Question clinique
Quels sont les risques et les bienfaits d’utiliser des corticostéroïdes topiques pour la dermatite atopique chez les enfants et les adultes?
Résultats
Bien que les données probantes soient limitées, les corticostéroïdes topiques sont efficaces contre la dermatite atopique, et leur efficacité augmente probablement en fonction de leur puissance. L’application 1 fois par jour semble aussi efficace que l’application 2 fois par jour. Un traitement 2 jours par semaine des zones où se produisent souvent des éruptions récurrentes aidera à éviter 60 % des récurrences par rapport à 30 % en utilisant un placebo sur 16 semaines. Les corticostéroïdes topiques sont bien tolérés sur une période allant jusqu’à 6 semaines. Les préjudices à long terme sont inconnus.
Données probantes
Les résultats sont statistiquement significatifs à moins d’indications contraires. Quatre revues systématiques réalisées entre 2017 et 2023 ont été recensées1-4.
Les corticostéroïdes topiques par rapport à un véhicule ou un hydratant.
- Une méta-analyse portant sur 12 ERC (N=2224 enfants) a fait valoir que 65 % des sujets répondaient aux corticostéroïdes topiques (tous types confondus) par rapport à 32 % avec un véhicule ou un hydratant; les résultats n’ont pas été comparés sur le plan statistique1.
- Une revue de 4 ERC (N=718) a constaté que 28 % des patients qui utilisaient du fluticasone en crème d’une teneur allant de 0,005 à 0,05 % en prévention 2 jours par semaine avaient 1 éruption ou plus sur une période de 16 à 20 semaines par rapport à 61 % chez ceux qui appliquaient un véhicule (nombre de sujets à traiter [NST]=3)2. Une autre revue signalait des observations semblables3.
La réponse aux formulations à plus faible puissance contre celles à plus forte puissance.
- Une revue comparait les réponses en fonction de la puissance classée comme étant faible (hydrocortisone à 1 %), modérée (valérate d’hydrocortisone à 0,2 %), élevée (valérate de bétaméthasone à 1 %) et très élevée (propionate de clobétasol à 0,05 %)3.
— Une amélioration notable a été signalée après 1 à 5 semaines chez 34 % de ceux qui utilisaient des formulations faibles par rapport à 52 % chez ceux qui appliquaient des formulations modérées (4 ERC, N=449; NST=6), et chez 39 % de ceux utilisant une formulation faible par rapport à 71 % de ceux appliquant une formulation classée élevée (9 ERC, N=458; NST=4)3.
— Les résultats étaient partagés en ce qui a trait à la comparaison entre les corticostéroïdes à puissance modérée ou élevée et ceux les plus puissants3. Dans les essais comparant des participants différents, aucune différence n’a été rapportée après 1 à 5 semaines. Dans les essais impliquant les mêmes participants, les puissances plus élevées semblaient plus efficaces, mais il n’était pas possible d’interpréter les statistiques. Un essai reposant sur un système américain de classification de 7 puissances a fait valoir une augmentation progressive de l’efficacité proportionnelle à la puissance, mais les comparaisons étaient indirectes et les statistiques n’ont pas été fournies4.
Une application du même corticostéroïde 1 fois par jour par rapport à 2 fois.
- Aucune différence n’a été signalée (5 ERC, N=903)3.
Des renseignements limités sur les événements indésirables à court terme (2 à 6 semaines).
- Un amincissement de la peau a été rapporté chez moins de 1 % des sujets sur placebo ou sur corticostéroïdes (35 ERC, N=3576)3. Les limitations des ERC étaient leur durée trop courte et la difficulté à mesurer les effets indésirables sur une peau malade ou épaissie3.
- Sur une peau normale, la perte de l’épaisseur épidermique moyenne était de 0 % avec les corticostéroïdes faibles contre 26 % avec les corticostéroïdes très puissants (10 études chez des patients sans eczéma)5.
Contexte
Mise en application
La dermatite atopique est une maladie dermatologique inflammatoire et récurrente, souvent diagnostiquée chez les enfants. Des traitements topiques sont recommandés au moins 1 fois par jour pour prolonger l’intervalle entre les éruptions2 et possiblement réduire leur sévérité2,8. Aucune donnée probante n’étaye la supériorité d’un hydratant par rapport à un autre2,8. De courts bains avec un nettoyant sans savon 2 fois par jour, suivis de l’application d’un hydratant améliorent les symptômes chez les enfants9. Il n’existe pas d’unique schéma thérapeutique optimal aux corticostéroïdes topiques, mais une augmentation par étape de leur puissance est raisonnable8. Le tacrolimus est un agent de substitution7. Si la réponse est inadéquate, il y a lieu d’envisager une demande de consultation en dermatologie pour un traitement avec des agents systémiques8.
Notes
Les articles d’Outils pour la pratique dans le MFC sont une adaptation d’articles révisés par des pairs qui se trouvent à http://www.toolsforpractice.ca et résument les données médicales probantes susceptibles de modifier la pratique des soins primaires. Coordonnés par le Dr G. Michael Allan et la Dre Adrienne J. Lindblad, les articles sont élaborés par l’équipe du groupe PEER (Patients, Expérience, Évidence, Recherche) et soutenus par le Collège des médecins de famille du Canada et ses sections de l’Alberta, de l’Ontario et de la Saskatchewan. Vos commentaires sont les bienvenus à toolsforpractice{at}cfpc.ca.
Footnotes
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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