Tableau 2.

Stratégies de gestion pharmacologique dans le contexte de certaines maladies après une chirurgie bariatrique : Selon les changements anticipés en matière de médicaments et d’absorption après 3 interventions précises : 2 types d’interventions restrictives (anneau gastrique et gastrectomie longitudinale) et 1 type d’intervention restrictive et de malabsorption (dérivation gastrique de Roux-en-Y).

MALADIE OU CLASSE DE MÉDICAMENTSCOMMENTAIRES
Diabète
  • Le professionnel de la santé doit effectuer une surveillance et un suivi fréquents durant la période postopératoire pour veiller à l’efficacité continue et voir à apporter les changements aux antihyperglycémiants en temps voulu7

  • Bien que le fardeau pharmacologique soit susceptible de s’alléger immédiatement après la chirurgie, la surveillance prolongée est recommandée puisque le diabète est une maladie évolutive qui peut s’aggraver avec le temps chez certains patients7


Recommandations spécifiques aux médicaments contre le diabète de type 2
Insuline*
  • Les besoins en insuline pourraient être instables et l’on s’attend à ce qu’ils décroissent pendant au moins 12 mois après la chirurgie ou jusqu’à ce que le poids se stabilise, les réductions les plus substantielles se produisant dans les premiers mois7,8

  • Si la dose d’insuline basale est < 30 unités/jour avant la chirurgie, il faut l’arrêter après la chirurgie79

  • Si la dose d’insuline basale est 30 unités/jour avant la chirurgie, il faut la réduire de 50 à 80 % après la chirurgie710

  • Une insuline à action rapide peut être utilisée pour prendre en charge la glycémie élevée79


Options non insuliniques
  • Chez les patients sous 1 antidiabétique oral avant la chirurgie, celui-ci peut être arrêté après la chirurgie8,9

  • Si le patient prend > 1 antidiabétique oral et

    • -que le taux d’HbA1c est < 9 %, la metformine est la monothérapie de choix7,10

    • - que le taux d’HbA1c est 9 %, un deuxième antidiabétique oral peut être ajouté à la metformine, de préférence un antidiabétique qui réduit le risque CV 7,11

  • Éviter les antidiabétiques oraux qui augmentent le risque d’hypoglycémie7,8,11

Anticoagulation
  • La warfarine est préférable aux ACOD chez les patients qui requièrent un traitement anticoagulant continu après la chirurgie bariatrique12

    • - Si un ACOD est envisagé après la chirurgie bariatrique, il faut confirmer la disponibilité d’une surveillance en laboratoire pour veiller à ce que les concentrations sériques se situent dans l’intervalle thérapeutique voulu12


Recommandations spécifiques aux médicaments
Warfarine
  • Les doses de warfarine doivent habituellement être réduites immédiatement après la chirurgie (environ 3–4 semaines), puis augmentées plus tard après la chirurgie1214

  • Pour réduire le risque hémorragique, réduire la dose de warfarine après la chirurgie et l’ajuster en fonction du RIN, comme on le ferait au début d’un traitement par la warfarine


Apixaban, rivaroxaban
  • Des données limitées laissent croire qu’il n’est pas nécessaire d’ajuster la dose de rivaroxaban et d’apixaban après la chirurgie bariatrique15,16

  • La surveillance en laboratoire des médicaments est recommandée pour veiller à ce que les concentrations sériques se situent dans l’intervalle thérapeutique prévu12


Dabigatran, édoxaban
  • Aucun article publié ne définit les changements pharmacocinétiques du dabigatran et de l’édoxaban après la chirurgie bariatrique12

Traitement antiplaquettaire
  • Le traitement antiplaquettaire augmenterait le risque de saignement gastro-intestinal5,6

    • -Les médicaments antiplaquettaires en prévention primaire des événements CV doivent être réévalués

    • - Il est approprié de poursuivre un traitement antiplaquettaire chez les patients qui présentent un risque d’événement CV à l’avenir, mais à la dose indiquée la plus faible

Dyslipidémie
  • La lipidémie pourrait s’abaisser avec la perte pondérale; envisager de la surveiller tous les 3 mois jusqu’à ce que le poids se stabilise et mettre fin au traitement, le cas échéant1719

  • Chez les patients sous traitement contre la dyslipidémie en prévention secondaire des événements CV, la dose pourrait être déterminée par les événements précédents plutôt que par les valeurs postopératoires de laboratoire

Hypertension
  • Le besoin pour des antihypertenseurs diminue habituellement après la chirurgie. Cette diminution est parfois amorcée immédiatement après la chirurgie et se poursuit pendant jusqu’à 2 ans2022

    • -Les patients doivent voir leur omnipraticien fréquemment

    • -Les patients doivent surveiller leur tension artérielle tous les jours jusqu’à ce qu’elle se stabilise

      • — Les résultats doivent être pris en note et évalués par un professionnel de la santé afin d’étayer les changements de médicaments

      • —Il faut répéter aux patients la bonne technique de surveillance de la tension artérielle

  • Envisager de mettre fin au traitement par un diurétique ou de le modifier si le patient se déshydrate8

  • Chez les patients diabétiques, il serait préférable de poursuivre l’IECA ou l’ARA en raison de leurs effets rénoprotecteurs8

Dépression et anxiété
  • La surveillance étroite de récidive des symptômes psychiatriques est recommandée après la chirurgie23

    • - Les patients doivent connaître les signes et les symptômes d’aggravation de la maladie psychiatrique, et doivent savoir avec qui communiquer si une aggravation se produit

  • En cas de rechute, ajuster les médicaments psychiatriques aussitôt que possible en raison du délai de réponse associé à l’ajustement du schéma posologique

  • La littérature donne à croire que les concentrations d’ISRS pourraient chuter initialement, puis remonter après quelques mois; les ajustements posologiques apportés immédiatement après la chirurgie pourraient être temporaires23,24

  • Il pourrait être nécessaire de passer à une présentation plus facilement absorbée (p. ex. liquides, comprimés écrasés, préparations à libération immédiate, comprimés à dissolution orale)


Recommandations spécifiques à certains médicaments pour des médicaments dont une version à libération immédiate n’est pas commercialisée au Canada
Venlafaxine
  • La littérature laisse penser que la dérivation gastrique de Roux-en-Y n’altère pas substantiellement l’absorption de la venlafaxine à libération prolongée ou de son métabolite actif25


Duloxétine
  • La dérivation gastrique de Roux-en-Y pourrait réduire l’exposition à la duloxétine et cela pourrait persister pendant au moins 12 mois après la chirurgie26

    • - Si le traitement semble être inefficace après la chirurgie, il pourrait être nécessaire d’augmenter la dose ou d’administrer un autre traitement


Desvenlafaxine
  • Si le traitement semble être inefficace après la chirurgie, il pourrait être nécessaire d’augmenter la dose ou d’administrer un autre traitement


Bupropion
  • Si le traitement semble être inefficace après la chirurgie, envisager ceci :

    • -Continuer le traitement ou passer au bupropion retard

      • —La préparation retard est plus facile à écraser que la préparation à libération prolongée

    • - Écraser les comprimés et les administrer avec de l’eau; cela produit un effet comparable à celui des comprimés à libération immédiate commercialisés ailleurs qu’au Canada

    • - Fractionner la dose quotidienne totale en 3 à 4 prises quotidiennes. Une dose ne doit pas dépasser 150 mg, et la dose quotidienne totale ne doit pas dépasser 450 mg27

Migraine
  • La fréquence des migraines ou des céphalées pourrait s’abaisser après la chirurgie 28,29

  • Le délai moyen avant la réduction de la dose était d’environ 5,6 mois après la chirurgie (intervalle de 1 à 36 mois)28

  • Si les migraines sont apparues après l’obésité, la probabilité qu’elles disparaissent après la chirurgie est plus grande28

Épilepsie ou convulsions
  • Les convulsions doivent être bien maîtrisées par des médicaments avant la chirurgie

  • Avant l’intervention de malabsorption, envisager de passer de façon empirique à une présentation liquide, à des comprimés pouvant être écrasés ou à des capsules pouvant être ouvertes

  • Il est recommandé de surveiller les médicaments immédiatement après la chirurgie afin d’assurer les concentrations thérapeutiques adéquates du médicament, le cas échéant

Asthme
  • Les patients asthmatiques pourraient nécessiter moins de médicaments après la chirurgie 30,31

    • - Si les patients rapportent utiliser moins souvent leur médicament de secours, envisager de réduire la dose du traitement d’entretien ou d’y mettre fin

Psoriasis
  • Les patients atteints de psoriasis pourraient nécessiter moins de médicament après la chirurgie 32,33

    • - Si les patients rapportent que leur psoriasis est moins sévère, envisager de réduire la dose ou de mettre fin au traitement

Douleur
  • Éviter les AINS après la chirurgie bariatrique en raison du risque accru de lésion gastrique (p. ex. ulcères peptiques)4,6

  • Chez les patients sous médicaments à libération prolongée ou opioïdes à forte dose qui subissent une chirurgie de malabsorption, envisager de passer à une présentation à libération immédiate ou à d’autres voies d’administration avant la chirurgie

  • L’acétaminophène liquide contient du sorbitol, qui augmente le risque de syndrome de chasse6

Greffe
  • Si le patient prend des immunosuppresseurs, envisager de stabiliser les concentrations sériques à l’aide d’une présentation liquide avant la chirurgie

  • Des concentrations élevées de tacrolimus et de mycophénolate ont été observées après la gastrectomie longitudinale34

  • Lorsque cela est indiqué, surveiller les concentrations sériques après la chirurgie et ajuster la dose en conséquence

Prévention des ulcères et RGO
  • Les comprimés à dissolution rapide ou les capsules pouvant être ouvertes et leur contenu, saupoudré sur les aliments, sont mieux absorbés et plus efficaces après la chirurgie bariatrique

    • - Les patients souffrant d’ulcération postopératoire ont guéri significativement plus rapidement (p < 0,001) sous des capsules d’un inhibiteur de la pompe à protons qu’ils ont ouvertes et dont ils ont saupoudré le contenu sur des aliments que les patients sous capsules ou comprimés entiers35

    • - Le prescripteur doit inscrire la mention « pas de substitution » lorsqu’il prescrit des comprimés à dissolution orale ou des capsules à ouvrir

VIH
  • La gastrectomie longitudinale ne semble pas avoir un effet défavorable sur la numération de CD4 et la charge virale, et elle semble être sans danger chez les personnes vivant avec le VIH36,37

  • Une réduction substantielle de l’absorption de raltégravir et d’atazanavir a été observée après la gastrectomie longitudinale3638

    • - Suggérer de remplacer le raltégravir et l’atazanavir par un autre traitement contre le VIH avant la chirurgie bariatrique36

    • - S’il est impossible de remplacer le raltégravir et l’atazanavir, il faut surveiller la pharmacocinétique après la chirurgie et ajuster la dose du médicament en conséquence36

Contraception
  • Rocha et coll.39 et Curtis et coll.40 indiquent que chez les femmes ayant subi une

    • - intervention de malabsorption, les contraceptifs oraux ne sont pas recommandés en raison d’un risque théorique d’absorption réduite entraînant une baisse de l’efficacité contraceptive39

    • -intervention restrictive, toutes les méthodes de contraception sont acceptables39,40

  • La prudence est recommandée dans tous les cas. S’assurer que la patiente comprend les risques liés à la contraception orale et qu’elle devrait employer une deuxième méthode de contraception (p. ex. condom masculin ou féminin, diaphragme)


Recommandations spécifiques aux médicaments
Après les interventions restrictives seulement
  • Contraceptif oral combiné

  • Pilule contenant un progestatif seulement


Après les deux types d’intervention, mais peut-être moins efficace chez les femmes de ≥ 90 kg (≥ 198 lb)41
  • Timbre d’éthinylestradiol et de norelgestromine


Après les deux types d’intervention, mais l’efficacité chez les femmes obèses n’a pas fait l’objet de beaucoup d’études42
  • Anneau vaginal d’éthinylestradiol et d’étonogestrel


Après les interventions de malabsorption et restrictives
  • Injection sous-cutanée ou intramusculaire de médroxyprogestérone

  • Stérilet de lévonorgestrel

  • Stérilet en cuivre

  • ACOD—anticoagulant oral direct, AINS—anti-inflammatoire non stéroïdien, ARA—antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II, CV—cardiovasculaire, HbA1c—hémoglobine A1c, IECA—inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, ISRS—inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine, RGO—reflux gastro-œsophagien, RIN—rapport international normalisé.

  • * Les recommandations relatives à l’insuline s’appuient sur les données publiées actuelles pour le traitement du diabète de type 2 après la chirurgie bariatrique. La littérature actuelle ne donnait aucune recommandation relative au diabète de type 1, bien qu’on ait observé des exigences réduites d’insuline après la chirurgie.

  • L’empagliflozine, la canagliflozine, le liraglutide et le sémaglutide sont des exemples de médicaments qui réduisent le risque CV11.

  • Le gliclazide, le glimépiride, le glyburide et le répaglinide sont des exemples de médicaments qui augmentent le risque d’hypoglycémie11.