S’il fallait choisir un seul article à lire ce mois-ci dans le Médecin de famille canadien (MFC), je vous conseillerais la réflexion du Dr Jeff Sutherland, intitulée « Point de vue d’un patient sur l’aide médicale à mourir » publiée en page e561. Le Dr Sutherland, lui-même atteint de la sclérose latérale amyotrophique depuis les 8 dernières années, y raconte succinctement sa vie, ses choix et son cheminement. Il y parle de ses réflexions face à la mort et au suicide assisté.
Lorsque j’étais actif et en santé, je n’aurais jamais pensé que je vivrais aujourd’hui avec les limites auxquelles je suis confiné. Je crois que les opinions changent avec le temps .... Je crois que, parfois, ne rien faire face aux souffrances d’un patient en phase terminale est inacceptable.
Je trouve réconfort dans le fait que je puisse maintenant choisir une mort douce et humaine, entouré de mes proches, à mes propres conditions, dans l’éventualité où ma condition changerait1.
Des propos nuancés, pausés, réfléchis qui respectent les choix de chacun et qui méritent certainement d’être lus.
Et puis, si vous aviez le temps de lire un deuxième article ce mois-ci dans le MFC, je vous proposerais « Mise à jour sur la prévention et le dépistage selon l’âge à l’intention des médecins de soins primaires canadiens » publié en page e642. Alors que les médecins de famille sont bombardés d’innombrables recommandations sur les pratiques préventives que nous devrions privilégier—avis tous plus contradictoires les uns que les autres—cette mise à jour vient faire le point sur ce que nous devrions faire ou ne pas faire. Ainsi, cet article vous permettra de comprendre pourquoi les recommandations canadiennes et américaines peuvent parfois diverger et pourquoi celles issues de panels d’experts ou de sociétés scientifiques conduisent souvent à des avis contradictoires. Cette révision vous permettra aussi de répondre à des questions précises comme la pertinence de prescrire ou non le test de l’antigène spécifique de la prostate, ou à quelle fréquence procéder au dépistage du cancer du col utérin, ou à quel âge initier celui pour le cancer du sein. En prime, vous trouverez les hyperliens vous permettant d’avoir accès aux publications originales, le tout assorti d’un tableau résumant ce qu’il convient de faire selon l’âge et le sexe des patients adultes qui nous consultent pour leur examen périodique ou pour toute autre raison. Un document à conserver précieusement sur notre bureau ou parmi nos favoris dans notre ordinateur.
Enfin, puisque vous semblez y prendre goût, je vous conseillerais de lire « Idées dangereuses. Les quatre meilleures propositions présentées au Forum en médecine familiale », publié en page e613. Lisez dans « Mettre en garde les fournisseurs de DME—vers une approche éclairée par des données probantes à l’égard de la technologie de l’information » les arguments de Greiver et Keshavjee qui affirment que le dossier médical électronique n’améliore pas les soins aux malades et que ses prétendus avantages reposent sur des propos de vendeurs et non pas sur des données probantes. Lisez ceux de Dattani et Melady qui croient que « le Canada n’a pas besoin de plus de médecins spécialisés en gériatrie »3; ceux de Goel qui prône que le Canada a besoin d’un régime national d’assurance-médicaments; ou attardez-vous au texte d’Allan « La primauté des médecins de famille dans les guides de pratique en soins primaires » où l’on apprend que parmi les collaborateurs aux lignes directrices destinées aux médecins de famille, seulement 17 % sont des généralistes alors que 54 % sont des spécialistes3. Ces données en disent long sur la place dévolue aux médecins de famille dans les recommandations qui leur sont formulées. Cette présentation a été acclamée par l’assistance comme étant la meilleure parmi toutes celles soumises et présentées à la Tribune des idées dangereuses. Incidemment, puisque nous sommes dans les idées dangereuses, profitons-en pour souligner au passage la chance que nous avons de pouvoir exprimer des pensées qui sortent des sentiers battus non seulement de pouvoir les dire haut et fort, mais aussi de pouvoir les publier.
Et puisque vous semblez parcourir le MFC d’une couverture à l’autre (!), sachez que c’est la seule revue médicale canadienne destinée à l’ensemble des médecins de famille du Canada, révisée par les pairs et fichée dans MEDLINE. Une revue dotée d’un facteur d’impact de 1,403, enviable parmi tous les journaux médicaux destinés aux généralistes. Une revue dont la mission est d’informer les praticiens, les chercheurs, les enseignants et les décideurs au sujet des questions d’actualité et des courants de pensée les plus récents dans la discipline de la médecine familiale; d’être au service des médecins de famille dans les 2 langues officielles, quel que soit leur type de pratique, dans toutes les régions du Canada; de promouvoir le perfectionnement continu de la médecine familiale en tant que discipline; et de contribuer à l’amélioration constante des soins aux patients.
Bonne lecture!
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