Abstract
Objectif Présenter aux médecins de famille des stratégies de prescription et de diagnostic qui peuvent réduire les émissions de carbone liées aux inhalateurs.
Sources de l’information Cette revue se fonde sur l’expérience des auteurs dans l’élaboration de guides et de cours sur la prescription d’inhalateurs respectueuse du climat pour CASCADES (Créer un système de santé canadien durable face à la crise climatique). L’approche a été peaufinée à la suite de commentaires de patients et de professionnels depuis la publication du premier guide, en 2021. Une recension a aussi été effectuée dans PubMed pour trouver des publications pertinentes sur l’utilisation des inhalateurs, et sur la prise en charge de l’asthme et de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC). Les lignes directrices actuelles sur l’asthme et la MPOC ont aussi été passées en revue.
Message principal On reconnaît de plus en plus l’impact considérable des inhalateurs sur les émissions de carbone engendrées par le secteur de la santé. De récents sondages indiquent que les patients canadiens se soucient du changement climatique, et qu’ils seraient réceptifs à l’idée de choisir des traitements et une prestation des soins à production moins intensive de carbone, s’ils étaient accessibles. En plus du choix de l’inhalateur, il existe de nombreuses possibilités de réduire les impacts sur le climat des soins respiratoires et d’améliorer la qualité des soins. En collaborant avec les patients pour faire en sorte qu’ils utilisent les médicaments appropriés, et ce, correctement, il sera possible d’obtenir des économies de carbone et de meilleurs résultats en santé. La crise climatique peut donc servir de catalyseur pour améliorer le traitement des patients souffrant de problèmes respiratoires. Les médecins de famille peuvent réduire les émissions de carbone liées aux inhalateurs en évitant d’en prescrire inutilement; en s’assurant que le contrôle de l’asthme et de la MPOC est optimisé; en se demandant s’il est approprié de prescrire un inhalateur plus écologique; en optimisant la technique du dosage pour réduire les émissions et le gaspillage; et en disposant convenablement des inhalateurs, si possible.
Conclusion Les médecins de famille peuvent réduire les émissions de carbone associées aux inhalateurs au moyen des stratégies suivantes : confirmer le diagnostic, contrôler la maladie, tenir compte du type d’inhalateur, optimiser la technique du dosage et encourager les façons appropriées de disposer des inhalateurs.
À mesure que la crise climatique s’aggrave, des changements environnementaux comme les températures plus élevées, les sécheresses et les feux de forêt augmentent les allergènes, l’ozone au niveau du sol et la pollution de l’air par les matières particulaires, ce qui, en retour, entraîne des taux plus élevés de maladies respiratoires et cardiovasculaires. Les personnes atteintes de problèmes respiratoires existants sont particulièrement vulnérables aux risques pour la santé associés au changement climatique1,2.
Alors que le secteur de la santé aura la tâche de réagir à la hausse des maladies respiratoires, les professionnels de la santé peuvent aussi contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant du secteur de la santé; la prise en charge des maladies respiratoires, en particulier, a une énorme empreinte carbone.
Des données publiées en 2018 indiquent que le secteur de la santé au Canada est responsable de 4,6 % des émissions nationales de GES; les émissions de GES du secteur canadien de la santé contribuent à 23 000 années de vie perdues chaque année en raison d’incapacités ou de décès prématurés3. Une analyse réalisée par le National Health Service de l’Angleterre a fait valoir qu’environ 70 % des émissions par le secteur de la santé ont pour origine les produits pharmaceutiques, le matériel médical et le reste de la chaîne d’approvisionnement4. Les médicaments représentent 25 % du total des émissions de GES par le système de santé au Canada, la catégorie productrice d’émissions à elle seule la plus importante3. Les aérosols-doseurs pressurisés (AD) contribuent 3,1 % des émissions produites par le National Health Service5 du Royaume-Uni (R.-U.) et 22 % de ses émissions en soins primaires4. Même si les données canadiennes sur les émissions de GES causées par la prescription d’AD ne sont pas accessibles actuellement, nos habitudes de prescription d’inhalateurs sont semblables à celles du R.-U. (p. ex. proportions semblables d’AD et d’inhalateurs de poudre sèche [IPS])6. Les propulseurs des AD sont présentement activés par de l’hydrofluorocarbure (HFC), qui est un puissant GES, jusqu’à 3000 fois plus puissant que le dioxyde de carbone7. La plupart des émissions provenant des AD se produisent durant leur utilisation (de 56 à 70 %) et leur élimination (de 26 à 32 %)8. De nouveaux propulseurs qui émettent moins de GES sont en voie de développement9, mais il faudra probablement plusieurs années avant qu’ils ne soient adoptés largement sur le marché10. et il pourrait y avoir des obstacles à leur adoption, notamment leur coût, leur couverture par les assurances et leur compatibilité avec certains médicaments.
Sources de l’information
Cette revue se fonde sur l’expérience des auteurs dans l’élaboration de guides et de cours sur la prescription d’inhalateurs respectueuse du climat pour CASCADES (Créer un système de santé canadien durable face à la crise climatique). L’approche a été peaufinée à la suite de commentaires de patients et de professionnels depuis la publication du premier guide, en 2021. Une recension a aussi été effectuée dans PubMed pour trouver des publications pertinentes sur l’utilisation des inhalateurs, et sur la prise en charge de l’asthme et de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC). Les lignes directrices actuelles sur l’asthme et la MPOC ont aussi été passées en revue.
Message principal
Les inhalateurs de poudre sèche sont dépourvus de gaz propulseur et, par conséquent, ont une empreinte carbone considérablement moins élevée que les AD. Il a été démontré que les IPS engendrent des répercussions environnementales considérablement plus importantes que les AD dans certaines catégories, comme l’eutrophisation marine et l’acidification de l’eau douce, mais étant donné la gravité de la crise climatique, ces impacts sont vraisemblablement moins importants que ceux sur le climat, ce qui fait actuellement des IPS l’option à privilégier sur le plan de l’environnement. En outre, des évaluations plus récentes indiquent que ces autres impacts, qui se produisent durant la fabrication des IPS, pourraient être beaucoup moins importants que ce qu’on avait initialement supposé11.
On reconnaît de plus en plus les impacts considérables qu’ont les inhalateurs sur les émissions de GES provenant du secteur de la santé. La Société canadienne de thoracologie (SCT) et la British Thoracic Society ont d’ailleurs publié des énoncés de principe sur le changement climatique et sur les choix d’inhalateurs, en 2023 et 2022 respectivement12,13. La Colombie-Britannique aborde directement les impacts environnementaux des inhalateurs dans ses recommandations de 2023 sur l’asthme14. Le National Institute for Health and Care Excellence du R.-U. se prononce aussi sur les inhalateurs et le changement climatique dans une aide à la décision pour les patients publiée en 202215.
De récents sondages indiquent que la plupart des patients canadiens se préoccupent du changement climatique et seraient réceptifs à l’idée de choisir des traitements et une prestation des soins à production moins intensive de carbone, s’ils étaient accessibles16. Seulement 1 Canadien atteint d’une maladie respiratoire sur 5 est au courant des impacts environnementaux des inhalateurs, et pourtant, un sondage a fait valoir que près de 60 % croient qu’il est important de choisir des inhalateurs à plus faible émission de carbone pourvu que leur efficacité soit semblable17.
En plus du choix d’un inhalateur, il existe de nombreuses possibilités pour atténuer les impacts climatiques des soins respiratoires tout en améliorant leur qualité. En collaborant avec les patients pour faire en sorte qu’ils utilisent les médicaments appropriés, et ce, correctement, il sera possible d’obtenir des économies de carbone et de meilleurs résultats en santé. La crise climatique peut donc servir de catalyseur pour améliorer le traitement des patients souffrant de problèmes respiratoires.
Les médecins de famille peuvent réduire les émissions de carbone liées aux inhalateurs en adoptant les stratégies suivantes (Figure 1)18,19 :
Confirmer le diagnostic : réduire la prescription inutile d’inhalateurs atténuera les impacts environnementaux.
Contrôler les maladies : faire en sorte que la maîtrise de l’asthme et de la MPOC soit optimisée.
Se questionner sur le type d’inhalateur : chez certains patients, un type d’inhalateur plus écologique pourrait convenir.
Optimiser la technique de dosage : quel que soit le type d’inhalateur, l’optimisation de la technique réduit les émissions et le gaspillage.
Disposer des inhalateurs de manière appropriée : de nombreux inhalateurs finissent par être jetés dans les ordures ménagères, mais il est possible d’en disposer de manière plus écologique dans certaines régions.
Stratégies à l’intention des médecins de famille pour réduire les émissions de carbone liées aux inhalateurs
Confirmer le diagnostic. De nombreux patients étiquetés comme souffrant d’asthme ou de MPOC ont en réalité reçu un mauvais diagnostic20-23. Chez le tiers des patients, l’asthme diagnostiqué par un médecin n’est pas étayé par une spirométrie lorsqu’ils sont sevrés de leur thérapie d’entretien et, pourtant, 79 % de ces patients utilisent des inhalateurs24. Dans la même veine, de 31 à 44 % des patients ayant reçu un diagnostic de MPOC en soins primaires n’ont pas vraiment la maladie lorsqu’ils subissent un test objectif25,26. Un recours accru aux tests diagnostiques objectifs pour les patients chez qui on soupçonne l’asthme ou la MPOC pourrait réduire considérablement l’utilisation inutile des inhalateurs et les émissions correspondantes de GES produites par les AD27, de même que les autres répercussions environnementales des IPS28.
En plus des dommages environnementaux causés par la surprescription d’inhalateurs, un diagnostic erroné peut aussi faire en sorte que les patients s’étiquettent incorrectement eux-mêmes comme étant « malades »; que leur réel diagnostic passe inaperçu; que les patients et les assureurs engagent des dépenses inutiles; et que les médicaments causent des effets secondaires22.
Il peut être difficile, dans certaines communautés, d’avoir accès à des tests objectifs. La plupart des patients n’ont pas besoin d’un examen complet de la fonction pulmonaire; la spirométrie en clinique suffit. Dans certaines provinces, la spirométrie en clinique peut être offerte par des tierces parties (p. ex. l’Asthma Research Group Windsor-Essex County Inc., en Ontario; https://www.argi.on.ca).
De nombreux patients reçoivent une prescription d’inhalateurs pour une toux, virale ou des suites d’une infection, qui est un problème qui disparaît de lui-même et n’exige pas de traitement. Une revue systématique a fait valoir que, chez les adultes, une toux aiguë dure en moyenne 18 jours, alors que les patients s’attendent à une durée de 7 à 9 jours29. Chez les enfants, une toux aiguë dure de 5 à 20 jours30. Des revues systématiques d’essais randomisés contrôlés sur des traitements variant des corticostéroïdes inhalés à des agents par voie orale ont conclu qu’il n’y a pas de bienfaits éprouvés des traitements de la toux à la suite d’une infection31,32, soulignant sa nature spontanément résolutive.
Le diagnostic objectif de la maladie obstructive des voies aériennes revêt tant d’importance que la SCT et Choisir avec soin Canada ont publié 2 recommandations distinctes à ce propos :
« Ne commencez pas de médicaments pour l’asthme (p. ex. inhalateurs, antagonistes des récepteurs des leucotriènes ou autres) chez les patients ≥ 6 ans qui n’ont pas reçu de confirmation d’une obstruction respiratoire réversible avec la spirométrie, ou, en l’absence d’une telle confirmation, un résultat positif au test de provocation à la méthacholine ou à l’effort, ou une variabilité suffisante de leur débit expiratoire de pointe33. »
« Ne commencez pas de traitement d’entretien à long terme par inhalateurs chez des patients cliniquement stables souffrant d’une MPOC présumée tant que l’obstruction respiratoire post-bronchodilatateur n’a pas été confirmée avec la spirométrie33. »
Contrôler la maladie. La maladie est mal contrôlée chez plus de la moitié des patients souffrant d’asthme ou de MPCO en raison de schémas thérapeutiques d’entretien par inhalateurs sous-optimaux34-36, ce qui entraîne une utilisation excessive d’un inhalateur de secours avec des β-agonistes à courte durée d’action (BACA)37,38. La surutilisation des BACA (>2 dispositifs par année) est une source majeure des émissions liées aux inhalateurs, parce que la majorité des BACA sont actuellement prescrits sous forme d’AD. En outre, les patients dont la maladie respiratoire est mal contrôlée sont plus susceptibles d’avoir besoin d’une visite à l’urgence (DU) ou d’une admission à l’hôpital, ce qui produit de fortes émissions de carbone. Dans l’étude SABINA (SABA Use In Asthma) effectuée au R.-U., la maîtrise sous-optimale de l’asthme était corrélée avec trois fois les émissions de carbone produites lorsque la maladie était bien contrôlée, quel que soit le type d’inhalateur d’entretien39. Dans cette étude, 83 % des prescriptions de BACA étaient destinées à des patients qui surutilisaient des BACA (p. ex. maîtrise sous-optimale de l’asthme). Une meilleure adhésion à la prise en charge des maladies fondée sur les lignes directrices pourrait réduire considérablement l’empreinte carbone associée à l’asthme et à la MPOC6,40.
Les lignes directrices de la SCT de 2021 recommandent d’offrir le budésonide-formotérol (en IPS) comme option de rechange à la thérapie de secours aux patients de plus de 12 ans dont l’asthme est bien contrôlé et qui prennent un BACA en monothérapie41. Elles accordent aussi un rôle au budésonide-formotérol chez les patients de plus de 12 ans dont l’asthme est mal maîtrisé et qui suivent une monothérapie avec un BACA, mais qui ne se conforment pas bien au traitement d’entretien malgré une formation sur l’asthme et le soutien. La Global Initiative for Asthma recommande le budésonide-formotérol comme thérapie de secours à privilégier au lieu d’un BACA seul42.
Ces recommandations sont justifiées en partie par le risque reconnu depuis longtemps que pose une monothérapie par BACA dans les cas d’asthme. L’utilisation régulière d’un BACA peut entraîner une régulation à la baisse des β-récepteurs, une hypersensibilité de rebond et une diminution de la réponse aux bronchodilatateurs. C’est pourquoi même les patients dont l’asthme semble léger peuvent courir le risque de complications sérieuses42. L’utilisation de 2 dispositifs ou plus de BACA par année est associée au double du nombre de visites à l’urgence et d’hospitalisations43. Un plus grand recours aux BACA est aussi corrélé à une mortalité accrue par rapport aux patients qui prennent moins de 2 dispositifs par année44. L’étude SYGMA (Symbicort Given As Needed in Mild Asthma) a démontré que l’utilisation du budésonide-formotérol au besoin réduisait le taux d’exacerbations sévères par rapport à la monothérapie de secours avec un BACA45. Une étude a fait valoir que l’utilisation de corticostéroïdes inhalés est 73 % plus élevée lorsque les patients reçoivent une prescription d’inhalateur contenant un seul médicament46. Des problèmes entourant le coût et la couverture par les assurances demeurent un obstacle important à la mise en œuvre plus généralisée de ces recommandations. Un ajustement de la prise en charge de l’asthme en fonction des lignes directrices de la SCT présente la possibilité de réduire les émissions grâce à une meilleure maîtrise de l’asthme.
Examiner le type d’inhalateur. Les inhalateurs de poudre sèche et de bruine légère ont des empreintes carbone environ 10 fois inférieures à celles des AD47. La majorité des émissions (de 50 à 90 %) attribuées aux IPS surviennent lors de leur production8. Il a été démontré que les IPS sont cliniquement efficaces pour la plupart des patients atteints de problèmes respiratoires comme l’asthme et la MPOC48,49. Des études évaluant le passage d’un AD à un IPS ont démontré que la majorité des patients peuvent continuer avec un IPS sans perdre la maîtrise de leur asthme50-52.
Même si les AD représentent plus de 70 % des inhalateurs vendus, les IPS produisent une efficacité semblable et sont souvent préférés par les patients50,53-57 parce qu’ils sont généralement plus faciles à utiliser et qu’ils comportent souvent un compteur de doses. Dans une étude, le changement d’un AD à un IPS a réduit de moitié l’empreinte carbone des personnes souffrant d’asthme tout en améliorant le degré de contrôle de leur asthme52. Dans certains pays européens, comme la Suède et le Danemark, les IPS représentent plus de 80 % des inhalateurs vendus58, ce qui porte à croire qu’il est possible de changer les habitudes de prescription au Canada.
Informer les patients sur d’autres inhalateurs aux émissions de carbone moins intensives peut les responsabiliser par l’entremise d’une prise de décision partagée et contribuer à de meilleurs résultats en santé59. Il n’est jamais approprié de les forcer à changer; il faut leur offrir le choix60. Certains patients préfèrent tout simplement les AD61. Les changements de dispositifs sans l’assentiment des patients peuvent réduire la confiance qu’ils ont à l’endroit de leur médicament62, et des changements multiples au traitement sont associés à la non-conformité63. La non-adhésion peut se traduire par une perte du contrôle de la maladie, et engendrer des risques directs de morbidité et de mortalité pour les patients et, paradoxalement, augmenter les émissions de GES en raison d’événements producteurs de carbone, comme des visites chez le médecin et des hospitalisations pour des exacerbations aiguës64.
Certains patients sont incapables de déployer la force inspiratoire voulue pour libérer et disperser convenablement la poudre avec un IPS, soit en raison d’une pneumopathie grave au départ ou d’une exacerbation aiguë de la maladie65. Le flux et la coordination de l’inspiration peuvent aussi être insuffisants chez les enfants d’âge préscolaire66,67 et les patients plus âgés; une faiblesse neuromusculaire et une déficience cognitive peuvent aussi exclure la possibilité d’utiliser un IPS. Cependant, ces préoccupations ne s’appliquent probablement qu’à une petite minorité (<5 %) de patients65.
Des études indiquent qu’un choix rigoureux des IPS à plus faible coût dans chaque classe de médicaments peut réduire les coûts globaux par rapport à ceux des AD68, mais les répercussions sur le plan des coûts peuvent varier selon la couverture des assurances des patients et doivent être prises en compte individuellement.
Lorsque des AD sont nécessaires, les cliniciens peuvent choisir ceux qui émettent le moins de GES. L’intensité carbone d’un AD varie selon le type de HFC utilisé, et varie considérablement en fonction du volume de HFC présent dans chaque dispositif69. Un AD de salbutamol à faible volume de HFC contient l’équivalent en GES d’un trajet de 47,2 km dans un véhicule moyen à essence, comparativement à un AD à volume élevé, qui équivaut à un parcours allant jusqu’à 170 km (calcul d’un auteur70-72) (Figure 2)19,73.
Carbon footprint of metered-dose inhalers
Optimiser la technique. Les inhalateurs sont mal utilisés jusqu’à 71 % du temps74-78. Qu’importe le type d’inhalateur, prendre le temps voulu pour assurer un usage approprié peut réduire les émissions de carbone en améliorant la maîtrise de la maladie et en réduisant le risque de jeter trop tôt le dispositif (p. ex. lorsqu’il reste encore des doses). Une mauvaise utilisation des inhalateurs est associée à un contrôle médiocre de la maladie74, ce qui entraîne une augmentation du recours à un AD de secours, une détérioration de la qualité de vie, un plus grand nombre de visites à l’urgence et d’hospitalisations, de même que la nécessité de prendre des corticostéroïdes et des antibiotiques par voie orale76,77,79. Une utilisation incorrecte des inhalateurs peut être plus fréquente avec les AD qu’avec les IPS50,80-83. Cette mauvaise utilisation des AD est encore plus courante chez les adultes âgés (79 % font de graves erreurs)83 et les enfants (97 % les utilisent de manière inappropriée)80. En raison de l’absence d’un compteur de doses, de nombreux patients ne peuvent pas savoir avec certitude quand leur AD est vide84 et en disposent trop tôt ou trop tard (p. ex. l’utiliser quand il ne reste plus de médicament).
Les cliniciens peuvent assurer une bonne technique d’inhalation en faisant des démonstrations périodiques et en revoyant la technique avec les patients en clinique, en demandant une consultation en inhalothérapie communautaire, ou en demandant aux pharmaciens de revoir la technique avec les patients. Avec les AD, un dispositif d’espacement améliore la libération des médicaments et se traduit ainsi en des activations moins nombreuses pour procurer le soulagement des symptômes, d’où une réduction des émissions de carbone85; de plus, une meilleure libération des médicaments réduit le nombre d’exacerbations, des événements qui produisent beaucoup de carbone.
Disposer de l’inhalateur de manière appropriée. Une large part (26 à 32 %) des GES attribuables aux AD sont produits après qu’on en a disposé, parce que le gaz propulseur continue de s’échapper même lorsque l’inhalateur est « vidé » de son ingrédient actif8. Nous pouvons encourager les patients à rapporter leurs inhalateurs usagés à la pharmacie pour qu’ils soient éliminés de manière appropriée, notamment par incinération contrôlée. L’incinération contrôlée dans un incinérateur agréé aux températures prescrites entraîne une dégradation thermique des HFC en sous-produits ayant un potentiel plus faible de réchauffement planétaire85. Le recyclage a aussi le potentiel de réduire les émissions de GES en récupérant les gaz propulseurs durant l’étape de la disposition86. Selon la province, certaines pharmacies acceptent les retours d’inhalateurs et facilitent le recyclage et l’incinération (information accessible à https://arpsante.ca/), et les patients devraient être encouragés à rapporter leurs inhalateurs dans une pharmacie pour une élimination appropriée. Les médecins de famille peuvent aussi communiquer avec les pharmacies de leur communauté concernant la façon de disposer des inhalateurs. L’infrastructure et la planification nécessaires à la disposition, en particulier pour le recyclage, ont besoin d’améliorations partout au Canada pour soutenir les efforts de durabilité.
Conclusion
La prescription d’inhalateurs respectueuse du climat est un changement simple, mais efficace, que peuvent faire les médecins de famille et qui a l’avantage additionnel d’améliorer les soins respiratoires aux patients. Même si des changements aux habitudes peuvent parfois être lents et difficiles, des ressources sont accessibles pour soutenir la prescription d’inhalateurs plus respectueuse du climat. CASCADES est une initiative financée par le gouvernement fédéral, qui soutient la transition des soins de santé canadiens vers un système de santé résilient au changement climatique, durable et faible en production de carbone. CASCADES s’est associé avec des patients et des leaders cliniciens pour élaborer des ressources à l’appui des professionnels dans la prescription écoresponsable d’inhalateurs. Les ressources en soins primaires incluent des tableaux comparatifs des inhalateurs sur le plan de la couverture provinciale et des coûts, des modèles de lettres aux patients, des affiches, de l’information liée aux dossiers médicaux électroniques et des vidéos sur les techniques d’inhalation. Le matériel est disponible gratuitement en ligne à https://cascadescanada.ca/fr/domaines-daction/pharmacie-prescription/.
Notes
Points de repère du rédacteur
▸ Le recours accru à des tests diagnostiques objectifs de l’asthme et de la maladie pulmonaire obstructive chronique suspectés et une meilleure prise en charge des maladies selon les lignes directrices peuvent réduire considérablement l’utilisation inutile des inhalateurs et les émissions correspondantes de gaz à effet de serre produites par les aérosols-doseurs (AD).
▸ Les inhalateurs de poudre sèche et les inhalateurs de bruine légère ont des empreintes carbone qui sont environ 10 fois moins élevées que celles des AD. Il a été démontré que les inhalateurs de poudre sèche sont cliniquement efficaces chez la plupart des patients souffrant de problèmes respiratoires comme l’asthme et la maladie pulmonaire obstructive chronique. Même si les AD représentent plus de 70 % des inhalateurs vendus, les inhalateurs de poudre sèche procurent une efficacité semblable et sont souvent préférés par les patients, parce qu’ils sont généralement plus faciles à utiliser et comprennent souvent un compteur de doses.
▸ Les cliniciens peuvent assurer une technique d’inhalation appropriée en montrant la technique aux patients et en la révisant périodiquement avec eux à la clinique, en sollicitant pour eux une consultation en inhalothérapie ou en demandant à un pharmacien de revoir la technique avec les patients. Avec les AD, un dispositif d’espacement améliore l’administration des médicaments et, par conséquent, se traduit par une réduction du nombre d’activations pour soulager les symptômes, ce qui réduit les émissions de carbone; de plus, une meilleure administration des médicaments réduit le nombre d’exacerbations. On peut encourager les patients à retourner les inhalateurs usagés à la pharmacie pour en disposer de manière appropriée.
Footnotes
Collaborateurs
Tous les auteurs ont contribué à la revue de la littérature scientifique et à la préparation du manuscrit aux fins de soumission.
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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Références
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