
En tant que médecins de famille, nous sommes fiers du rôle que nous jouons dans la santé des Canadiens. Pourtant, il est frappant de constater l’impact environnemental de notre travail. Le secteur de la santé génère à lui seul 4,6 % des émissions de gaz à effet de serre au Canada, faisant de notre profession un acteur non négligeable de la pollution au pays1.
Ces constats sont préoccupants, mais, en tant que médecins de famille, nous pouvons réduire notre empreinte environnementale de nombreuses façons. La publication Les soins primaires sous l’angle de la santé planétaire de CASCADES2 et la Green Office Toolkit 2.0 (Trousse pour un bureau écologique)3 offrent plusieurs recommandations pour adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Ces ressources proposent notamment des stratégies pour optimiser la déprescription, privilégier l’achat de fournitures médicales à faible impact écologique et rationaliser les interventions médicales afin d’éviter des examens et traitements qui ne correspondent pas aux objectifs de soins des patients.
Bien qu’il soit essentiel de considérer l’ensemble des recommandations proposées dans ces ressources, je tiens à souligner que le mois d’avril est une occasion privilégiée pour les médecins de famille d’approfondir le dialogue avec leurs patients sur un enjeu clé : la définition des objectifs de soins et, plus particulièrement, la planification préalable des soins (PPS). Le 16 avril, le Canada souligne la Journée de la PPS, une initiative qui encourage chacun à anticiper une situation où il ne serait plus en mesure de prendre ses propres décisions et à faire connaître ses volontés à ses proches. La planification préalable des soins est « une démarche de réflexion sur ce qui compte le plus pour vous dans la vie et sur ce que cela signifie pour vos soins personnels et de santé »4.
Si la plupart des médecins considèrent la PPS comme une composante essentielle des soins axés sur le patient, peu d’entre eux réalisent qu’elle contribue également à réduire les hospitalisations et l’empreinte environnementale du système de santé3. Bien que près de 87 % des Canadiens préfèreraient recevoir leurs soins de fin de vie à domicile, la majorité décède à l’hôpital5. Finir ses jours à l’hôpital implique souvent des soins prolongés et des interventions médicales lourdes qui ne reflètent pas toujours les volontés des patients. Les études montrent d’ailleurs que les traitements de fin de vie sont souvent plus intensifs que souhaité6. Éviter les hospitalisations grâce à la planification préalable des soins (PPS) permet non seulement de respecter les principes des soins axés sur le patient, mais aussi de réduire l’empreinte environnementale du système de santé.
Grâce au lien privilégié que nous tissons avec nos patients au fil du temps, nous pouvons instaurer un climat de confiance propice à ces discussions et les approfondir progressivement. D’ailleurs, les études montrent que les patients comptent souvent sur leur médecin de famille pour les guider et leur indiquer le moment opportun pour aborder la PPS7, mais elle ne touche pas uniquement les personnes âgées. N’importe qui peut, un jour, avoir besoin d’un mandataire pour prendre des décisions médicales en son nom. Engager ces discussions avec tous les patients d’âge adulte est un moyen efficace de s’assurer qu’ils recevront des soins en accord avec leurs volontés.
Ce mois-ci, réfléchissez à la meilleure façon d’intégrer les discussions sur la PPS dans votre pratique. De nombreuses ressources sont à votre disposition, notamment : https://www.planificationprealable.ca. N’hésitez pas à me faire part de votre expérience à : cbernard{at}cfpc.ca.
Footnotes
This article is also in English on page 285.
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