Question clinique
Le sémaglutide (SGT) est-il efficace pour la perte pondérale?
Résultats
Combinée à des modifications au mode de vie, l’administration sous-cutanée hebdomadaire de 2,4 mg de SGT s’est traduite par une perte pondérale d’en moyenne 10 à 15 % sur 68 semaines contre 2 à 3 % (3 à 4 kg) avec un placebo (PC). La plupart des sujets (70 à 80 %) ont perdu 5 % de leur poids corporel ou plus. Environ 75 % d’entre eux ont eu des effets secondaires gastro-intestinaux, mais ils n’ont pas été nombreux à cesser le traitement. Le poids a été regagné après l’arrêt du médicament.
Données probantes
Les différences étaient statistiquement significatives, à moins d’indication contraire.
Dans 4 ERC, les patients (poids de départ de 96 à 105 kg) étaient traités pour réduire leur poids avec 2,4 mg de SGT sous-cutané chaque semaine, de même qu’avec des interventions sur le mode de vie (counseling, régime alimentaire et activité physique)1-4.
– ERC auprès de patients non diabétiques (N = 1961)1 : après 68 semaines, la perte pondérale moyenne était de 15 % (15 kg) contre 2 % (3 kg) avec le PC. La proportion de ceux qui ont perdu du poids (≥ 5 %) se situait à 86 % contre 32 % (PC), et le nombre de sujets à traiter (NST) = 2, tandis que la proportion de ceux qui ont perdu le plus de poids (≥ 10 %) était de 69 % contre 12 % (PC), NST = 2. La perte pondérale atteignait un plateau autour de la 60e semaine.
— Effets indésirables gastro-intestinaux (EI) : 74 % contre 48 % (PC), nombre nécessaire pour nuire (NNN) = 3. Les cessations dues aux EI étaient de 7 % contre 3 % (PC), NNN = 25.
– Résultats semblables dans un ERC (N = 611) sur le SGT avec des interventions intensives sur le mode de vie : 16 % (17 kg) contre 6 % (6 kg) avec le PC2.
– ERC3 pour établir la dose chez des patients diabétiques (N = 1210) qui ont reçu soit 2,4 mg de SGT par semaine, 1,0 mg de SGT par semaine ou encore un PC : après 68 semaines, la perte pondérale moyenne était de 10 % (2,4 mg), 7 % (1,0 mg) et 3 % (PC). La proportion de ceux qui ont perdu du poids (≥ 5 %) se situait à 69 % (2,4 mg) contre 57 % (1,0 mg) contre 29 % (PC). Pour une dose de 2,4 mg contre une dose de 1 mg, NST = 9.
— Les EI étaient semblables avec l’une ou l’autre des doses.
– ERC sur le maintien du poids (N = 803)4 : les participants non diabétiques ont reçu 2,4 mg de SGT par semaine pendant 20 semaines, puis ont été choisis au hasard pour continuer à recevoir soit le SGT ou un PC. Après 48 semaines, le groupe qui a poursuivi le traitement au SGT a perdu 8 % du poids corporel comparé à un gain pondéral de 7 % dans le groupe avec PC.
Contexte
Des essais sur les maladies cardiovasculaires et la baisse de la glycémie ont montré que la perte pondérale avec le SGT par voie orale a été étudiée en tant que résultat secondaire, et on a constaté que la perte de poids se situait à 4,6 % (4,2 kg) par rapport à 0,9 % (0,8 kg) avec le PC à 15,9 mois5.
Dans un ERC parrainé par le SGT, le SGT à dose élevée (0,4 mg/jour) était supérieur au liraglutide (3 mg/jour). La perte pondérale se situait à 14 % (17 kg) avec le SGT contre 8 % (8 kg) avec le liraglutide. La perte de poids était semblable avec 0,1 mg de SGT par jour et avec le liraglutide6.
Le sémaglutide (2,4 mg) n’est actuellement pas disponible au Canada, mais il l’est à des doses plus faibles7 (1 mg/semaine coûte environ 200 $/mois8).
Mise en application
En plus de la perte pondérale, le SGT a amélioré la qualité de vie de 40 à 50 % des participants en comparaison de 30 % environ chez ceux qui ont pris un PC. On commence habituellement le SGT par 0,25 mg par semaine, et la dose est augmentée de 0,25 mg aux 4 semaines, jusqu’à l’atteinte de la dose cible (selon la tolérance)9. La nausée et des malaises gastro-intestinaux sont des EI signalés, surtout durant l’augmentation de la dose1,9. L’adhésion à des injections hebdomadaires sous-cutanées pourrait être meilleure que l’adhésion à des injections quotidiennes. Il faudrait probablement éviter le SGT et d’autres agonistes du récepteur du GLP-1 (glucagon-like peptide-1) chez les patients ayant des antécédents de carcinome médullaire de la thyroïde, de pancréatite ou de tachyarythmies9
Notes
Les articles d’Outils pour la pratique dans Le Médecin de famille canadien sont une adaptation d’articles révisés par des pairs qui se trouvent à www.toolsforpractice.ca et résument les données médicales probantes susceptibles de modifier la pratique des soins primaires. Coordonnés par le Dr G. Michael Allan et la Dre Adrienne J. Lindblad, les articles sont élaborés par l’équipe du groupe PEER (Patients, Expérience, Évidence, Recherche) et soutenus par le Collège des médecins de famille du Canada et ses sections de l’Alberta, de l’Ontario et de la Saskatchewan. Vous êtes invités à faire part de vos commentaires à toolsforpractice{at}cfpc.ca.
Footnotes
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
Les opinions exprimées dans Outils pour la pratique sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue et les politiques du Collège des médecins de famille du Canada.
Cet article donne droit à des crédits d’autoapprentissage certifiés Mainpro+. Pour obtenir des crédits, rendez-vous sur www.cfp.ca et cliquez sur le lien Mainpro+.
The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the November 2021 issue on page 842.
- Copyright © 2021 the College of Family Physicians of Canada
Références
- 1.
- 2.
- 3.
- 4.
- 5.
- 6.
- 7.
- 8.
- 9.
- 10.