Question clinique
La restriction du sommeil peut-elle améliorer les résultats dans les cas d’insomnie primaire (non liée à d’autres affections)?
Conclusion
La restriction du sommeil raccourcit de 12 minutes le délai avant de s’endormir et de 5 à 10 % le temps passé au lit à dormir. La restriction du sommeil améliore le sommeil chez 1 patient sur 2 à 6 comparativement aux conseils sur l’hygiène du sommeil seulement.
Données probantes
Sept essais randomisés contrôlés1–7 comptant 20 à 179 patients (35 % de sexe masculin, âge moyen : 62 ans) et un suivi de 4 à 24 semaines ont principalement comparé la restriction du sommeil aux conseils sur l’hygiène du sommeil2–4,6,7; les résultats étaient pour la plupart déclarés par les patients.
-Dans 4 études, la restriction du sommeil a significativement amélioré l’efficacité du sommeil (temps au lit à dormir) sur le plan statistique par rapport aux témoins (79 à 87 % sous restriction du sommeil c. 68 à 79 % chez les témoins).
-Dans 3 études, la restriction du sommeil a significativement réduit la latence du sommeil (temps nécessaire pour s’endormir) sur le plan statistique, soit de 6 à 19 minutes par rapport aux témoins.
-Autres résultats :
—Le temps passé à dormir n’était pas statistiquement dif férent de celui des témoins1,2,4, mais il était légèrement plus court sous la restriction du sommeil, à 8 semaines7.
—Les concepts de réponse, de rémission et d’amélioration étaient définis de manière variable1–3,6; le nombre de patients à traiter (NPT) = 2 pour toute amélioration6 à NPT = 6 pour la rémission1.
—Dans l’ensemble, 53 % des patients sous restriction du sommeil ont pu arrêter de prendre des hypnotiques par rapport à 15 % des témoins (NPT = 3)4.
—Aucun événement indésirable n’a été rapporté, et les bienfaits ont persisté pendant 6 à 12 mois1,2,4.
Dans le meilleur essai randomisé contrôlé ayant porté sur des patients en soins de première ligne, la totalité des 97 patients ont reçu des conseils sur l’hygiène du sommeil et la moitié ont été randomisés à la restriction du sommeil2. Au suivi, les omnipraticiens ont administré la restriction du sommeil, qui incluait une ordonnance de sommeil (par la suite, la restriction du sommeil était auto-administrée). Les résultats étaient comparables aux résultats ci-dessus, en plus de ceci :
-Les scores de qualité du sommeil (0 à 21, moyenne de 10,4) se sont améliorés sous la restriction du sommeil (3,9 c. 2,2; différence pertinente sur le plan clinique = 3); les scores de fatigue se sont améliorés de 18 % par rapport aux témoins; et des accidents sont survenus chez 14 % des patients sous restriction du sommeil par rapport à 29 % des témoins (non statistiquement différent).
Les problèmes étaient les suivants : puissance insuffisante des études3–7, analyse de nombreux paramètres d’évaluation1,2,4–7 et déséquilibre des caractéristiques initiales1,6,7.
Contexte
Les résultats rapportés par les patients sont pires que les résultats obtenus par actigraphie1,2.
La thérapie cognitivo-comportementale est très efficace contre l’insomnie (p. ex. elle améliore de 10 % l’efficacité du sommeil8, alors que les médicaments « Z » améliorent d’environ 5 % l’efficacité du sommeil9).
Mise en pratique
La restriction du sommeil condense le temps passé au lit en temps habituellement passé à dormir10. Si un patient dort habituellement 6 heures, ajouter 0,5 heure (pour le temps non endormi) afin d’obtenir 6,5 heuresau lit. Pour un réveil à 6 h, le patient se met donc au lit à 23 h 3010. Ne pas condenser à moins de 5,5 heures. L’heure d’aller au lit est progressivement avancée jusqu’à ce que le patient dorme bien et se sente reposé. Initialement, les patients pourraient se sentir plus fatigués durant la journée. Il faut éviter de faire la sieste. Cette méthode a été étudiée en soins de première ligne et semble au moins aussi efficace que les médicaments, sans préoccupations d’innocuité à long terme1,9. De la documentation est disponible à l’intention des patients10 et des praticiens11.
Notes
Les articles d’Outils pour la pratique dans Le Médecin de famille canadien (MFC) sont une adaptation d’articles publiés dans le site web du Collège des médecins de famille de l’Alberta (CMFA) qui résument les données médicales probantes en insistant sur des questions particulières et des renseignements susceptibles de modifier la pratique. Les résumés du CMFA et la série dans le MFC sont coordonnés par Dr G. Michael Allan, et les résumés sont rédigés conjointement par au moins 1 médecin de famille en pratique active et ils font l’objet d’une révision par des pairs. Vous êtes invités à faire part de vos commentaires à toolsforpractice{at}cfpc.ca. Les articles archivés sont accessibles sur le site web du CMFA: www.acfp.ca.
Footnotes
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The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the August 2017 issue on page 613.
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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Références
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