Cest aujourd’hui l’Action de grâce, alors que je rédige mon premier Message où je veux insister sur le positif. C’est bien approprié car, après réflexion, nous avons tant qui mérite notre reconnaissance. Je suis médecin de famille depuis plus de 20 ans et j’ai vécu une vie privilégiée. Je dois m’adresser au groupe d’intérêts en médecine familiale de Calgary ce soir, au sujet de ma vie en tant que médecin de famille. Ça tombe très bien aussi.
Je sais que certains se sentent frustrés, surchargés, même épuisés. Certains sont cynique à propos des soins de santé, du gouvernement, des attentes des patients et des hôpitaux. Quand j’ai choisi la médecine familiale, je ne cherchais pas un mode de vie mais bien une vie. Je ne cherchais pas la facilité - j’aime les défis et travailler fort. Les défis semblent parfois insurmontables mais, en dépit de ces périodes troublantes, c’est toute une aventure. Durant ma présidence, je veux célébrer la croissance étonnante de notre discipline, les changements dans notre façon de dispenser les soins et notre réceptivité aux demandes du système. J’éprouve de la reconnaissance pour tous ces bienfaits professionnels et j’espère que vous vous joindrez à moi pour célébrer nos nombreuses réussites.
Choisir la médecine familiale
Que vais-je dire aux étudiants en médecine ce soir? Qu’est-ce qui pourrait susciter leur passion et leur faire comprendre que c’est un choix magnifique en médecine. Peut-être ce qui est le plus frappant. Je me souviens de Brian Hennen m’expliquant que nous nous spécialisons dans l’ampleur de la médecine, tandis que nos collègues consultants se spécialisent dans la profondeur. Toutes deux importent, sont précieuses et nécessaires. Ian McWhinney a parlé de l’importance d’être différents1; sa description d’une rencontre entre un médecin de famille et un patient comme de celle entre 2 experts - un expert en médecine et l’autre un expert de lui-même ou d’elle-même - m’a toujours aidée dans mon travail de tous les jours.
Je peux leur dire que j’ai pratiqué dans de petits hôpitaux où il y a encore un salon des médecins, où consultants et médecins de famille prennent ensemble un café et font chaque jour la conversation. La plupart des lits dans ces hôpitaux sont supervisés par des médecins de famille. L’Hôpital de Moncton où j’ai commencé est classé parmi ceux qui ont les meilleurs résultats au pays2. J’y ai adoré la diversité du travail - patients hospitalisés, soins palliatifs, santé de la reproduction chez l’adolescent, urgence, soins maternels, accouchements - nous faisions ce qu’il fallait. Je me rappelle avoir soigné un patient ayant le VIH: apprendre à apprendre du patient, amorcer de nouveaux traitements, participer à des études. À cette époque, il n’y avait aucun spécialiste en maladies infectieuses dans toute la province. Nous organisions des clubs de lecture entre médecins pour apprendre les uns des autres. Je suis reconnaissante pour tous ces bons moments à apprendre ensemble.
Je peux dire aux étudiants quelle aventure c’est sur le plan scientifique. Tant de nos accomplissements sont invisibles. J’ai entendu un jour la médecine familiale qualifiée de discipline «modeste», mais nous en faisons tant sur les plans clinique, de la recherche et de l’enseignement. Dans le contexte de ma maîtrise, j’ai estimé que les médecins de famille des Maritimes contribuaient plus d’un demi-million de dollars par année en travail bénévole non payé à la faculté de médecine. La recherche en médecine familiale a éclairé la façon de former tous les étudiants en médecine au Canada (p. ex., méthode clinique centrée sur le patient). Les chercheurs en médecine familiale ont aussi fait des travaux déterminants en sécurité des patients. Mon travail en médecine familiale universitaire fut particulièrement gratifiant. Un si grand nombre de médecins de famille au pays contribuent à la formation des étudiants et des résidents en médecine. Nous enseignons aussi aux infirmières, infirmières praticiennes, sages-femmes et étudiants en pharmacie. Et j’en passe. N’est-ce pas ce qui nous a attirés à cette riche spécialité?
Choisir la gratitude
Les chercheurs étudient maintenant la gratitude. Il y a des bienfaits mesurables à être reconnaissants, à faire le point et à reconnaître ou redécouvrir l’émerveillement dans notre travail et nos précieuses contributions. Le Collège nous aide à définir ce que font les médecins de famille au pays, en fixant des normes d’agrément, en administrant les examens, en agissant comme notre porte-parole et en servant de lieu de rencontre pour que les médecins de famille travaillent à une multitude de dossiers. Chaque jour, nous travaillons ensemble, réagissons, évoluons, améliorons, inspirons et défendons la cause des médecins de famille au Canada. J’en suis reconnaissante. Les médecins de famille font un travail exceptionnel avec une efficacité et une rentabilité éprouvées. C’est le temps de nous rappeler que nous faisons une différence, la raison-même d’avoir entrepris cette aventure. Je parie que les étudiants en médecine ce soir chercheront cette place en médecine où ils peuvent faire une différence.
Notre vie de médecins de famille est fantastique et nous sommes chanceux de faire partie de cet élément essentiel du système de santé au Canada. C’est un moment propice de l’année pour ressentir de la gratitude.
Footnotes
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This article is also in English on page 1263.
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