des outils en ligne validés à l’intention des médecins et des patients sont disponibles23.
Notes
Les articles d’Outils pour la pratique dans le MFC sont une adaptation d’articles révisés par des pairs qui se trouvent à http://www.toolsforpractice.ca et résument les données médicales probantes susceptibles de modifier la pratique des soins primaires. Coordonnés par le Dr G. Michael Allan et la Dre Adrienne J. Lindblad, les articles sont élaborés par l’équipe du groupe PEER (Patients, Expérience, Évidence, Recherche) et soutenus par le Collège des médecins de famille du Canada et ses sections de l’Alberta, de l’Ontario et de la Saskatchewan. Vos commentaires sont les bienvenus à toolsforpractice{at}cfpc.ca.
Footnotes
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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