Question clinique
Les antibiotiques changent-ils les issues cliniques chez des patients souffrant d’une diverticulite aiguë sans complications?
Résultats
Chez des patients immunocompétents souffrant d’une diverticulite sans sepsis ni complications, les antibiotiques ne changent pas les taux de complications précoces ou de récurrence.
Données probantes
Des patients immunocompétents présentaient des symptômes compatibles avec une diverticulite aiguë sans complications (confirmée par tomodensitométrie) ni présence de sepsis et n’étaient pas critiquement malades. Ils ont été choisis aléatoirement pour recevoir un régime d’antibiotiques (céphalosporine-métronidazole ou amoxicilline-acide clavulanique) d’une durée d’environ 7 jours ou un placebo ou encore, ne rien recevoir.
Revue systématique (3 ECR, n=1329)1 :
- Complications après 30 jours (p. ex. abcès, perforation, obstruction, fistule) : 1,5 contre 1,3 % (sans antibiotiques), donc absence de différence statistique.
- Le risque de récurrence à long terme (2 à 11 ans) était d’environ 24 % dans tous les groupes.
Les 3 ECR les plus vastes et de la plus grande qualité :
- 623 adultes hospitalisés en Suède souffrant d’un premier épisode ou d’une récurrence de diverticulite aiguë sans complications2 : après 1 an, il n’y avait pas de différences statistiques dans les complications durant l’hospitalisation; (1,0 c. 1,9 % [sans antibiotiques]), durée moyenne du séjour à l’hôpital (3 jours chacun) ou récurrence (environ 16 % chacun). Après 11 ans (environ 90 % des patients)3, il n’y avait pas de différences sur le plan de la récurrence ou des interventions chirurgicales.
- 528 adultes aux Pays-Bas souffrant d’un premier épisode de diverticulite4 : après 6 mois, il n’y avait pas de différences statistiques dans la durée moyenne du rétablissement (12 c. 14 jours [sans antibiotiques]) ni dans les réadmissions (12 c. 18 % [sans antibiotiques]). Après 24 mois (environ 90 % des patients)5, il n’y avait pas de différences en termes de récurrence, de complications ou d’interventions chirurgicales.
- 480 adultes en Espagne au département d’urgence pour une diverticulite6 : après 3 mois, il n’y avait pas de différences statistiques dans les hospitalisations (5,8 c. 3,3 % [sans antibiotiques]) ou les opérations d’urgence.
Contexte
Des lignes directrices conseillent de ne pas utiliser systématiquement des antibiotiques chez des patients immunocompétents et sans fragilités médicales7,8.
Les taux de diverticulite sont à la hausse (surtout chez les personnes <50 ans)9.
Des facteurs génétiques semblent en cause dans environ 50 % des cas8.
Les noix, les graines ou le maïs soufflé ne semblent pas avoir d’effets sur la diverticulite8.
Le risque de cancer colorectal sans complications est d’environ 0,5 % (taux semblable à celui des contrôles chez des personnes asymptomatiques) et le risque de cancer colorectal avec complications se situe à environ 8 %10.
Le risque de diverticulite avec complications est plus élevé lors d’un premier épisode9.
Les taux de récurrence sont d’environ 17 % après le premier épisode et d’environ 44 % après le deuxième9.
Mise en application
La triade composée de douleurs abdominales, de fièvre et d’un nombre élevé de leucocytes ne suffit pas pour poser un diagnostic de diverticulite11. La tomodensitométrie est le meilleur examen pour confirmer le diagnostic (ratio de probabilité positive=94, ratio de probabilité négative=0,1)7,12 et elle fait la distinction entre une diverticulite avec ou sans complications. En raison de la probabilité (8 %) d’une diverticulite compliquée d’être cancéreuse10, une colonoscopie (après 6 à 8 semaines) devrait être envisagée12. Une colonoscopie n’est pas nécessaire pour exclure un cancer si la diverticulite était sans complications12.
Notes
Les articles d’Outils pour la pratique dans le MFC sont une adaptation d’articles révisés par des pairs qui se trouvent à http://www.toolsforpractice.ca et résument les données médicales probantes susceptibles de modifier la pratique des soins primaires. Coordonnés par la Dre Adrienne J. Lindblad, les articles sont élaborés par l’équipe du groupe PEER (Patients, Expérience, Évidence, Recherche) et soutenus par le Collège des médecins de famille du Canada et ses sections de l’Alberta, de l’Ontario et de la Saskatchewan. Vos commentaires sont les bienvenus à toolsforpractice{at}cfpc.ca.
Footnotes
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
Cet article donne droit à des crédits d’autoapprentissage certifiés Mainpro+. Pour obtenir des crédits, allez à https://www.cfp.ca et cliquez sur le lien vers Mainpro+.
The English version of this article is available at https://www.cfp.ca on the table of contents for the March 2025 issue on page 184.
- Copyright © 2025 the College of Family Physicians of Canada