L’été est très court au Canada, mais j’espère que vous avez eu la chance de passer de bons moments avec votre famille et vos amis. Faire des activités en plein air, voire cultiver le côté « bien-être » de son développement personnel et professionnel est important pour les médecins de famille qui en font beaucoup pour leurs patients et leurs communautés.
Au cours des derniers mois, les médecins de famille ont été confrontés à plusieurs enjeux importants. Le mauvais usage d’opioïdes à l’échelle du pays et l’émergence de l’aide médicale à mourir les ont forcés à examiner leur pratique sous un nouvel œil.
La douleur chronique et le mauvais usage d’opioïdes
La gestion de la douleur chronique fait partie intégrante du travail des médecins de famille. Au cours de la dernière décennie, la priorité accordée à l’amélioration de la gestion de cette condition souvent complexe a haussé les attentes des patients et, de ce fait, augmenté le temps requis pour la prise en charge de la douleur chronique dans les cabinets et cliniques de médecine familiale. La meilleure gestion de la douleur chronique passe par une approche multifactorielle, 1 mais les limites du système de santé pour répondre à ces besoins ont souvent mené à un plus grand recours aux médicaments comme traitement de première ligne. L’ordonnance de médicaments dont les effets secondaires sont moins graves, mais qui demeurent abordables pour les personnes sans couverture est un choix souvent délicat.
La solution à ce problème est aussi complexe que la maladie. Les médecins de famille veulent savoir si les médicaments qu’ils prescrivent, en l’occurrence les opioïdes, sont utilisés de façon appropriée et s’ils donnent des résultats cliniques positifs. Pour atteindre cet objectif, il est essentiel d’offrir des programmes de développement professionnel continu agréés de haute qualité, auxquels les médecins de famille ont accès et qui sont appropriés dans le contexte clinique où ils exercent. Par contre, l’éducation n’est pas toute la solution; les médecins de famille et autres professionnels de la santé devront continuer de participer aux stratégies de plaidoyer locales et nationales pour améliorer l’offre non pharmacologique pour le traitement de la douleur chronique et pour réellement s’attaquer à cette question d’envergure nationale.
L’aide médicale à mourir
La décision Carter c. Canada2 et la nouvelle Loi sur l’aide médicale à mourir3 posent également un défi aux médecins de famille qui doivent fournir des conseils aux patients et à leurs proches sur cette question complexe. La discussion entourant les décisions en fin de vie a toujours été délicate, mais les médecins de famille et leurs patients ont cette conversation dans le cadre de leur relation à long terme. Le public se tourne maintenant vers leur médecin de famille pour des conseils dans ce nouveau domaine. Avec l’adoption de la loi et les politiques et procédures qui varient d’une juridiction à l’autre, les médecins de famille s’engagent sur une route épineuse et souvent sans balise. Ils doivent conjuguer avec les attentes de leurs patients tout en menant leur propre combat personnel face à la complexité de cette nouvelle réalité. Le CMFC est fier de son Guide de réflexion sur les enjeux éthiques liés au suicide assisté et à l’euthanasie volontaire4 préparé par le Groupe de travail du CFMC sur les soins en fin de vie qui aide les médecins de famille à se préparer pour cette conversation. Le CMFC a également affiché des liens vers des ressources provinciales qui offrent de plus amples renseignements sur les politiques et procédures de chaque juridiction (http://www.cfpc.ca/Loi_ur_l_de_medicale_a_mourir).
Nous n’en sommes pourtant qu’au début. Il reste beaucoup à faire en ce qui a trait à la formation liée à l’aide médicale à mourir, et ce, à tous les niveaux, ainsi que pour l’acquisition de compétences pour les médecins de famille qui offriront l’aide médicale à mourir dans le cadre de leur pratique. Soulignons aussi qu’il s’agit d’une question de soins en pleine évolution, et que des changements auront sensiblement lieu sur l’admissibilité. Veiller à ce que les patients reçoivent les soins dont ils ont besoin conformément à leur volonté, même si leur médecin de famille a une objection de conscience pose aussi un défi.
Le rôle du médecin de famille
Un lien fondamental existe entre ces deux questions : l’importance de la continuité des soins du médecin de famille à son patient. Ces scénarios cliniques sont complexes. Les soins épisodiques ne suffisent pas à répondre adéquatement à ces deux questions. Les médecins de famille ont besoin du soutien de leurs pairs avec des intérêts particuliers ou des compétences avancées dans ces domaines, de l’appui de consultants du Collège royal, et celui d’autres professionnels de la santé, afin de répondre aux besoins de leurs patients. Essentiellement, il leur faut les bons outils pour prendre soin de leurs patients.
L’automne annonce de nouveaux défis dans ces domaines, et les médecins de famille auront un rôle de premier plan à jouer. J’espère que cet été vous a énergisé pour mieux envisager ces importants besoins en matière de soins de santé.
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