Question clinique
Comment puis-je évaluer et aborder la perte pondérale chez les patients plus âgés?
Résultats
La perte de poids est fréquente et peut être difficile à traiter. Au nombre des difficultés figurent l’identification du problème, la détermination des examens appropriés, de même que la quête d’un juste équilibre entre la crainte qu’un diagnostic nous échappe, les investigations invasives et un traitement efficace1.
La perte pondérale est une réduction de plus de 5 % du poids corporel en 1 mois ou de 10 % en 6 mois2. Comme questions de dépistage utiles, nous pouvons demander aux patients plus âgés si leurs vêtements sont moins ajustés ou s’ils doivent porter une taille plus petite. Il est important de dépister la perte pondérale involontaire, car elle est associée à la mortalité, au déclin fonctionnel et à la fragilité clinique. L’approche à adopter avec des personnes plus âgées concernant la perte de poids peut être plus complexe qu’avec des patients plus jeunes en raison de leurs risques plus élevés d’une maladie sous-jacente grave comme le cancer, mais aussi à cause de facteurs psychologiques comme la déficience cognitive, les soutiens financiers ou sociaux limités et les problèmes de santé buccale3–6. Par conséquent, il faut évaluer les circonstances sociales de vos patients. Le choix des investigations devrait être guidé par les antécédents du patient et les constatations à l’examen physique, et être axé sur la confirmation des diagnostics. Il importe aussi de prendre en considération la contribution des médicaments.
Données probantes
L’exercice peut être utile, de même que les suppléments nutritionnels qui, s’ils sont utilisés, devraient être pris entre les repas pour éviter de diminuer encore plus l’appétit7,8.
Les données probantes en faveur des traitements pharmacologiques sont limitées, et Choisir avec soin recommande de ne pas y recourir systématiquement9.
Jusqu’à 40 % des personnes atteintes de démence perdent du poids10.
De nombreux médicaments courants sont associés à la perte pondérale.
Approche
Des mesures du poids sérielles et un dépistage de routine, comme des questions à propos d’une diminution de l’apport alimentaire ou de l’ajustement des vêtements, peuvent servir à identifier les personnes qui répondent aux critères de la perte pondérale ou qui y satisfont presque, et aident à cibler les interventions.
L’Encadré 1 présente une liste dressée pour aider à cerner les causes possibles.
Une anamnèse détaillée, des examens de la bouche et de l’abdomen, de même qu’une évaluation neurologique et un examen de l’état mental sont importants pour diagnostiquer toutes les maladies sous-jacentes.
Il importe de passer en revue les médicaments prescrits et en vente libre (consultez l’Encadré 2 dans Holroyd-Leduc)1.
La présence et la gravité de la fragilité11, ainsi que les objectifs thérapeutiques du patient, peuvent guider la mesure dans laquelle la perte pondérale sera examinée. L’élimination des régimes restrictifs pourrait être appropriée pour les personnes dont l’espérance de vie est limitée ou dont la fragilité est de modérée à grave.
Causes potentiellement modifiables de la perte pondérale
Effets secondaires des médicaments
Effets des traitements (p. ex. chimiothérapie, radiothérapie, dialyse)
Autres diagnostics médicaux (p. ex. cancer, insuffisance cardiaque congestive ou MPOC en stade terminal, insuffisance rénale)
Douleur (contrôle insuffisant)
Errance ou autres comportements répétitifs de la démence ou d’une maladie psychiatrique
Problèmes émotionnels ou psychologiques (p. ex. anxiété, dépression, délire)
Déficience cognitive (démence, delirium) ou fonctionnelle (p. ex. incapacité de se nourrir seul)
Maladies gastro-intestinales (p. ex. malabsorption, reflux, nausée, vomissements, constipation)
Hyperthyroïdisme, hypothyroïdisme, hyperparathyroïdie ou hypoadrénalisme
Goût et texture des aliments (régimes restrictifs, p. ex. faibles en sodium ou en cholestérol, purées)
Perte d’appétit ou satiété rapide
Santé buccale (p. ex. pathologie des muqueuses, mauvaise dentition, prothèses dentaires mal ajustées)
Troubles de déglutition
Facteurs sociaux (p. ex. isolement, pauvreté, accès difficile aux aliments)
MPCO—maladie pulmonaire obstructive chronique.
Élaboré par le Dr Frank Molnar et adapté avec sa permission. Pour obtenir l’autorisation d’utiliser la liste mnémonique (en anglais, Stop Weight Loss), veuillez communiquer avec le Dr Molnar à fmolnar{at}toh.ca.
Mise en pratique
Il y a lieu d’optimiser en premier les facteurs remédiables12, surtout chez les patients atteints de démence ou de fragilité. Il faudrait faire une revue critique de la médication selon une perspective de déprescription13. Les avantages des suppléments nutritionnels sont incertains. Les données probantes entourant les stimulants de l’appétit sont limitées; les facteurs sociaux et l’exercice pourraient être plus utiles.
Des ressources sur la nutrition liées à la perte pondérale sont accessibles aux professionnels de la santé (https://www.nutritioncareincanada.ca/?lang=fr) et aux aînés canadiens (https://www.dietitians.ca/Your-Health/Nutrition-A-Z/Seniors.aspx).
Notes
Les Perles gériatriques sont produites de concert avec la Canadian Geriatrics Society Journal of CME, une revue révisée par des pairs, publiée par la Société canadienne de gériatrie (www.geriatricsjournal.ca). Les articles font la synthèse des données probantes tirées des articles publiés dans la revue Canadian Geriatrics Society Journal of CME et présentent des approches pratiques à l’intention des médecins de famille qui soignent des patients âgés.
Footnotes
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the October 2019 issue on page 723.
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