
Quelle est la principale raison d’être du CMFC? Définir les attentes liées au métier de médecin de famille et veiller à ce qu’elles soient satisfaites. En un mot : les normes. Les fonctions d’établissement des normes du CMFC comprennent l’agrément des programmes de résidence, l’Examen de certification en médecine familiale, l’octroi de la Certification du Collège des médecins de famille du Canada et des Certificats de compétence additionnelle, ainsi que l’établissement de la certification et la définition des attentes en matière de développement professionnel. Une grande partie de nos normes concernent la formation pendant la résidence, qui survient tôt dans notre carrière. Par conséquent, une fois que vous avez commencé votre pratique, ces fonctions vous semblent moins pertinentes. D’où cette question : pourquoi est-ce que je paie pour cela?
Les normes établissent la qualité et la crédibilité de notre profession et rappellent à tous et à toutes la valeur de la médecine de famille. Quel que soit le programme suivi pour obtenir votre diplôme au Canada, grâce à elles, les ordres des médecins, les employeurs, les autres professionnels de la santé et nos patients savent que vous possédez les connaissances, les compétences et les aptitudes essentielles pour être médecin de famille. Ce sont aussi les normes qui fondent notre excellente réputation à l’échelle internationale.
Mais bien souvent, les choses importantes ne sont pas évidentes et nous les tenons parfois pour acquises. Le Dr Nicholas Pimlott m’a rappelé la parabole de David Foster Wallace, prononcée lors d’un discours de remise des diplômes en 2005. La voici en résumé : deux jeunes poissons rouges qui nagent dans leur bocal croisent un poisson plus âgé. Ce dernier leur demande : « Salut les gars, l’eau est bonne? », puis, il s’en va. L’un des jeunes poissons rouges se tourne vers l’autre et lui dit « Qu’est-ce que c’est, l’eau? ». Selon Foster Wallace, « les réalités les plus évidentes et les plus importantes sont souvent les plus difficiles à percevoir1 ».
Comment le coût des normes — ces fonctions vitales du CMFC et de la profession de médecine de famille — est-il pris en charge? Les frais d’examen couvrent une bonne partie des dépenses liées à l’examen, mais la plupart des coûts associés aux normes sont payés par les membres du CMFC. C’est un peu comme une pension inversée : les membres en exercice investissent dans leur passé (résidence), tout en préservant le présent et l’avenir de leur profession. Les droits d’adhésion permettent également de soutenir les normes par l’intermédiaire du développement professionnel continu et du maintien des titres de compétences. La valeur des titres de compétence est claire, à l’instar de l’eau dans l’histoire de Foster Wallace : elle est partout, mais personne ne la voit. Alors, comment aider les membres à se remémorer l’importance de cette valeur et à reconnaître que les droits d’adhésion sont nécessaires pour la soutenir? Deux choses me viennent à l’esprit.
Vous vous demandez peut-être s’il serait raisonnable de faire payer la note à quelqu’un d’autre? Si vous pensez que les résidents devraient payer une part plus importante, prenez cela en considération : si ces frais étaient répartis sur deux ans, ils représenteraient un coût important pour les personnes qui gagnent le moins et assument déjà un haut niveau d’endettement. Les médecins en exercice continuent de bénéficier de l’excellence de ces normes, de la valeur de nos désignations professionnelles et de la nature extensive de notre formation.
Si les médecins de famille ne prennent pas en charge les dépenses liées aux normes, qui le fera? Les gouvernements? Nous risquerions de faire l’objet d’une réglementation et d’un contrôle externe, et nous ne serions plus autonomes. Les orientations du CMFC ne semblent pas toujours logiques, mais nous sommes gouvernés par nos membres, nous collaborons avec nos partenaires et nous nous adaptons au changement. Les choses seraient différentes avec un financement gouvernemental; depuis combien de temps attendons-nous des mesures du gouvernement en matière de rémunération et de soutien au système?
L’une des principales fonctions de nos normes consiste à défendre l’excellence et le champ de pratique de la médecine de famille. Il y a quelques années, l’Ontario envisageait de réserver l’exercice de la médecine d’urgence aux personnes ayant reçu une formation complémentaire. Cela aurait été un énorme coup dur porté à la médecine de famille et aux communautés rurales. Les activités de plaidoyer du CMFC, appuyées par nos normes, ont permis aux médecins de famille de continuer d’exercer dans les services d’urgence ruraux et régionaux. Ces pressions font leur retour aujourd’hui, alors que les gouvernements cherchent des raccourcis pour combler les lacunes dans les soins primaires et la médecine de famille après des années de mauvaise planification et de sous-financement. C’est grâce à nos normes et aux activités de plaidoyer du CMFC que nous pourrons protéger notre profession ainsi que la santé de la population canadienne. L’ensemble du système de santé dépend des médecins de famille (nous représentons plus de la moitié de tous les contacts avec les services de santé) et avoir un médecin de famille est la meilleure façon de veiller à sa santé2. Pour en revenir à la parabole de Foster Wallace, la médecine de famille est comme l’eau d’un bocal et ce sont nos normes qui permettent à celle-ci de continuer à circuler.
- Copyright © 2025 the College of Family Physicians of Canada