Propositions de recherche en 6 phrases et 3 énoncés

La rédaction concise d’une proposition

Les auteurs de propositions exhaustives mettent trop souvent l’accent sur la section de mise en contexte, en ajoutant des détails superflus et en amplifiant la prévalence d’une affection ou d’un facteur de risque. Certains enjolivent les sections introductives, peut-être pour montrer qu’ils sont au fait de nombreuses études pertinentes. Une bonne connaissance de la littérature peut être véhiculée par le rapprochement d’une étude pertinente avec la question de recherche.

Question de recherche et méthodologie. Le résumé ne commence pas par une mise en contexte ou une introduction, mais plutôt par la question de recherche. On met ainsi l’accent sur l’étude proposée. Aussi, une question de recherche précise et bien présentée fournit généralement l’information contextuelle implicite. Lorsqu’on la combine à la méthodologie, la question de recherche illustre clairement les mesures proposées. L’information sur le contexte de l’étude peut être incluse à la section sur la méthodologie.

Synthèse des connaissances et étude la plus similaire. La recherche de la revue systématique la plus pertinente et la synthèse des connaissances incitent l’auteur à établir la portée actuelle de la littérature sur le sujet visé par l’étude. La sélection de l’étude qui se rapproche le plus de celle proposée encourage l’auteur à tenir compte de l’apport de son ouvrage à la littérature et à déterminer si un tel ouvrage est vraiment nécessaire. L’étude la plus similaire peut être celle qui présente la synthèse des connaissances la plus pertinente ou encore l’étude la plus récente.

Valeur de l’étude proposée. L’auteur présente ensuite la valeur de l’étude proposée en résumant les données de la revue systématique ou de la synthèse des connaissances la plus pertinente. Cette section permet d’aborder les limites des 2 sections précédentes sur la recherche de la littérature, au cas où un aspect aurait été omis, par exemple une étude importante dont les résultats sont négatifs ou aberrants.

Importance de l’étude proposée. Alors que la valeur de l’étude signifie son apport à la littérature, la section sur l’importance vise à résumer le potentiel plus général de l’étude, notamment des changements à la pratique ou aux politiques cliniques. On place sciemment cette section en dernier pour éviter d’amplifier l’importance d’une étude proposée qui n’est pas susceptible d’apporter une contribution significative.

Limites et avantages de cette approche

Cette approche comporte plusieurs limites. Une proposition de recherche en format résumé peut s’avérer viable dans les cas où la version abrégée n’est pas due, par exemple, à un manque de données pour la réalisation de l’étude. Toutefois, le résumé peut soulever des enjeux devant faire l’objet d’un examen approfondi. De plus, s’il est incomplet, un résumé peut donner une fausse impression des bénéfices de l’étude proposée. Par exemple, si l’auteur omet d’indiquer une étude très similaire, le projet proposé pourrait faussement sembler novateur. Nous n’avons pas prouvé que cet outil est supérieur à d’autres démarches, mais notre expérience nous permet de croire qu’il est utile.

Nous avons connu des expériences positives en utilisant ces brefs résumés pour des propositions de projets universitaires dans le contexte de la résidence en médecine familiale du réseau Unity Health Toronto (Ontario). Bien que les résidents en médecine familiale soient parfois moins enclins à développer leurs compétences en recherche traditionnelle, la capacité d’éplucher la littérature médicale et de faire l’examen détaillé d’études est essentielle. Cette approche précise—axée sur la concision et la clarté des propositions de recherche—convient particulièrement bien aux programmes de résidence en médecine familiale. En effet, la médecine familiale couvre une diversité de sujets cliniques et offre la possibilité d’entreprendre un éventail de types de projets, qu’il s’agisse de la mise en chantier de projets de recherche clinique, de la contribution à ces projets ou encore de la synthèse des lignes directrices visant la pratique clinique. Cette méthode aide à uniformiser la contribution des résidents, et à établir une signification, une portée et un intérêt personnels pour les résidents et leurs superviseurs.

Les travaux scientifiques en pédagogie, comme la théorie de la charge cognitive, viennent appuyer l’idée qu’on peut améliorer les résultats en réduisant les tâches complexes en processus simplifiés, ce qui permet aux apprenants de se concentrer sur les éléments les plus importants^7,8. Cette méthode aide les résidents à dégager rapidement l’information la plus pertinente, tout en veillant à ce que leurs décisions cliniques reposent sur des données probantes. Grâce au perfectionnement de ces compétences, les résidents pourront faire preuve d’assurance face aux différents défis qui se présenteront dans le cadre de leurs fonctions, même s’ils ne contribuent pas directement à la littérature scientifique.