Former des apprenants dans vos premières années de pratique
Pour les médecins en début de carrière, il peut sembler intimidant de superviser des apprenants. En tant que « nouveau » médecin qui vient de commencer à recevoir des étudiants de médecine dans ma clinique, j’ai eu la chance de réfléchir aux raisons qui semblent justifier l’accueil d’apprenants et comment être un enseignant plus efficace pour ces apprenants.
Voici quelques raisons qui expliquent pourquoi vous devriez prendre des apprenants médicaux, si vous ne le faites pas déjà.
- Cela vous aide à rester à jour et à enrichir vos connaissances.Je ne compte plus les fois où un étudiant m’a posé une question et je me suis rendu compte que je ne connaissais pas la réponse ou que je l’avais oubliée ! C’est génial ! Ça me permet de m’asseoir avec l’apprenant et de trouver la réponse, ou d’utiliser la formule classique : « C’est une excellente question ! Fais une petite recherche sur le sujet et nous pourrons en reparler la prochaine fois que vous serez à la clinique ! » Les questions des apprenants peuvent souvent mettre en lumière les lacunes dans vos connaissances, ce qui vous permettra de vous améliorer en tant que médecin.
- C’est une responsabilité professionnelle. Dans le Code d’éthique de l’Association médicale canadienne, enseigner et contribuer au développement de la profession sont présentés comme une responsabilité fondamentale. Nous sommes tous rendus où nous sommes grâce au temps qui nous a été accordé par nos superviseurs et enseignants. Il est donc important de poursuivre cette tradition pour nos collègues à venir.
- Vous obtenez des crédits Mainpro+. Saviez-vous que le temps que vous passez à enseigner peut donner droit à des crédits de DPC ? Chaque heure d’enseignement ciblé compte pour un crédit d’autoapprentissage non certifié, et si vous complétez un exercice Relier l’apprentissage à l’enseignement, vous aurez droit à 5 crédits certifiés ! Plus d’information ici.
- Mentorat. C’est une raison importante pour laquelle vous devriez considérer l’enseignement maintenant et non après avoir acquis plusieurs années d’expérience de pratique. Comme vous êtes moins éloigné de l’étape à laquelle ils se trouvent dans leur cheminement, vous avez beaucoup à offrir aux apprenants en médecine en matière de mentorat. Vous vous souvenez sans doute de ce que c’est qu’être étudiant, de la pression pendant la résidence, et de la confusion lors de la transition vers la pratique. La médecine peut être apprise, et, à de nombreux égards, elle est l’un des aspects les plus faciles de devenir médecin. Le sentiment d’insuffisance professionnelle (c.-à-d. le syndrome de l’imposteur), l’équilibre entre le travail et les obligations personnelles, le côté affaires de la médecine… tout cela n’est pas enseigné de façon explicite, et le simple fait d’être quelqu’un qui peut comprendre ce que vit l’apprenant fait en sorte que vous êtes un outil d’apprentissage d’une très grande valeur pour les étudiants et les résidents qui travaillent avec vous.
Vous vous dites peut-être : « OK, OK, je comprends pourquoi je devrais enseigner, mais je commence à peine ma pratique ! Je suis encore en train d’apprendre à gérer mon temps et mes journées ! J’ai l’impression que je n’offrirai pas une très bonne expérience aux apprenants qui viendront dans ma clinique. »
Si ces réflexions vous ont traversé l’esprit, vous n’êtes pas seuls. Voici quelques conseils pratiques et suggestions que j’ai trouvés utiles pour améliorer l’expérience des apprenants dans les cliniques.
- Établissez un objectif d’apprentissage quotidien. Au début de chaque journée, quand l’apprenant est avec vous, demandez-lui d’établir un objectif d’apprentissage. Cela peut être de voir un certain type de cas, d’effectuer un certain examen physique ou de travailler sur des présentations de cas, entre autres. Le fait de connaître leur objectif à l’avance peut vous aider à faciliter les expériences qui permettront à l’apprenant d’atteindre cet objectif. Cela aide aussi à cibler les apprentissages, ce qui peut être utile lors des journées achalandées à la clinique. Il y a tellement de moments d’enseignement qui se présentent dans le courant d’une journée en médecine familiale, mais la réalité est telle que parfois, nous ne pouvons pas profiter de tous ces moments d’apprentissage, au risque de prendre beaucoup de retards dans les rendez-vous ! En établissant certains objectifs, vous pouvez tirer profit des occasions d’apprentissage qui sont liées aux objectifs fixés pour la journée. Ceci peut aussi vous faire sentir que vous avez accompli quelque chose avec votre apprenant pendant la séance.
- Planifiez. Selon le niveau de l’apprenant, un rendez-vous de 15 minutes peut ne pas être assez long pour leur permettre de passer du temps avec un patient. Comme je déteste prendre du retard dans ma clinique, j’ai commencé à consulter mon horaire de quelques jours à une semaine à l’avance, et à communiquer avec certains patients pour voir s’ils seraient d’accord de passer un peu plus de temps avec un apprenant cette journée-là. Non seulement cela me permet de rallonger le rendez-vous de ce patient (ce qui m’aide à ne pas prendre de retard), mais cela me permet aussi de choisir des patients qui pourraient constituer des cas intéressants ou des résultats d’examen qui présenteraient des situations d’apprentissage pour l’apprenant. Cela fait aussi en sorte que le patient sera préparé à passer plus de temps à la clinique ; généralement, un patient est content d’avoir été choisi pour participer à une situation d’apprentissage !
- Demandez de la rétroaction sur votre enseignement. Enseigner est une compétence et recevoir de la rétroaction vous permet de l’améliorer ! Il y a de bonnes chances que vos apprenants aient reçu de l’enseignement de la part de divers superviseurs dans le passé, alors demandez-leur ce qui a bien fonctionné avec d’autres superviseurs, ou ce que vous pourriez faire différemment pour les aider à profiter au maximum de leur expérience. Ceci améliorera grandement l’expérience de l’apprenant et fera de vous un meilleur enseignant à long terme. Il est vrai qu’il peut être un peu difficile parfois de recevoir une rétroaction constructive de la part des apprenants (comme ils se sentent souvent mal à l’aise de le faire étant donné que vous êtes responsables de leurs évaluations !), mais le fait de le présenter plutôt comme suit, par exemple « Y avait-il quelque chose qui a vraiment bien fonctionné pour vous quand vous travailliez avec Dr X ? », serait une façon plus informelle de demander de la rétroaction sur votre enseignement.
J’ai hâte aux journées où j’ai des apprenants avec moi, parce que je trouve que l’enseignement est vraiment un aspect enrichissant de la médecine ! Les apprenants sont enthousiastes, et cela nourrit mon enthousiasme ! J’espère que vous aurez pu tirer quelque chose de ce billet, que vous pourrez le mettre en application dans votre enseignement, et que cela vous a motivé à prendre un étudiant ou un résident plus tôt dans votre carrière !
Bon enseignement.