Question clinique
Quels sont les bienfaits et les préjudices des suppléments de testostérone chez des hommes en santé ou ceux dont les taux de testostérone sont bas en raison de l’âge?
Résultats
Par rapport au placebo, la testostérone peut augmenter la masse corporelle maigre d’environ 1,6 kg chez les hommes plus âgés, mais elle n’a pas d’impact significatif uniforme sur la fonction sexuelle, la force, la fatigue ou la cognition. La testostérone n’augmente pas les événements liés à la prostate, les infarctus du myocarde ou les AVC, mais une hausse peut être observée dans les embolies pulmonaires (0,9 c. 0,5 %) et la fibrillation auriculaire (3,5 c. 2,4 %).
Données probantes
Les données probantes proviennent de 16 revues systématiques effectuées au cours des 5 dernières années1 et de principaux ECR contre placebo. Les résultats étaient statistiquement significatifs à moins d’indication du contraire :
Fonction sexuelle : la revue systématique la plus exhaustive2 portait sur des hommes de 40 ans ou plus ayant des niveaux de testostérone normaux ou faibles et une dysfonction sexuelle.
- Aucune différence dans les scores sur l’échelle de la fonction sexuelle (plage de 6 à 30, les scores plus élevés indiquant une fonction normale) : les 6 ECR de la meilleure qualité (N=2016) ont fait valoir une différence moyenne de 2,4 à 12 mois ou moins, ce qui n’est probablement pas cliniquement différent.
- D’autres études ont obtenu des résultats semblables1.
Force : la revue la plus complète3 comportait 11 ECR auprès de 814 hommes de 66 à 77 ans ayant des taux de testostérone faibles ou normaux. Sur une période de 3 à 12 mois, les ECR de qualité supérieure ont fait valoir ce qui suit :
Fatigue : il y avait 1 revue systématique comportant des limites1. Le plus grand ECR portait sur 464 participants de 65 ans ou plus dont les niveaux de testostérone étaient faibles et ayant signalé une « basse vitalité4 » :
- Amélioration clinique au score de la fatigue : aucune différence.
Cognition : il y avait 3 revues systématiques dont les rapports étaient limités1. Les 2 plus grands ECR n’ont signalé aucune différence1.
Qualité de vie : la meilleure revue systématique comptait 7 ECR (N=1043). La plupart des participants avaient un niveau de testostérone de moins de 12 nmol/L5. Il n’y avait pas de différences cliniques dans les scores liés aux symptômes. D’autres études ont obtenu des résultats semblables1.
Préjudices : l’ECR le plus important (N=5204) portait sur les effets cardiovasculaires (CV) du gel de testostérone à 1,62 %, et 55 % des participants avaient une maladie CV ou étaient à risque élevé d’en souffrir6. Le niveau de référence se situait à 8 nmol/L. À 33 mois :
- Mortalité toutes causes confondues, événements CV majeurs, cancer de la prostate, interventions invasives à la prostate : aucune différence.
- Fibrillation auriculaire : 3,5 contre 2,4 % (placebo), NNN=93.
- Embolie pulmonaire : 0,9 contre 0,5 % (placebo), aucune statistique fournie.
- Revues systématiques1 : résultats semblables.
Contexte
L’utilisation de la testostérone dans les soins d’affirmation de genre dépasse la portée de cet article.
Des études observationnelles ont antérieurement rapporté des préjudices CV associés à la testostérone7.
Une mise en marché agressive a été associée à la popularité des traitements des faibles taux de testostérone sans diagnostic2. Par ailleurs, le nombre annuel de prescriptions a atteint un plateau depuis 2014, ce qui coïncide avec la mise en garde par la Food and Drug Administration des États-Unis à propos des risques CV8.
Mise en application
Le niveau de testostérone est considéré comme étant faible lorsqu’il est inférieur à 10 nmol/L9. Le meilleur test initial est la mesure de la testostérone totale dans le sang prélevé entre 7 heures et 11 heures du matin9. Les lignes directrices recommandent de ne pas prescrire de testostérone aux patients asymptomatiques et de discuter de l’amorce d’un traitement avec les hommes qui ont de faibles taux dus à l’âge et une dysfonction sexuelle10, quoique des effets soient improbables. Si elle est prescrite, il faut surveiller les taux d’hématocrites en raison du risque d’une polycythémie9. La testostérone est disponible sous diverses formulations, mais il existe peu de comparaisons directes2.
Notes
Les articles d’Outils pour la pratique dans le MFC sont une adaptation d’articles révisés par des pairs qui se trouvent à http://www.toolsforpractice.ca et résument les données médicales probantes susceptibles de modifier la pratique des soins primaires. Coordonnés par la Dre Adrienne J. Lindblad, les articles sont élaborés par l’équipe du groupe PEER (Patients, Expérience, Évidence, Recherche) et soutenus par le Collège des médecins de famille du Canada et ses sections de l’Alberta, de l’Ontario et de la Saskatchewan. Vos commentaires sont les bienvenus à toolsforpractice{at}cfpc.ca.
Footnotes
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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