Question clinique
Les antidépresseurs améliorent-ils les symptômes du syndrome du côlon irritable (SCI)?
Résultats
Les antidépresseurs tricycliques (ADT) et les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) pourraient améliorer globalement les symptômes du SCI. Environ 55 % des patients traités avec des ADT ou des ISRS verront une amélioration par rapport à environ 35 % avec un placebo. Seuls les ADT ont soulagé la douleur abdominale chez près de 60 % des patients en comparaison d’environ 30 % chez ceux prenant un placebo. Les études portant sur les ADT ont signalé plus d’effets secondaires (étourdissements et sécheresse buccale) que les études sur les ISRS.
Données probantes
La plus récente revue systématique incluait 18 ERC portant sur 1127 patients adultes (de 42 à 100 % de femmes); le sous-type d’ADT n’était habituellement pas précisé. Les résultats tels que rapportés par les patients étaient présentés, lorsqu’ils étaient disponibles1.
- Douze ERC sur les ADT (787 patients) étudiaient l’amitriptyline, l’imipramine, la désipramine, la trimipramine, la doxépine et la nortriptyline contre un placebo sur une période de 6 à 12 semaines.
— Une amélioration globale des symptômes du SCI était présente chez 57 % des sujets par rapport à 36 % avec le placebo (nombre de sujets à traiter [NST] de 5).
— Le soulagement de la douleur abdominale se situait à 59 % avec un ADT en comparaison de 28 % avec un placebo (NST = 4).
— Des effets secondaires (principalement des étourdissements et la sécheresse buccale) étaient rapportés dans 36 % des cas avec un ADT contre 20 % avec un placebo (nombre nécessaire pour nuire de 7).
- Sept ERC sur les ISRS (356 patients) s’intéressaient à la fluoxétine, à la paroxétine et au citalopram sur une période de 6 à 12 semaines.
— L’amélioration globale des symptômes du SCI s’élevait à 55 % pour les ISRS contre 33 % pour le placebo (NST = 5).
— Le soulagement de la douleur abdominale était de 45 % pour les ISRS et de 26 % pour le placebo (aucune différence statistique).
— Les effets secondaires se situaient à 37 % pour les ISRS contre 27 % pour le placebo (aucune différence statistique).
- Les données probantes étaient limitées en raison de la petite taille des échantillons, de la courte durée des études et d’un biais probable dans la publication. Les effets indésirables n’étaient pas signalés dans toutes les études.
Les revues systématiques plus anciennes démontrent des résultats semblables2,3.
Contexte
Jusqu’à 5 millions d’adultes canadiens pourraient avoir des symptômes compatibles avec ceux du SCI4.
Les lignes directrices canadiennes recommandent des ADT ou des ISRS, que les patients souffrent ou non de dépression ou d’anxiété5.
Les données en faveur des antidépresseurs semblent plus probantes que celles portant sur les antispasmodiques6, les fibres4, un régime faible en FODMAP7 ou les probiotiques4.
Le recours à des traitements plus récents est limité par leurs coûts (le linaclotide coûte 560 $ pour 90 jours8 et la rifaximine 330 $ pour14 jours9) et par le manque de données sur leur innocuité à long terme10.
Mise en pratique
Le dosage de la concentration de calprotectine fécale pourrait aider à faire la distinction entre une maladie inflammatoire de l’intestin et le SCI11; il semble rentable à un seuil de 100 µg/g12.
Le choix de l’antidépresseur et du dosage peut se fonder sur les effets secondaires possibles. Il y a lieu d’envisager les ADT pour un SCI à prédominance diarrhéique, à prendre le soir (étant donné ses effets constipants et sédatifs). Pour le SCI où la constipation est prédominante, on peut envisager un ISRS à prendre le jour. Les doses variaient selon les études; il semble raisonnable de commencer par une faible dose et de l’augmenter lentement selon la réponse.
Notes
Les articles d’Outils pour la pratique dans Le Médecin de famille canadien sont une adaptation d’articles publiés dans le site web du Collège des médecins de famille de l’Alberta (CMFA) qui résument les données médicales probantes en insistant sur des questions particulières et des renseignements susceptibles de modifier la pratique. Les résumés du CMFA et la série dans Le Médecin de famille canadien sont coordonnés par le Dr G. Michael Allan, et les résumés sont rédigés conjointement par au moins 1 médecin de famille en pratique active et font l’objet d’une révision par des pairs. Vous êtes invités à faire part de vos commentaires à toolsforpractice{at}cfpc.ca. Les articles archivés sont accessibles sur le site web du CMFA : www.acfp.ca.
Footnotes
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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Références
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