Tableau 1.

Tableau des données probantes à l’appui de la déprescription des AP : La déprescription (réduction de la dose ou discontinuation complète) des AP par rapport à leur usage continu apporte-t-elle des bienfaits ou des torts aux adultes > 18 ans (à l’exclusion des patients prenant des AP pour traiter une psychose) en milieu de soins primaires et de SLD?

DOMAINE DE DÉCISIONRÉSUMÉ DES MOTIFS DE LA DÉCISIONSOUS-DOMAINES AYANT INFLUENCÉ LA DÉCISION
QdD : Y a-t-il des données de qualité élevée ou modérée? Oui ☑ Non □ (Voir les références 1 à 10 dans la revue des données probantes, dans CFPlus*)La QdD étayant la réussite de la déprescription est élevée
  • Des données de grande qualité font valoir que la médication chronique aux AP peut être cessée chez de nombreuses personnes plus âgées souffrant de la démence d’Alzheimer et de SNP sans effets néfastes sur leur comportement et sans symptômes de sevrage considérables

  • Sur le plan des rechutes (mesurées en fonction de changements dans le score NPI), il n’y avait pas de différences significatives entre les personnes qui avaient arrêté et celles qui avaient continué les AP à 3 mois (DM = −1,49, IC à 95 % de 5,39 à 2,40)


La QdD étayant l’efficacité des AP atypiques pour l’insomnie est très faible
  • 1 ERC (N = 13) n’a fait valoir aucune différence statistique dans le temps de sommeil total, le temps nécessaire avant de s’endormir ou la satisfaction avec le sommeil en prenant de la quétiapine par rapport au placebo sur une période de 2 semaines pour l’insomnie primaire. L’étude était de faible qualité en raison de son imprécision et de son risque de partialité

Les symptômes au point de départ pourraient avoir influencé la réussite de la déprescription des AP. Les patients dont les symptômes étaient plus graves au départ étaient plus susceptibles aux rechutes (probabilité définie comme une hausse de 30 % dans le score NPI) dans 2 études. Le sevrage chez les patients dont les scores comportementaux sont graves pourrait ne pas réussir ou ne devrait pas être tenté
Équilibre entre les bienfaits et les torts : Est-il certain que les bienfaits surpassent les torts? Oui ☑ Non □ (Voir les références 1 à 9 dans la revue des données probantes dans CFPlus*)Globalement, les bienfaits de la déprescription des AP semblent surpasser les torts
  • Les données probantes accessibles font valoir que de nombreuses personnes plus âgées atteintes de la démence d’Alzheimer peuvent cesser la prise chronique d’antipsychotiques sans effets négatifs sur leur comportement18


Efficacité des AP atypiques pour l’insomnie
  • Une grande incertitude règne en raison d’un manque de données probantes selon lesquelles les AP atypiques seraient efficaces pour prendre en charge l’insomnie (1 petite ERC démontrant des améliorations non significatives dans les paramètres liés au sommeil et de petites études non contrôlées). Il y a très peu d’information concernant les torts causés par les AP atypiques contre l’insomnie; cependant, le potentiel de préjudices associé à l’usage pour d’autres indications est connu (p. ex. SEP, somnolence, troubles métaboliques, effets anticholinergiques indésirables)

  • L’ampleur des bienfaits de la déprescription sur les plans de la cognition, de l’état psychomoteur, de la réduction des effets indésirables des AP ou de la mortalité est incertaine. Declercq et coll. signalent que les études individuelles ne rapportaient pas de différences significatives entre les groupes, sauf pour le paramètre de la fluidité verbale, favorisant ainsi la discontinuation. Ils ajoutent que la plupart des études n’avaient pas la puissance voulue pour détecter des différences cliniquement importantes entre les groupes18

La possibilité de bienfaits au point de départ est-elle semblable dans tous les sous-groupes? Oui ☑ Non □
Devrait-il y avoir des recommandations distinctes pour les sous-groupes selon le degré de risque? Oui □ Non ☑
La possibilité de torts au point de départ est-elle semblable dans tous les sous-groupes? Oui □ Non ☑
  • Les données probantes sont insuffisantes pour évaluer la différence entre les groupes. Chez les patients dont les SCPD sont graves au point de départ, la probabilité de réussite de la déprescription est probablement plus faible; si la déprescription est envisagée chez ces personnes, il faut établir un plan rigoureux de surveillance étroite et d’intervention


Devrait-il y avoir des recommandations distinctes pour les sous-groupes en fonction des torts? Oui ☑ Non □
  • La principale différence dans la probabilité de bienfaits découlant de la déprescription des AP se situe dans la gravité des SNP au point de départ. Declercq et coll. signalent qu’il faut être prudent avec les résidents plus âgés en centres de SLD, car 2 études font valoir que les symptômes chez de telles personnes pourraient s’aggraver si elles cessent leurs AP18

Valeurs et préférences : Y a-t-il une estimation fiable de l’importance relative des résultats et des préférences des patients? Oui ☑ Non □Les AP sont prescrits, entre autres, contre les comportements agressifs (physiques et verbaux), pour la prise en charge plus facile des patients durant les soins quotidiens, comme aide au sommeil ou pour aider les soignants à composer avec les patients. D’autres solutions viables, comme des options non pharmacologiques, sont moins largement utilisées parce qu’elles sont difficilement accessibles, et exigent beaucoup de ressources et une formation additionnelle pour le personnel. Les AP peuvent avoir un effet modeste dans la réduction du fardeau des soignants. Par conséquent, il peut y avoir de la résistance de la part du personnel des soins à domicile lorsque l’utilisation des AP est diminuée ou des pressions de la part du personnel des centres de SLD en faveur de la prescription d’AP. Le manque de personnel, la charge de travail additionnelle et les exigences accrues sont des obstacles à la diminution des AP. Les soignants trouvent dommageable le recours aux AP pour contrôler les comportements. De plus, les soignants observent une meilleure QdV chez les patients lorsqu’ils ne prennent pas d’AP. Les familles voudraient plus de renseignements sur les effets secondaires des APPerspective adoptée : les points de vue du patient et des soignants sont essentiels dans la décision de déprescrire les AP, mais la disponibilité du soutien des professionnels de la santé pour surveiller et accompagner la démarche importe aussi
Source des données sur les valeurs et les préférences : recherche documentaire, essai expérimental des lignes directrices dans des milieux de SLD et chez des patients externes
Source des données sur la variabilité, le cas échéant : la variabilité est difficile à estimer La méthode pour déterminer les valeurs est-elle satisfaisante pour cette recommandation? Oui ☑ Non □ Tous les paramètres essentiels ont-ils été mesurés? Oui ☑ Non □
  • Quoique les paramètres essentiels furent l’objet d’une évaluation selon une approche générale, les données probantes quant aux répercussions sur les coûts de l’augmentation potentielle du fardeau des soignants n’ont pas pu être quantifiées avec exactitude

Répercussions sur les ressources : Les ressources nécessaires valent-elles les bienfaits nets attendus? Oui ☑ Non □Étant donné la rareté des données probantes concernant les répercussions sur les coûts de la déprescription des AP et l’absence de données sur la rentabilité, il est difficile d’estimer cette contrepartie avec précision. Il est probable que, dans certains cas, la déprescription des AP augmente les besoins en ressources sur le plan des soignants; d’autre part, les patients ne seront plus exposés à de nombreux effets secondaires potentiels des AP (risque accru de chutes, AVC, décès, somnolence, confusion, étourdissements, SEP, troubles métaboliques, gain pondéral, effets secondaires anticholinergiques, dyskinésie tardive, hypotension orthostatique, troubles de la conduction cardiaque, sédation, ralentissement cognitif); les coûts des médicaments diminueront égalementFaisabilité : Cette intervention est-elle généralement accessible? Oui ☑ Non □
Coût d’opportunité : Cette intervention et ses effets valent-ils les coupures ou la non-allocation de ressources aux autres interventions?
Oui ☑ Non □
Y a-t-il une grande variabilité des exigences en matière de ressources dans les différents contextes? Oui ☑ Non □
  • Les besoins sur le plan des ressources dépendent en partie de la gravité au point de départ des symptômes des patients chez qui les AP sont déprescrits et de la réussite de la déprescription

Force de la principale recommandation : forteLa forte recommandation se fonde sur le manque de données probantes étayant des torts considérables causés par la déprescription des AP pour les SCPD, les données probantes étayant les bienfaits d’éviter une exposition inutile aux AP, les coûts sociétaux d’une utilisation inappropriée des AP et la faisabilité de cette intervention en soins primaires et en SLD; pour l’insomnie, il y a une insuffisance de données probantes étayant l’efficacité des AP et des préjudices sont possibles
Remarques et énon-cé sur les valeurs et les préférencesCes recommandations accordent une grande valeur au risque clinique minime de déprescrire, à la réduction de l’utilisation inappropriée des AP et de leurs effets secondaires, de même qu’à l’utilisation afférente des ressources, étant donné les coûts élevés, tant sur le plan économique que sur d’autres plans, associés à l’utilisation à long terme des AP. Elles accordent une certaine valeur au potentiel de torts causés par des tentatives de déprescription et à l’utilisation potentiellement plus importante des ressources humaines résultant de la déprescription des AP
  • AP—antipsychotique, DM—différence moyenne, ERC—étude randomisée contrôlée, NPI—Inventaire neuropsychiatrique, QdD—qualité des données probantes, QdV—qualité de vie, SCPD—symptômes comportementaux et psychologiques de la démence, SEP—symptômes extrapyramidaux, SLD—soins de longue durée, SNP—symptômes neuropsychiatriques.