Description de cas
Mme E., 60 ans, est professeure de physique; elle subit une perte auditive graduelle bilatérale depuis 15 ans. Elle n’a pas d’antécédents de chirurgie ou d’infection de l’oreille, de traumatisme crânien, d’exposition au bruit excessif ou d’ototoxicité, ou d’antécédents familiaux de perte auditive. Depuis peu, elle n’assiste plus aux conférences scientifiques puisqu’elle entend mal les présentations et trouve difficile de suivre les conversations durant les activités de réseautage. Inquiète du fait que ses problèmes d’audition se répercutent sur son travail, elle envisage la retraite précoce.
Selon l’anamnèse, la perte auditive de Mme E. a un effet profond sur sa vie. De quels outils disposons-nous pour déterminer la cause de la perte auditive? Comment mesurer la perte auditive? Y a-t-il des stratégies de prise en charge qui pourraient améliorer la qualité de vie?
Sources d’information
L’approche décrite est une revue de synthèse basée sur les pratiques cliniques des auteurs ainsi que sur la recherche et les revues cliniques publiées de 1980 à 2020. Une recherche a été réalisée dans MEDLINE et PubMed à l’aide des mots-clés hearing loss et guidelines. Les données probantes étaient de niveau II ou III dans la plupart des articles cités.
Message principal
La perte auditive désigne la perte complète ou partielle de la capacité d’entendre, et c’est l’une des déficiences sensorielles les plus fréquentes dans le monde1. Au Canada, quelque 20 % des personnes de 20 à 79 ans présentent une perte auditive mesurée par audiométrie, bien que la prévalence s’accroisse avec l’âge et frôle les 65 % chez les personnes de 70 à 79 ans2. Chez les personnes âgées, la perte auditive augmente le risque de chutes et contribuerait à l’isolement social, à la maladie mentale, à la démence et au déclin cognitif3-6. Chez les adultes en âge de travailler, elle est associée à une réduction des activités sociales et à l’intensification du dysfonctionnement émotionnel7. Chez les enfants, la perte auditive retarde la parole et l’acquisition du langage, et abaisse le rendement scolaire8. Sur le plan clinique, la perte auditive désigne une perte de plus de 25 dB à des fréquences se situant entre 250 et 8000 Hz; elle est catégorisée en perte auditive de transmission, neurosensorielle ou mixte9. Bien que la perte auditive puisse se manifester par un acouphène, le diagnostic et la prise en charge de l’acouphène ont fait l’objet d’une revue récente et ne sont pas traités dans le présent article10.
Symptômes et causes
Perte auditive neurosensorielle : La perte auditive neurosensorielle est le fruit d’un défaut des composants de l’oreille interne ou de la signalisation neurale dans le cortex auditif. La cause la plus fréquente d’une perte auditive neurosensorielle est la presbyacousie, ou perte auditive liée au vieillissement, qui progresse lentement et est symétrique (Figure 1)11. La presbyacousie est causée par le vieillissement; elle est aggravée par les dommages causés par le bruit, les agents ototoxiques et les troubles otologiques12. Initialement, la presbyacousie affecte la sensibilité auditive à haute fréquence, mais elle compromet également la clarté du son, probablement en raison de la synaptopathie cochléaire12,13. La perte auditive induite par le bruit se manifeste souvent par un déclin bilatéral graduel découlant de l’exposition prolongée au bruit14,15. La perte auditive induite par le bruit, laquelle est fréquemment causée par l’exposition au bruit au travail ou durant les activités récréatives peut être évitée16. Les médicaments ototoxiques causent également la perte auditive neurosensorielle graduelle bilatérale (Tableau 1)17,18. Une perte auditive neurosensorielle graduelle unilatérale indique la possibilité d’un neurinome de l’acoustique pouvant se manifester par des signes neurologiques focaux19. Chez les patients qui ressentent un vertige jumelé à la perte auditive neurosensorielle unilatérale, il faut envisager la maladie de Ménière20,21. Chez les enfants, la perte auditive neurosensorielle nécessite d’explorer les antécédents familiaux d’affections héréditaires et d’effectuer le test d’infections TORCH (toxoplasmose, rubéole, cytomégalovirus, herpès simplex et autres, tels que syphilis)22.
Perte auditive de transmission : Cette perte auditive découle d’anomalies physiques qui font obstacle à la transmission des ondes de son dans l’oreille. L’otite externe se manifeste par l’inflammation et l’œdème du canal auditif. Les bouchons de cérumen, les corps étrangers et les néoplasies sont aussi à l’origine d’obstructions du canal auditif23. La perforation du tympan est causée par des infections récidivantes ou un traumatisme, et elle disparaît spontanément en 3 mois dans 80 % des cas24. L’otite moyenne se manifeste par la douleur et la rougeur, et un gonflement du tympan25. L’acouphène pulsatile unilatéral et une masse rouge directement derrière le tympan évoquent une tumeur glomique26. La présence de débris épithéliaux derrière le tympan évoque un cholestéatome27. Si l’examen otoscopique est normal en présence d’une perte auditive de transmission, une pathologie de l’oreille moyenne, comme l’otosclérose, est possible, laquelle s’accompagne habituellement d’antécédents familiaux28.
Perte auditive mixte : Désigne un tableau clinique qui inclut à la fois la perte auditive de transmission et la perte auditive neurosensorielle. Les affections chroniques de l’oreille moyenne, dont l’otosclérose grave, le cholestéatome et les néoplasies entraînent la perte auditive mixte29,30. Par ailleurs, il est possible qu’une perte auditive de transmission soit concomitante à une perte auditive neurosensorielle secondaire indépendante, ou vice-versa.
Signes alarmants. Durant l’approche de la perte auditive, il importe de relever les signes alarmants qui orientent la réflexion clinique vers des affections qui, si elles ne sont pas prises en charge d’urgence, auront des conséquences graves durables31. La perte auditive soudaine est un signe alarmant pouvant indiquer un traumatisme ou un AVC. L’examen otoscopique est nécessaire pour éliminer les affections non urgentes, dont le bouchon de cérumen, l’obstruction par un corps étranger, la perforation du tympan ou l’épanchement dans l’oreille moyenne32. Des antécédents de traumatisme crânien et des signes de traumatisme autour de l’oreille pointent vers une fracture de l’os temporal (Tableau 2). Il est nécessaire de recommander le patient en oto-rhino-laryngologie et chirurgie cervico-faciale (ORL-CCV) ou à l’urgence aux fins de prise en charge33,34. La perte auditive neurosensorielle unilatérale avec apparition de nouveaux symptômes neurologiques focaux pourrait indiquer un AVC et justifie de suivre les protocoles de l’AVC en vigueur dans la région32.
La perte auditive neurosensorielle unilatérale soudaine est une urgence otologique rare (5 à 30 cas par 100 000, annuellement) qui progresse en 72 heures et est parfois accompagnée de plénitude auditive unilatérale, d’un acouphène unilatéral ou de vertige35. Une forte dose ponctuelle de stéroïdes par voie orale pourrait limiter la progression vers la perte auditive permanente32,35,36. Après l’instauration de la corticothérapie orale, les patients doivent être recommandés d’urgence en ORL-CCV, moins de 14 jours après l’apparition des symptômes32. Dans les cas où les fortes doses de stéroïdes à action générale sont contre-indiquées, ou lorsque le rétablissement est incomplet de 2 à 6 semaines après l’apparition des symptômes, une recommandation urgente en ORL-CCV est nécessaire pour effectuer des injections intratympaniques de stéroïdes32,35.
Diagnostic
Anamnèse : L’anamnèse clinique détaillée permet de préciser le diagnostic. L’apparition et l’évolution de la perte auditive, et le fait qu’elle soit unilatérale ou bilatérale, importent pour déterminer l’urgence de la recommandation. Les symptômes tels que le vertige, l’acouphène, les symptômes neurologiques focaux et la douleur dans l’oreille limitent le diagnostic différentiel. Il est également essentiel de s’informer de l’exposition antérieure au bruit environnemental, des occupations et des médicaments.
Examen physique : Un examen physique minutieux oriente le diagnostic. L’inspection visuelle de l’oreille externe, jumelée à l’examen otoscopique du canal auditif, du tympan et de l’oreille moyenne, pourrait révéler des signes d’infection, de traumatisme, de néoplasies et d’anomalies congénitales (revu par Hawke et Kwok37). Les tests du diapason de Rinne et de Weber contribuent à distinguer la perte auditive de transmission de la perte auditive neurosensorielle (Figure 2)38. Cependant, l’application du test et sa précision varient considérablement, et il faut en tenir compte avec les résultats39. L’examen neurologique ciblé inclut le test des nerfs crâniens III à XII.
Test d’audiologie : Un test d’audiologie est indiqué chez les patients dont la perte auditive est subjective et inclut une anamnèse, un examen otoscopique, les mesures d’émittance acoustiques, le test du seuil de perception, le test de la parole et le counseling. La tympanométrie évalue le fonctionnement de l’oreille moyenne, et permet de préciser les pathologies de l’oreille externe et moyenne. (Figure 3). Le test du seuil de perception fournit le degré et les caractéristiques de l’audition (Figure 4). Les médecins de famille peuvent utiliser le site Web anglais de l’Académie canadienne d’audiologie (findanaudiologist.ca) pour trouver un audiologiste dans la localité. Une recommandation préliminaire à un audiologiste doit être envisagée dans les cas de perte auditive subjective.
Analyses de laboratoire et examens d’imagerie : La cause de la perte auditive est fréquemment déterminée par voie de diagnostic clinique. Une culture bactérienne est recommandée dans les cas d’otite externe aiguë réfractaire au traitement de première intention. Dans les cas de maladie otologique avancée, les explorations, dont les biopsies, la tomodensitométrie et l’imagerie par résonance magnétique, prennent habituellement leur origine en ORL-CCV40,41.
Recommandation en ORL-CCV : Une recommandation en ORL-CCV est utile pour clarifier le diagnostic dans les cas non urgents, y compris les cas de perte auditive de transmission pouvant nécessiter la prise en charge chirurgicale. Les perforations du tympan associées à une perte auditive significative, à un écoulement récidivant ou à l’utilisation d’appareils auditifs, ou qui ne sont pas guéries 2 mois après la blessure peuvent être recommandées en chirurgie42,43. Les tableaux cliniques qui incluent des signes alarmants doivent être recommandés d’urgence en ORL-CCV, en neurologie ou à l’urgence. Les pertes auditives neurosensorielles, de transmission ou mixtes qui sont asymétriques justifient également une recommandation en ORL-CCV.
Le Groupe de travail canadien sur l’audition des nourrissons recommande que tous les nourrissons soient soumis au dépistage de la perte auditive congénitale avant l’âge de 1 mois44. Chez les bébés qui échouent au test de dépistage, un test diagnostique confirmatoire doit être effectué par un audiologiste pédiatrique avant l’âge de 3 mois, et les interventions contre la perte auditive doivent être entreprises avant l’âge de 6 mois chez les bébés dont la perte auditive est confirmée. Malgré la recommandation, les provinces ne sont pas toutes dotées d’un programme de qualité d’intervention et de dépistage précoce des pertes auditives45. La perte auditive se manifeste graduellement chez certains enfants plus âgés et ne serait donc pas détectée par les programmes de dépistage de l’audition des nourrissons. Les médecins de famille doivent investiguer les plaintes subjectives des parents concernant une perte auditive chez leur enfant à l’aide d’une anamnèse, d’un examen physique et d’une recommandation en audiologie pédiatrique.
Prise en charge
Prévention : Les stratégies de prévention primaire et secondaire réduisent les effets de la perte auditive neurosensorielle irréversible. Les programmes ciblant la prévention précoce du bruit chez les jeunes à risque de perte auditive induite par le bruit sont essentiels, vu le potentiel d’altérations cochléaires prolongées induites par le bruit et la grande exposition au bruit récréatif dans ce groupe d’âge46. Les stratégies éclairant le recours aux appareils de protection auditive et l’utilisation responsable des dispositifs personnels d’écoute se sont avérées efficaces47,48. Les mesures de prévention de la perte auditive professionnelle consistent à utiliser plus fréquemment les bouchons d’oreille, au besoin49,50. La prévention de la presbyacousie consiste à éliminer les facteurs de risque, tels que le tabagisme, les maladies cardiovasculaires et l’exposition au bruit51.
Mesures prudentes : Les stratégies thérapeutiques prudentes sont viables pour certains patients ayant subi une perte auditive, surtout les patients âgés qui présentent peu de symptômes connexes et de nombreuses comorbidités52. L’observation en série est fréquemment envisagée durant la prise en charge du neurinome de l’acoustique, afin d’établir la vitesse d’intensification de la perte auditive et ses effets sur la qualité de vie53. La perte auditive de transmission induite par un traumatisme bénéficierait également de la prise en charge initiale prudente.
Les médecins de famille jouent un rôle essentiel dans la prise en charge des bouchons de cérumen et doivent éduquer les patients quant aux pratiques d’hygiènes qui favorisent la formation de bouchons23. Chez les patients ayant reçu un diagnostic par examen otoscopique et évaluation des symptômes, les médecins de famille doivent traiter les bouchons de cérumen par irrigation, agents de ramollissement ou élimination manuelle du cérumen23,54.
Pharmacothérapie : La corticothérapie précoce offerte dans les cas soupçonnés de perte auditive neurosensorielle unilatérale soudaine comprend la prednisone orale (1 mg/kg jusqu’à un maximum de 60 mg/jour pendant 1 semaine, réduction graduelle de la dose durant la deuxième semaine) ou les injections intratympaniques de stéroïdes. L’otite externe aiguë est traitée par gouttes otiques antibiotiques; l’otite moyenne aiguë est traitée par antibiotiques par voie orale.
Technologie d’amplification : Les appareils auditifs sont bénéfiques aux patients atteints d’une perte auditive neurosensorielle, en particulier la presbyacousie. Les données actuelles montrent une amélioration de la qualité de vie liée à la santé générale et à l’audition chez les adultes ayant subi une perte auditive légère à modérée55. La perte auditive neurosensorielle profonde que les appareils auditifs ne rétablissent pas suffisamment peut être traitée par implants cochléaires. Les adultes doivent être atteints de surdité post-linguale, doivent être exempts de contre-indications médicales et doivent avoir des attentes réalistes quant à l’amélioration de l’audition après la pose de l’implant56.
Interventions chirurgicales : Certaines causes de perte auditive se prêtent à l’intervention chirurgicale. Les perforations du tympan sont recousues par tympanoplastie. On peut offrir la stapédectomie aux patients qui présentent une otosclérose. Le retrait du cholestéatome est effectué par tympanoplastie jumelée à l’atticotomie ou à la mastoïdectomie57. Les tumeurs de l’angle ponto-cérébelleux sont réséquées par chirurgie de la base du crâne; la perte auditive causée par la tumeur ne peut toutefois être rétablie58.
Considérations pour les médecins. Les patients ayant une perte auditive signalent une relation médecinpatient moins solide et des expériences moins satisfaisantes dans les soins de santé59. Certaines stratégies, y compris le fait de s’exprimer clairement et de réduire le bruit ambiant dans les cliniques, pourraient rehausser la satisfaction des patients60. Aussi, les incapacités des tiers associées à la perte auditive, comme les problèmes de communication, l’altération du mode de vie et le stress émotionnel, se répercutent sur le bien-être familial61. Les médecins de famille sont bien placés pour régler ces problèmes à l’aide d’approches axées sur la famille61.
Résolution du cas
Étant donné l’âge et la profession de Mme E., l’évolution graduelle de sa perte auditive et l’absence d’autres symptômes, la cause la plus probable de la perte auditive est liée au vieillissement. L’examen otoscopique ne révèle aucun signe d’inflammation, de cérumen ou de lésions. Les tests du diapason pointent vers une perte auditive neurosensorielle symétrique. L’examen neurologique ne révèle rien de particulier. L’audiométrie révèle une perte auditive neurosensorielle symétrique bilatérale de légère à modérée avec d’excellents scores de discrimination. L’anamnèse, l’examen physique et le test d’audiométrie évoquent un diagnostic de presbyacousie.
Mme E. décide de rencontrer l’audiologiste et d’essayer les appareils auditifs. Après plusieurs ajustements, le volume de la télévision a baissé. Mme E. retourne à la clinique après 3 mois. Son audition subjective s’est substantiellement améliorée à l’emploi des appareils auditifs. Elle ne pense plus à la retraite et elle participe maintenant aux activités de réseautage lors des conférences scientifiques.
Conclusion
La perte auditive est l’une des déficiences sensorielles les plus fréquentes et elle se répercute de façon considérable sur le bien-être des patients. Le diagnostic différentiel est vaste. L’anamnèse et l’examen physique dirigé guident le diagnostic. Le test d’audiométrie fournit des renseignements essentiels et oriente la prise en charge future. Les médecins de famille sont bien placés pour gérer les préoccupations psychologiques associées à la perte auditive. Il faut porter une attention spéciale aux signes alarmants qui soulignent le besoin d’aiguiller le patient d’urgence. Une recommandation en oto-rhino-laryngologie et chirurgie cervico-faciale est justifiée chez de nombreux patients.
Notes
Points de repère du rédacteur
▸ La perte auditive désigne la perte complète ou partielle de la capacité d’entendre. Au Canada, quelque 20 % des personnes de 20 à 79 ans présentent une perte auditive mesurée par audiométrie; la prévalence s’accroît avec l’âge et frôle les 65 % chez les personnes de 70 à 79 ans.
▸ Le diagnostic différentiel est vaste. L’anamnèse et l’examen physique dirigé guident le diagnostic. Le test d’audiométrie fournit des renseignements essentiels et oriente la prise en charge future. Il faut porter une attention spéciale aux signes alarmants qui soulignent le besoin d’aiguiller le patient d’urgence. Une recommandation en oto-rhino-laryngologie et chirurgie cervico-faciale est justifiée chez de nombreux patients.
▸ Du piètre rendement scolaire chez les enfants au risque de chute et au déclin cognitif chez les personnes âgées, la perte auditive a un effet profond sur le bien-être du patient. Chez les personnes d’âge moyen, la perte auditive limite les activités sociales et est à l’origine d’un dérèglement émotionnel.
Footnotes
Collaborateurs
Tous les auteurs ont contribué à l’examen de la littérature et à la préparation du manuscrit, ainsi qu’à l’approbation de la version finale.
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
Cet article donne droit à des crédits d’autoapprentissage certifiés Mainpro+. Pour obtenir des crédits, rendez-vous à www.cfp.ca et cliquez sur le lien vers Mainpro.
Cet article a fait l’objet d’une révision par des pairs. Can Fam Physician 2020;66:e279-86
The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the November 2020 issue on page 803.
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