Question clinique
La course augmente-t-elle le risque de développer de l’arthrose?
Résultats
Selon des données observationnelles de faible qualité, il n’est pas probable que la course augmente le risque de développer de l’arthrose, sauf peut-être chez les athlètes d’élite. La course récréative pourrait diminuer le risque d’arthrose du genou. L’exercice est l’un des traitements les plus efficaces pour réduire la douleur liée à l’arthrose.
Données probantes
Une revue systématique portant sur 17 études observationnelles (7 cohortes; N = 114 829 patients) comparait des coureurs de compétition (p. ex. professionnels, d’élite ou ceux qui font de la compétition sur le plan international) et un groupe témoin1;
- La prévalence globale de l’arthrose du genou ou de la hanche se situait à environ 4 % chez tous les coureurs contre 10 % dans le groupe témoin (la signification statistique n’a pas été rapportée).
—En divisant les coureurs selon l’intensité de leur activité, on a constaté une prévalence d’environ 4 % chez es coureurs récréatifs, ce qui est statistiquement plus faible que les 13 % chez les coureurs de compétition; et d’environ 4 % chez les coureurs récréatifs, ce qui n’est pas statistiquement différent des 10 % dans le groupe témoin.
- Il n’y avait pas de différence en ce qui a trait à l’arthrose de la hanche. Toutefois, 1 enquête a fait valoir un risque accru chez 141 coureurs ou fondeurs d’élite2.
-La course récréative diminuait le risque d’arthrose du genou, se situant à 32 % contre 38 % dans le groupe témoin. Il n’y avait pas de différence entre les coureurs de compétition et le groupe témoin.
- L’étude de cohortes de la plus grande envergure, qui portait sur 16 961 participants pendant 11 ans, a cerné ce qui suit 3:
—Il n’y avait pas de liens entre des niveaux intenses d’exercice et l’arthrose chez les femmes ou chez les hommes plus âgés (> 50 ans).
—Les hommes plus jeunes (< 50 ans) qui couraient ou marchaient plus de 30 km par semaine couraient un risque accru d’arthrose du genou ou de la hanche par rapport aux sujets témoins sédentaires (rapport de risque rajusté de 2,4).
- Limite des études : les sujets témoins n’étaient probablement pas sédentaires, des études cas-témoins et des études transversales étaient incluses, la plupart des études de cohortes étaient de petite taille (N < 100), et les paramètres du diagnostic d’arthrose variaient (p. ex. fondés seulement sur la radiographie ou le souvenir des patients).
Une revue systématique sur tous les types de coureurs et 15 études observationnelles ont constaté un risque plus faible d’interventions chirurgicales au genou en raison de l’arthrose (3 études cas-témoins) chez les coureurs par rapport aux non-coureurs (rapport de cotes de 0,46; différence sur le plan statistique)4.
Contexte
Il n’y a qu’une faible corrélation entre les constatations sur radiographie et les symptômes d’arthrose5.
Des blessures au genou sont associées à l’arthrose du genou; certains sports sont plus susceptibles de causer de telles blessures6.
L’exercice de tout type est l’un des traitements les plus efficaces pour la douleur due à l’arthrose7.
Mise en pratique
Des facteurs comme l’indice de masse corporelle, l’occupation et des blessures antérieures au genou sont des éléments à considérer lorsque des conseils sont donnés aux patients au sujet des risques de développer de l’arthrose8. La course peut être recommandée aux patients qui souhaitent améliorer leur tolérance cardiovasculaire et leur douleur due à l’arthrose; par ailleurs, si les patients en sont incapables ou ne s’y intéressent pas, des activités sans impact comme le vélo, l’entraînement elliptique ou la natation peuvent être envisagées. Des prescriptions d’activité physique (avec suivi) pourraient augmenter le nombre de ceux qui s’y adonnent, et devraient comporter des objectifs et un monitorage spécifiques au patient9.
Notes
Les articles d’Outils pour la pratique dans Le Médecin de famille canadien (MFC) sont une adaptation d’articles publiés dans le site web du Collège des médecins de famille de l’Alberta (CMFA) qui résument les données médicales probantes en insistant sur des questions particulières et des renseignements susceptibles de modifier la pratique. Les résumés du CMFA et la série dans le MFC sont coordonnés par Dr G. Michael Allan, et les résumés sont rédigés conjointement par au moins 1 médecin de famille en pratique active et ils font l’objet d’une révision par des pairs. Vous êtes invités à faire part de vos commentaires à toolsforpractice{at}cfpc.ca. Les articles archivés sont accessibles sur le site web du CMFA: www.acfp.ca.
Footnotes
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
Les opinions exprimées dans Outils pour la pratique sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue et les politiques du Collège des médecins de famille de l’Alberta.
Références à la page 828.
Cet article donne droit à des crédits d’autoapprentissage certifiés Mainpro+. Pour obtenir des crédits, rendez-vous à www.cfp.ca et cliquez sur le lien Mainpro+.
This article is also in English on page 828.
- Copyright© the College of Family Physicians of Canada