La plupart des patients me disent qu’ils veulent être chez eux lorsqu’ils sont malades, fragiles ou mourants, et pris en charge par des professionnels compétents, tout en étant entourés de leurs amis et de leurs proches. Nous savons tous que dans plusieurs régions du pays, c’est décidément plus facile à dire qu’à faire. Beaucoup de patients font face à un manque de soins réguliers et fiables, dispensés par des professionnels à leur domicile. Souvent, ils doivent installer des dispositifs d’assistance ou modifier leur domicile pour leur permettre de vivre en sécurité à la maison. De plus, contrairement aux générations antérieures, les familles d’aujourd’hui ne sont pas toujours en mesure de fournir un soutien physique et financier.
La nécessité d’améliorer les soins à domicile est, depuis longtemps, une cause de plaidoyer du CMFC et occupe une place importante dans nos publications, notamment Le rôle du gouvernement fédéral dans les services de santé1 et le document de recommandations Du rouge au vert.2
En partenariat avec l’Association canadienne de soins et services à domicile et l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, le CMFC a mis au point le projet Un plan d’action national pour de meilleurs soins à domicile. Le but du projet consiste à formuler des recommandations afin d’offrir des soins à domicile aux Canadiens et Canadiennes en les rendant plus accessibles, en responsabilisant les fournisseurs de soins formels et informels, en obtenant de meilleurs résultats de santé et en améliorant l’expérience des patients. Des consultations ont eu lieu à Halifax (Nouvelle-Écosse) ; Ottawa (Ontario) ; Whitehorse (Yukon) ; et Calgary (Alberta), au printemps dernier et durant l’été. Ces consultations ont fait appel à divers intervenants en soins de santé, y compris des médecins de famille, qui ont misé sur leur expérience des soins à domicile pour formuler ces recommandations. Les résultats de ces consultations ainsi que d’un sondage ouvert seront intégrés dans le plan d’action qui sera présenté au gouvernement fédéral pour recommander la meilleure façon d’investir les 3 milliards de dollars déjà promis pour les soins à domicile.
Les soins à domicile sont d’une grande importance pour les médecins de famille, car nous sommes nombreux à les fournir. L’apprentissage de la prestation des soins à domicile fait partie des programmes de résidence en médecine familiale. L’environnement familial est considéré comme un contexte clinique pour l’apprentissage selon les normes du Livre rouge pour les programmes de résidence en médecine familiale3 notamment en matière de soins aux personnes âgées, de soins aux patients souffrant d’incapacités et de soins palliatifs. Manifestement, une stratégie de soins à domicile coordonnée et basée sur des données probantes pourrait aider les médecins de famille à se renseigner sur les soins à domicile, à les défendre et à les dispenser ; et veillerait à ce que les nouveaux médecins continuent d’exercer dans cet environnement. Selon les résultats du Sondage longitudinal en médecine familiale (sortie) T2 mené auprès des diplômés de quinze programmes de résidence en médecine familiale, 37,8 % des répondants ont indiqué qu’il était « probable » ou « fort probable » qu’ils incluraient le domicile du patient dans leurs cadres de pratique.4 À mon avis, ce chiffre devrait être plus élevé. De plus, les médecins de famille avec des compétences avancées ou des pratiques ciblées en soins palliatifs et en soins aux personnes âgées s’intéressent particulièrement à ce plan d’action, car la population qu’ils servent a des besoins importants dans ce domaine. Nous devons militer pour un environnement qui rendrait « fort probables » les visites à domicile par les médecins de famille et autres professionnels de la santé qui travaillent avec eux.
En faisant un retour sur mes propres expériences des soins à domicile, je me rends compte que ces visites enferment certains des aspects les plus gratifiants de notre profession. Beaucoup de médecins de famille ont publié des récits sur leurs visites à domicile, allant de compte-rendu touchants ou même amusants à des études scientifiques rigoureuses décrivant les avantages de ce type de soins. Le Dr Ian McWhinney a probablement décrit ce cadre de soins avec le plus d’éloquence :
Nous définissons la médecine familiale en termes de relations, et la continuité de la relation médecin-patient est l’une de nos valeurs fondamentales. Comment pouvons-nous justifier la rupture de nos relations de longue date avec nos patients lorsque la maladie ou la vieillesse les confinent à leur domicile?5
J’espère que cette expression d’engagement vivra toujours par notre appui solide et notre participation au Plan d’action national pour de meilleurs soins à domicile.
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