Le Dr Upshur et M. Tracy admettent que la pratique de la médecine doit être fondée sur des bases scientifiques solides1. Toutefois, ils font valoir que l’on surestime la médecine fondée sur des données probantes (MFDP) en raison d’une définition vague et incomplète, d’incompatibilité avec les réalités de la médecine familiale, d’omniprésence et de surexposition comme « marque de commerce » et de non-conformité avec ses propres standards. Ces arguments reflètent leur incompréhension de ce qu’est réellement la MFDP2–4.
La définition de la MFDP est pourtant claire2–5. La pratique de la MFDP vise à prendre des décisions cliniques de haute qualité en tenant compte à la fois des meilleures données scientifiques disponibles, de l’expertise du clinicien ainsi que du contexte de soins et des valeurs particulières du patient.
Dr Upshur et M. Tracy suggèrent que la structure proposée de la MFDP (les « étapes »)6 n’est pas pertinente pour la médecine familiale. Pensons à la structure rigide que les externes suivent au moment de faire leurs premières histoires de cas. Bien sûr, avec l’expertise et l’expérience acquises, les cliniciens adaptent l’anamnèse aux besoins, situations cliniques et contextes uniques de chaque patient. Ainsi la MFDP fournit un cadre des éléments clés à prendre en compte lors de la prise de décisions avec les patients. Pas un livre de recettes …
Le manque de données issues de la recherche médicale pour de nombreux problèmes de santé et populations spécifiques vus en médecine familiale n’est pas un obstacle à la pratique de la MFDP. Au contraire, le praticien de la MFDP est en mesure, en toute connaissance de cause, de partager cette information avec le patient et, ensemble, ils peuvent prendre des décisions fondées sur d’autres bases, pleinement conscients des connaissances disponibles. Le praticien de la MFDP comprend en outre que les résultats des études sont des estimations pour un patient moyen et que ces résultats doivent être interprétés et appliqués en tant que tels. Il sait également que les « preuves scientifiques » sont en constante évolution.
Tout comme nous, Dr Upshur et M. Tracy ont décrit et condamné l’utilisation inappropriée du vocable MFDP à des fins mercantiles. Une meilleure formation des médecins de famille à la pratique de la MFDP améliorait leur compréhension de ce qu’est réellement la MFDP, les aiderait à agir en tant que consommateurs avertis des résultats de recherche et à démasquer les individus ou les organisations qui exploitent le terme pour en tirer profit.
La MFDP n’est pas une « intervention », mais un cadre intégrant les éléments clés de la pratique optimale en médecine: l’utilisation judicieuse des meilleures données scientifiques disponibles, les soins centrés sur le patient et la prise de décision partagée.
Footnotes
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Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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Ces réfutations sont les réponses des auteurs des débats dans le numéro de novembre (Can Fam Physician 2013;59:1160–3 [ang], 1164–7 [fr]).
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Références
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